Elle est originaire d’Atlanta, mais Montréal est maintenant sa maison. Rencontre avec Paige Barlow, une rockeuse qui, malgré ses 30 ans, a déjà vécu beaucoup de choses.
Publié à 3h29
Mis à jour à 8h00
Dans combien d’États américains Paige Barlow a-t-elle vécu ? Assise sur la banquette de velours d’un bar du Plateau Mont-Royal, la chanteuse plisse les yeux et remue doucement ses doigts, comme pour amorcer un compte à rebours.
« OK, voyons voir… Je suis né en Virginie, et puis il y a eu le Wisconsin, Washington, New York, l’Indiana, le Tennessee, la Californie et Atlanta. [en Géorgie]où j’ai passé la majeure partie de ma jeunesse. » Elle redresse ses cheveux. “Il y en a probablement d’autres dont je ne me souviens pas.” »
Pourquoi la famille de Paige déménage-t-elle si souvent ? La réponse viendra entièrement dans un demi-sourire indécis. Comme tant de rock stars, la jeune trentenaire brille à parts égales de transparence et de mystère, de vulnérabilité et de profonde confiance en son destin.
« C’est juste que le chaos est dans le sang de ma famille. Nous prenons des décisions importantes comme celle-là. » Elle claque des doigts.
Et nous aimons le changement. Nous sommes curieux de vivre des vies différentes. Parce que nous n’avons qu’une seule vie à vivre.
Paige Barlow
Apprenez chaque jour
Et la vie de Paige Barlow, pour le moment, se déroule à Montréal. Il y a environ cinq ans (« Mais il paraît que ça fait cinq ans que je n’ai pas dit cinq ans »), la femme qui vivait alors encore à Atlanta s’est engagée, suite à un séjour dans la métropole, à rentrer chez elle, à temps pour placer ses vinyles. , votre vélo et vos agendas dans un panier, puis retournez à Montréal. Pour de bon. Ou, du moins, jusqu’à la prochaine décision instantanée. Fini son boulot de merde dans un bureau d’événements.
C’est ici qu’elle poursuivra sa vie d’artiste, d’abord au sein du duo MIELS, qu’elle forme avec son ancien amant Jean-François Lussier, puis en solo depuis la parution en mai dernier de Table Rasaun mini-album envoûtant de rock entêtant, en français s’il vous plaît.
Extrait de Signe de croix
« J’ai trouvé que c’était juste plus respectueux et plus normal quand j’arrivais ici pour apprendre la langue », confie-t-elle dans un français coloré d’un accent singulier, au cœur duquel le joual français et les inflexions chaleureuses de son anglais du sud des États-Unis .
Extrait deEt puis merde
Pourtant, plusieurs Québécois francophones adoptent l’anglais lorsque vient le temps d’ajouter de la poésie à leur musique rock. « Et ça m’a donné envie de faire le contraire ! »
Bien sûr, ce serait plus facile pour moi de chanter en anglais, de faire des interviews en anglais, mais choisir le français rend chaque jour plus intéressant. J’apprends quelque chose de nouveau chaque jour.
Paige Barlow
Il y a quelques mois, Paige a visité la France pour une courte tournée. « Un soir, je suis au bar, je passe ma commande et le serveur n’a pas bien compris ce que je voulais boire. Et là, il y avait une autre barmaid qui est arrivée et qui a dit : « C’est beau, elle est du Québec, je comprends, elle veut ça. Dans ma tête, c’était « oui ! » »
Toujours la musique
Les premières notes de Rêves de Fleetwood Mac descendent du plafond du bar sur Paige Barlow qui commence à hocher la tête et il devient soudain évident qu’il va falloir interrompre l’interview quelques instants, car la musique est sacrée, et Stevie Nicks, encore plus. « C’est un CD que ma mère écoutait tous les jours quand j’étais petite. »
Telle la sorcière aux innombrables châles, Paige Barlow irradie le spectacle d’une présence magnétique, complote discrètement d’inévitables maléfices, puis, en une fraction de seconde, attise une tempête. La femme diaphane et timide qu’elle est à la ville se transforme en celle sur les pieds de laquelle il vaut mieux ne pas marcher.
« Sur scène, je suis comme en transe », résume l’auteur-compositeur qui a aussi l’apparence de l’enfant qu’Iggy Pop et Jane Birkin n’ont pas eu. Adolescente, elle passait de nombreuses heures dans le sous-sol familial, à écouter les Pixies, Nirvana, Joy Division et Patti Smith au casque. « Ma jeunesse était très imprévisible, mais au moins il y avait toujours de la musique. »
Et la musique, c’est aussi un peu la raison pour laquelle Montréal l’a tant charmée. « C’est comme si ici, je ne connaissais que les artistes », s’exclame-t-elle. Dès mon arrivée, j’ai senti que les gens étaient moins fermés, qu’il y avait moins de tabous, que je pouvais m’exprimer davantage. C’est bizarre, mais maintenant je dis que Montréal est ma maison. »
Paige Barlow a récemment trouvé un liste de choses à faire écrit à l’âge de 15 ans. Parmi les expériences qu’elle souhaitait goûter : chanter devant un public, apprendre une autre langue et vivre hors des États-Unis. « Je parcourais la liste et je pouvais presque tout cocher. Je n’ai plus qu’à me raser la tête et à prendre le Transsibérien. »
Le 8 novembre à la Cloche Impériale de Québec, en première partie de Bon Enfant
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