Ingérence étrangère : Justin Trudeau privilégie les briefings oraux aux mémos

« La seule façon de m’assurer d’être informé d’un [sujet] priorité, c’est pas en me glissant un mot […] mais il s’agit d’avoir un moment d’information direct avec mon conseiller en sécurité nationale et en renseignement. »

C’est ainsi qu’a répondu le premier ministre Justin Trudeau, interrogé sur la manière dont il reçoit des informations sensibles, lors de son témoignage mercredi devant la commission d’enquête publique qui examine les allégations d’ingérence étrangère lors des deux dernières élections fédérales.

Le premier ministre a toujours soutenu que les élections de 2019 et 2021 n’avaient pas été compromises par des tentatives d’ingérence étrangère menées principalement par la Chine et la Russie mais aussi par l’Inde et le Pakistan, comme l’indiquent des documents sommaires révélés par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Mardi, plusieurs proches de Justin Trudeau, dont sa chef de cabinet, Katie Telford, ont témoigné devant la commission présidée par la juge Marie-Josée Hogue.

La juge Marie-Josée Hogue préside l’Enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédérales.

Photo : La Presse Canadienne / Adrian Wyld

La question des ingérences étrangères a surtout fait la une des journaux avec la publication d’une série d’articles du réseau Global et du quotidien Le Globe and Mail à partir de novembre 2022.

Dans ces rapports, des sources suggéraient que le gouvernement de Justin Trudeau avait fait preuve d’inaction malgré les conseils qu’il avait reçus du gouvernement. SCRS.

Selon les informations révélées lors des auditions publiques de la commission, il y a eu 34 réunions sur cette question entre des responsables du SCRS et de hauts responsables du gouvernement entre juin 2018 et décembre 2022. Mme Telford a toutefois assuré que le Premier ministre n’avait pas été informé des tentatives d’ingérence étrangère avant les fuites dans les médias.

En avril 2023, Mme Telford affirmait néanmoins devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre que lit tout, et rien ne lui est caché », « texte » : « le Premier ministre reçoit régulièrement des briefings, lit tout, et rien ne lui est caché »}} »>le Premier ministre reçoit régulièrement des briefings, lit tout et rien ne lui est caché.

Je ne veux pas donner l’impression aux gens que nous ne prenons pas au sérieux les séances d’information du renseignement. Mais quand vient le temps d’agir, cela se fait par le biais de conversations sécurisées au cours desquelles nous recevons des informations et avons la possibilité de poser des questions.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Lundi, une note d’information de SCRS adressée au bureau du Premier ministre indiquait que les services de renseignement savaient que la Chine était intervenu de manière clandestine et trompeuse lors des deux dernières élections fédérales.

Cependant, plus tôt lundi, de hauts responsables gouvernementaux qui surveillaient les menaces d’ingérence dans les élections de 2021 et 2019 ont déclaré que leurs renseignements n’atteignaient pas le seuil élevé requis pour alerter les Canadiens.

Le cas de Han Dong

Lors de son témoignage mercredi, M. Trudeau a déclaré avoir été informé que le SCRS soupçonnait la Chine d’avoir tenté d’influencer la course à l’investiture de son candidat Han Dong dans la circonscription de Don Valley-Nord mais avait décidé de ne pas le disqualifier faute de informations crédibles.

En tant que chef du Parti libéral, j’ai dû à plusieurs reprises demander à certaines personnes de ne plus se présenter comme candidats, mais dans ce cas-ci, je n’ai pas estimé qu’il existait une information suffisamment crédible pour justifier l’importante décision de le disqualifier.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Plus tard, en réponse à une question complémentaire du commissaire Hogue, il a indiqué qu’un suivi avait été effectué après les élections. Des contrôles assez approfondis ont été effectués et je suis sûril a dit. Les suivis, pour moi, se situaient au niveau de l’éventuelle implication des autorités chinoises ici au Canada qui se seraient intéressées à tel ou tel candidat.

M. Dong a quitté le caucus libéral à la suite d’informations du Global affirmant qu’il avait volontairement participé à l’ingérence chinoise et qu’il avait remporté son siège à Toronto avec l’aide de Pékin lors des élections générales de 2019.

M. Dong, qui siège désormais en tant que député indépendant aux Communes, nie ces allégations et a intenté une action en justice contre Global et sa société mère, Corus Entertainment.

