Les armes imprimées en 3D suscitent l’inquiétude des experts en sécurité – rts.ch

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Ils ressemblent à des jouets, mais ils tuent. Les armes imprimées en 3D, fabriquées à partir de couches successives de polymères, préoccupent de plus en plus les équipes de police et de recherche. Pour la première fois, un vaste réseau a été démantelé au niveau européen.

Autrefois théorique, le problème des armes imprimées en 3D est désormais tangible. Fin janvier 2024, quatorze personnes soupçonnées d’appartenir à un vaste réseau autour de ces armes artisanales ont été arrêtées en France et en Belgique.

Hervé Petry, chef de l’unité « cyber » de la gendarmerie nationale française, qui a dirigé l’enquête, a souligné l’importance de cette étape clé dans l’évolution du trafic d’armes : « Ce qu’il faut comprendre dans ce dossier, (…) c’est qu’il marque une étape dans l’ubérisation du trafic d’armes.

Nous sommes passés d’armes à coup unique, peu fiables et susceptibles d’exploser entre les mains de leurs utilisateurs, à des armes beaucoup plus sophistiquées.

Nicolas Florquin, chercheur au Small Arms Survey à Genève

Parmi les armes saisies figurent des armes hybrides, dont des FGC9 semi-automatiques. Ces armes sont principalement constituées de pièces en polymère, auxquelles s’ajoutent des composants disponibles dans les magasins de bricolage, comme des tubes en acier.

Une accessibilité de plus en plus facile

Nicolas Florquin, chercheur au Small Arms Survey basé à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, a expliqué cette semaine sur l’émission Tout un monde de la RTS l’ampleur de l’évolution de cette technologie au cours de la dernière décennie : « Nous sont passés d’armes à coup unique, peu fiables et susceptibles d’exploser entre les mains de leurs utilisateurs, à des armes beaucoup plus sophistiquées qui se rechargent automatiquement.

L’expert ajoute également que leur accessibilité devient de plus en plus facile, en grande partie grâce à la disponibilité et à la démocratisation des imprimantes 3D.

Un phénomène encore difficile à quantifier

Selon les spécialistes, l’ampleur du phénomène est difficile à quantifier, faute de statistiques. Cependant, les chiffres de la police et des médias apportent un certain éclairage sur la situation. Une étude publié en mars par des chercheurs suisses a recensé environ 180 cas dans le monde au cours des dix dernières années.

En fin de compte, les criminels pourraient produire leurs propres armes, évitant ainsi d’être exposés en cherchant à acquérir des armes sur le marché criminel local.

Nicolas Florquin, chercheur au Small Arms Survey à Genève

La plupart de ces cas sont apparus lors de saisies ou de perquisitions liées notamment au trafic de drogue. Les incidents où ces armes ont été utilisées pour commettre des meurtres sont rares, mais en augmentation, observe Oliver Delémont, co-auteur de l’étude et professeur de sciences médico-légales à la Faculté des sciences criminelles de l’Université de Lausanne : « Nous en sommes à deux ou trois trois pour le moment.

Dangers et peurs

Selon Nicolas Florquin, l’introuvable de ces armes par des techniques traditionnelles, notamment en raison de l’absence de numéro de série, est particulièrement préoccupante.

« À terme, les criminels pourraient produire eux-mêmes leurs armes, évitant ainsi d’être exposés en cherchant à acquérir des armes sur le marché criminel local. Cela représente un défi majeur pour les forces de police et de renseignement qui doivent adapter leurs stratégies pour détecter ce type d’acquisition d’armes illicites », ajoute le chercheur.

L’usage de ces armes spécifiques bouleverse les méthodes habituelles de la police scientifique. En effet, lorsque des armes à feu traditionnelles sont utilisées, ils ont su développer des techniques pour extraire des informations précieuses, comme la trajectoire par exemple. Mais avec ces armes particulières, ce savoir-faire est remis en question.

Décrypter les indices de ces armes

“Actuellement, nous travaillons sur des morceaux de polymère pour essayer de savoir comment obtenir des informations permettant d’identifier l’imprimeur et idéalement de remonter jusqu’à lui, ou jusqu’au lieu de fabrication de ces armes”, explique Olivier Delémont.

Il faut fabriquer des armes, ce qui est interdit par la loi

Oliver Delémont, professeur de sciences médico-légales à l’Université de Lausanne

L’École des sciences criminelles de Lausanne est déjà en mesure de fournir une quantité substantielle d’informations sur la technologie utilisée pour la fabrication d’une arme imprimée en 3D et de décrire brièvement “les spécifications du système d’impression utilisé”, révèle-t-il.

Une recherche unique en Suisse

Pour mener à bien ces recherches, la production d’armes 3D est indispensable. A cet égard, le contexte suisse s’avère particulièrement intéressant, explique Olivier Delémont : « La confiance de la police cantonale est nécessaire, (…) car nous devons fabriquer des armes, ce qui est interdit par la loi. Nous sommes pratiquement les seuls au monde à disposer de ce type d’autorisation de la part des autorités policières ». Dans de nombreux pays, cela est tout simplement impossible. Donc, pour travailler sur ce sujet, il faut enfreindre la loi.

L’attention croissante des chercheurs et des forces de l’ordre indique une préoccupation croissante concernant les armes imprimées en 3D. Europol, l’agence européenne de police criminelle, a également mis en place plusieurs groupes de travail pour se pencher sur la question.

>> Revoir l’enquête de 19h30 en 2019 sur l’impression 3D d’armes en Suisse :

Les armes imprimées en 3D sont interdites en Suisse. Mais il est facile de les réaliser. Enquête exclusive. / 19h30 / 4 min. / 7 avril 2019

Sujet radio : Pauline Rappaz

Adaptation web : Miroslav Mares

 
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