EDITORIAL – Distribution des journaux : tous perdants !
Le facteur qui dépose le journal dans votre boîte aux lettres le matin sera bientôt terminé. La grosse erreur du gouvernement sur l’avenir de la distribution de la presse risque de causer de gros dégâts : aux travailleurs et à la rentabilité de Bpost, à la pluralité de la presse en Belgique, mais aussi à la qualité du débat démocratique.
Éditeur en chef
Publié le 12/12/2023 à 21h45
Ceux qui pensaient que ce gouvernement ne serait plus en mesure de finaliser des accords avant les élections se trompaient. La majorité Vivaldi a finalement réussi… à complètement bousiller la question de la distribution de la presse par Bpost. Dans un sommet de football paniqué, le Kern a adopté un texte qui ressemble à une créature sans queue ni tête, une sorte de parapluie troué pour se protéger d’éventuels recours au Conseil d’Etat. Mais cette « solution » DIY risque de faire de nombreux dégâts sur le terrain, à commencer par la baisse probable du chiffre d’affaires, de l’emploi et des dividendes de Bpost, qui sera contrainte à une restructuration.
Pour le secteur de la presse, engagé dans une transformation générationnelle et numérique de son modèle, la décision tombe à un très mauvais moment. Trop tôt pour assurer la transition nécessaire entre les lecteurs des journaux « papier » et ceux qui optent pour les contenus numériques. Quelle copie bâclée : donner un délai de 6 mois aux éditeurs pour réorganiser la distribution quotidienne de 600 000 journaux chaque matin avant 7h30 est une pure inconscience, doublée d’une ignorance totale des grandes règles de logistique.
Car si l’on peut toujours débattre de l’opportunité de subventions pour une presse indépendante – en fait, il apparaît aujourd’hui que cette aide n’était qu’une subvention à Bpost – cette décision est aussi une aberration d’un point de vue démocratique. A l’heure où les fake news pullulent sur les réseaux sociaux, en pleine émergence de l’intelligence artificielle, dans des sociétés déjà corrompues par le populisme et l’extrémisme, affaiblir la presse de qualité est une erreur historique, un potentiel boomerang qui pourrait se retourner contre le monde politique et notre démocratie. modèle.
