Cette ONG internationale basée à Pau développe une technique pionnière contre les virus propagés par les moustiques

Cette ONG internationale basée à Pau développe une technique pionnière contre les virus propagés par les moustiques
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Il s’agit d’une petite cour à laquelle on accède depuis la rue Tran, en plein centre-ville de Pau. Il donne sur un immeuble à la façade orange pastel, où les parquets grincent sous les pieds du visiteur. Difficile à croire, mais nous sommes bel et bien au centre névralgique du World Mosquito Program (WMP), une ONG qui lutte dans le monde entier contre les maladies transmises par les moustiques grâce à une technologie pionnière. Cela fait un an qu’elle a emménagé dans ses locaux à Pau.

“Nous allons nous placer à côté de la statue de Diane”, s’exclame Scott O’Neill lorsqu’on lui demande de poser pour une photo. Il faut dire que le biologiste australien a quelques affinités avec la déesse de la chasse qui siège au milieu de la cour. La différence est que son gibier s’appelle dengue, Zika, fièvre jaune ou chikungunya. Son arme ? Une bactérie appelée wolbachia. Implanté chez le moustique Aedes aegypti, il empêche le développement du virus. L’insecte peut ainsi piquer les humains, sans transmettre de maladies.

« Pau, c’est un super environnement », sourit Scott O’Neill, installé depuis deux ans dans le Béarn, où il a des attaches familiales. « Les gens qui nous rencontrent s’attendent à ce que nous soyons basés à Paris. Mais nous sommes meilleurs ici. Le petit inconvénient est la desserte aérienne. Il faut aller à Tarbes ou à Toulouse. » Une quinzaine de personnes travaillent dans les locaux de WMP à Pau, pour un total de 80 collaborateurs dans le monde.


Le Programme mondial contre les moustiques produit des moustiques qui contiennent la bactérie wolbachia dans leur corps.

Programme mondial contre les moustiques

Il cible l’Afrique

Parmi eux, Thierry Scholle est arrivé à l’été 2023. Ce natif basque est basé à Pau depuis vingt ans, où il a travaillé pour un cabinet de conseil avant de rejoindre le WMP. Elle est chargée d’obtenir des financements au niveau européen, que ce soit auprès de l’Union européenne ou de ses États membres.

« L’activité de l’organisation a un impact extrêmement important. Scott nous l’a rappelé l’autre jour : notre mission est de protéger les gens. » Le quadragénaire ne cache pas son enthousiasme : « Nous sommes extrêmement interpellés mais c’est aussi très positif. » Les fonds européens devraient permettre d’implanter une activité WMP en Afrique. « Nous avons des contacts pour travailler à Dakar, au Sénégal », explique Scott O’Neill. La dengue y est plus difficile à identifier car on la confond parfois avec le paludisme. Nous avons un partenariat avec l’Institut Pasteur. »

Au Brésil, le Programme Mondial contre les Moustiques s’apprête à franchir une étape décisive. La construction d’une usine a débuté début mars à Curitiba, dans le sud du pays. Il devrait permettre de produire, d’ici 2025, 100 millions de moustiques porteurs de wolbachia chaque semaine. Relâchés dans la nature, ils coloniseront leur environnement par la reproduction, et propageront la wolbachia. En augmentant la production brésilienne, le WMP estime pouvoir protéger jusqu’à 70 millions de Brésiliens d’ici 2035.


Un lâcher de moustiques porteurs de la bactérie wolbachia, ici au Sri Lanka.

Programme mondial contre les moustiques

Onze millions de personnes protégées

Entre-temps, il a fallu réunir une enveloppe de 20 millions de dollars pour agrandir l’usine. “Il en coûterait entre 100 et 200 millions pour monter un site produisant un vaccin”, assure Scott O’Neill. Depuis plusieurs années, le WMP mène des campagnes à Niteroi, une ville située en face de Rio de Janeiro. « Début février, 60 cas de dengue ont été signalés à Niteroi. A Rio, où nous ne sommes pas intervenus, ils étaient 17 000 », souligne Scott O’Neil.

À ce jour, le WMP est mis en œuvre dans quatorze pays à travers le monde, protégeant onze millions de personnes. Elle poursuit son action en Océanie et en Nouvelle-Calédonie, où des campagnes seront menées en dehors de Nouméa. L’organisation a également reçu trois millions de dollars du gouvernement australien pour achever la distribution de ses « moustiques désactivés » dans les grandes villes du Laos. Elle a établi un partenariat avec « Save the Children ».

Et en France métropolitaine ? Scott O’Neill avait évoqué la possibilité de se pencher sur le cas du moustique tigre, cousin de l’Aedes aegypti. Il n’en demeure pas moins que l’ONG a besoin de financements philanthropiques ou publics pour mener à bien ses projets. L’Australien a rencontré le maire de Pau François Bayrou, sans que cela n’aboutisse à un partenariat. «Mais nous sommes patients», glisse Scott O’Neill. Il rappelle que les cas autochtones de Dengue sont en augmentation, notamment dans le sud de l’Europe. La protection de Diane, la déesse de la chasse, ne sera pas de trop.

 
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