Trudeau juge les fuites profondément inquiétant

Le Premier ministre a également exprimé sa frustration face aux fuites médiatiques, affirmant qu’il est difficile à confirmer ou à contredire allégations sans nuire au travail des services de renseignement canadiens.

La raison pour laquelle ces fuites sont profondément préoccupantes est que nous ne pouvons pas réellement confirmer [des informations] sans compromettre le travail de nos agents et de nos sources de sécuritéil a dit.

Si nous confirmons ou contredisons certaines informations, nous risquons de révéler nos méthodes à nos adversaires et les outils que nous utilisons pour détecter leurs activités illicites visant à nuire aux Canadiens.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

M. Trudeau a également déclaré que le Canada doit faire davantage pour lutter contre l’ingérence étrangère tout en assurant que son parti a mis en place plusieurs mécanismes pour détecter et contrer les tentatives d’interférence.

Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir en 2015, il existait très peu de mécanismes, voire aucun, pour contrer l’ingérence étrangère.a assuré M. Trudeau. Ce n’était pas [une] une question que le gouvernement précédent, ou aucun autre gouvernement, n’avait abordée.

Il y a toujours plus à faire et j’attends avec impatience les recommandations de cette commission pour voir comment nous pouvons renforcer davantage la protection de nos institutions et de notre démocratie.» a encore dit le Premier ministre.

Cependant, il a reconnu que le monde a beaucoup évolué ces dernières années, notamment en matière de cybersécurité. ans.”, “texte”: “La Russie est devenue extrêmement problématique, bien plus qu’il y a 10 ans.”}}”>La Russie est devenue extrêmement problématique, bien plus qu’il y a dix ans.

D’autres témoignages attendus

Outre M. Trudeau, plusieurs ministres ont témoigné devant la commission mercredi.

La journée a débuté avec la leader du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould, actuellement en congé de maternité. En tant qu’ancienne ministre des Institutions démocratiques, elle avait pour mandat de mettre fin à l’ingérence étrangère dans les élections.

Dans son témoignage, Mme Gould a minimisé l’impact de l’ingérence étrangère sur les deux dernières élections, affirmant qu’il s’agissait davantage d’une question de tentatives d’interférence.

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Karina Gould, leader du gouvernement à la Chambre des communes

Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick

Il y a toujours eu des tentatives d’ingérence étrangère dans toutes les élections, que ce soit au Canada ou dans tout autre pays démocratique du monde, probablement depuis l’époque de la Grèce antique. Ces tentatives ont-elles été couronnées de succès ou non ? C’est une autre histoire.

Une citation de Karina Gould, leader du gouvernement à la Chambre des communes

Le ministre de la Défense nationale, Bill Blair, a pour sa part affirmé que les informations fournies par les services de sécurité ne sont pas nécessairement des vérités. Il ne s’agit que d’informations et doivent être évaluées dans un contexte plus large pour déterminer les décisions à prendre.a-t-il déclaré lors de son témoignage.

Il a également affirmé que la Russie avait mené plusieurs campagnes de désinformation au Canada et ailleurs dans le monde, mais il a indiqué que ces les efforts ne visaient pas spécifiquement nos élections. Ils ont cherché à influencer l’opinion publique, mais pas le résultat de nos élections de 2019 et 2021.

Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a également témoigné mercredi.

Les auditions de mercredi devaient initialement être les dernières de cette phase, mais le commissaire Hogue a accepté de rappeler le directeur de SCRSDavid Vigneault, pour répondre à des questions supplémentaires sur certains documents.

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David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (Photo d’archive)

Photo : La Presse Canadienne / Justin Tang

Un premier rapport sur les conclusions de la commission est attendu le 3 mai. La juge Hogue concentrera ensuite son enquête sur des questions politiques plus larges en examinant la capacité du gouvernement fédéral à détecter, dissuader et contrer l’ingérence étrangère. Un rapport final est attendu d’ici la fin de l’année.

Le gouvernement Trudeau a accepté de tenir cette enquête au début de l’été après plusieurs mois de pressions de l’opposition et la démission du rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère, David Johnston.

Nommé par le premier ministre Justin Trudeau, M. Johnston a estimé qu’il n’y avait aucune raison de lancer une enquête publique sur l’ingérence étrangère, notamment en raison de la sensibilité des informations concernées. Il a démissionné en juin dernier, peu après un vote de la majorité des députés de la Chambre, qui réclamaient son départ.

Avec les informations de La Presse Canadienne

 
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