Le Soudan déchiré par un an de guerre

>>
Dans un quartier dévasté de Khartoum, quelques jours après le début de la guerre soudanaise, le 25 avril 2023. MARWAN ALI / AP

Le Soudan s’effondre, dans une relative indifférence. Villages incendiés, villes bombardées, cadavres pourrissant dans les rues sans sépulture, viols massifs, civils et enfants enrôlés de force : douze mois de guerre ont implosé une nation de 44 millions d’habitants.

Il était vers 8h30 ce matin du samedi 15 avril 2023, lorsque les premiers échanges de tirs ont déchiré Khartoum. Des cohortes de paramilitaires montés à bord de véhicules lourdement armés ont pris d’assaut l’aéroport, le palais présidentiel et l’état-major de l’armée, au cœur de la capitale soudanaise. Cette offensive éclair au sol fut répondue, depuis les airs, par des bombardements d’avions de chasse de l’armée régulière.

En quelques heures, le conflit entre les Forces armées soudanaises (FAS) dirigées par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », s’étend à tout le pays. Un an plus tard, les combats ne se sont pas arrêtés.

Grave crise humanitaire

Au bord de la famine, le Soudan est désormais confronté à la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU. Pour y faire face, une conférence internationale en faveur du Soudan et des pays voisins devait avoir lieu lundi 15 avril à Paris, co-organisée avec l’Allemagne et l’Union européenne. Au grand désarroi du ministère soudanais des Affaires étrangères qui a regretté, vendredi, dans un communiqué, qu’elle puisse avoir lieu « sans coordination ni consultation avec son gouvernement ». Aucune des parties en conflit n’a été invitée.

Lire aussi | Au Soudan, l’ONU a besoin de 4,1 milliards de dollars pour l’aide humanitaire en 2024

Ajouter à vos sélections

Au total, près de 8 millions de Soudanais ont été contraints de fuir les combats. Parmi eux, plus de 1,6 million de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins. Si le seul rapport disponible, établi par l’ONG The Armed Conflict Location & Event Data Project, évoque 15 000 morts, les chiffres seraient en réalité trois fois plus élevés. Rien que dans la ville d’Al-Geneina, au Darfour, entre 10 000 et 15 000 décès ont été enregistrés, selon l’ONU. Sans compter les milliers de disparus, les pertes militaires et les nombreux décès liés à la faim, à la maladie et au manque d’accès aux soins qui n’ont pas été comptabilisés.

>>

Les forces de sécurité soudanaises patrouillent dans un quartier commercial de la ville de Gedaref, dans l'est du Soudan, le 3 avril 2024.

Les forces de sécurité soudanaises patrouillent dans un quartier commercial de la ville de Gedaref, dans l’est du Soudan, le 3 avril 2024. EBRAHIM HAMID / AFP

Les tensions entre les deux armées couvaient depuis de nombreux mois, mais l’ampleur de l’explosion était surprenante. Depuis 2019 et la chute du régime militaire et islamiste du président Omar el-Béchir, les deux généraux désormais opposés sont alliés – ils ont renversé ensemble le gouvernement civil de transition fin octobre 2021 – tout en entretenant une concurrence latente pour le pouvoir.

Il vous reste 75,6% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Au Liban, la guerre secrète d’Israël porte un coup dur au Hezbollah