A la Comédie de Genève, le chanteur français Dominique A a parcouru trente ans de son répertoire avec l’Orchestre de Chambre de Genève (OCG). Ces quarante musiciens classiques ont offert de nouvelles couleurs à ses chansons durant trois soirées. Un format renouvelé le 13 juin au Théâtre du Jorat.
Il avait déjà eu les honneurs de la Philharmonie de Paris pour revisiter son répertoire en mode acoustique et électrique il y a six ans, mais sans grand orchestre. A l’invitation de la Comédie de Genève cette semaine, Dominique A a enfin pu bénéficier cette fois d’une quarantaine de musiciens constituant l’Orchestre de Chambre de Genève (OCG) dirigé par Raphaël Merlin.
Jeudi, pour le dernier concert genevois avant une représentation au Théâtre du Jorat le 13 juin, le chanteur accompagné de Julien Noël au piano et de Célesta s’est immergé dans une quinzaine de chansons de son répertoire trentenaire. Sous la direction musicale de Yann Arnaud et avec les arrangements de David Euverte, qui avait déjà monté les sessions de cordes pour son dernier album « The Real World », les airs pop de Dominique A tentent de prendre leur aisance symphonique.
Canaux musicaux moyens
Cette quête de nouveaux horizons et de nouvelles teintes à travers les cordes, les bois, les vents et les percussions s’effectue également à travers des jeux de lumières vives ou plus tamisées. De “Under the Snow” commencé sous des vagues de cordes à l’épilogue apaisant de “Comme l’Enk” en passant par les deux autres rappels formés du fluide “Goodbye My Love” et du plus âpre style boléro “Le Courage des Oiseaux”, Dominique A semble chercher des voies musicales médianes et la bonne place pour sa voix et ses gestes saccadés habituels au cœur d’une instrumentation luxuriante.
Comme si le rénovateur de la routine couplet-refrain avait plutôt opté pour un entre-deux artistique où il ne dénaturerait pas radicalement son répertoire. Entre le marteau de la simplicité musicale, qui souligne plus qu’il ne faut les carrefours, et l’enclume d’une expérimentation plus dissonante, les chansons de Dominique A peinent ici à choisir.
Hits déformés et mélodies plus douces
Les succès déformés et plus surprenants de « Cap Farvel », « Vers le bleu », « Le Twenty-Two Bar », « Le commerce de l’eau », « Rue des Marais » et « Comment vivent certains gens » alternent ainsi avec des titres aux airs plus doux, conventionnels et décevants comme « Eléore » malgré une belle finale, « La musique », « Immortels » et « L’écho ». Dommage également que l’iconique marqueur frémissant « Pour la peau » ait disparu de ces relectures.
Il n’en reste pas moins que souffler constamment du chaud et du froid empêche finalement le concert d’atteindre durablement les hauteurs et l’amplitude espérées. Seule certitude tout au long des repères poétiques de Dominique A qui se brisent toujours au contact d’une dure réalité, le temps continue de passer et le staccato de l’orchestre n’y pourra jamais rien.
Olivier Horner
Dominique A en concert avec l’Orchestre de Chambre de Genève (OCG), La Comédie, Genève, du 26 au 28 mars 2024, puis au Théâtre du Jorat, Mézières (VD), le 13 juin 2024.
