“Avec Booba, on parle le même langage”

“Avec Booba, on parle le même langage”
“Avec Booba, on parle le même langage”

Leonard Manzambi ou Leonard Beni Mosabu (le rappeur garde son vrai nom flou) a grandi à Clamart dans les Hauts-de-Seine. Le département français de toutes les lacunes : celui qui a le niveau de vie le plus élevé après Paris mais aussi celui où 12% de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est dans ce contexte que le rappeur grandit.avec sa mère, son frère, ses sœurs, ses oncles et tantes. Dans une petite cabane »précise-t-il. A l’école, la diversité lui permet de rencontrer des jeunes des classes supérieures qui ne sont pas toujours tendres face à un pull démodé ou des baskets trouées. Grandir dans cet environnement lui donne envie de réussir à tout prix. “Cela m’a beaucoup aidé à avancer dans ma vie, à chercher simplement quelque chose de plus grand. Il apprend à se comporter en fonction du contexte dans lequel il se trouve. “Je suis devenu un caméléon, je sais m’adapter à tout type de situation. Aujourd’hui, je peux discuter avec n’importe qui sur cette terre et être comme un poisson dans l’eau.

Chaque été, il se rend en République démocratique du Congo, chez sa grand-mère. Il apprend l’histoire de son pays, les raisons de l’émigration de sa famille vers l’Europe. “Cela m’a appris à être fier d’être noir, à être fier d’où je viens, à réaliser l’enfance de ma mère. Ce sont des choses qui comptent beaucoup pour moi. Malgré le décès de sa grand-mère, il continue à s’y rendre, conscient de l’importance de“être proche de ses origines”.

Le rap comme moteur du succès

SDM a découvert le rap à l’université. A la maison, nous n’écoutons que de la congolaise. Son père, Bob Masua, est un producteur renommé de seben et de rumba. Il a grandi en écoutant des rappeurs de chez lui, de Lunatic, le premier groupe de Booba, à Salif. Son envie d’en faire un métier s’est développée un peu avant le Covid. Sa première passion étant le football, c’est dans le sport qu’il espère faire carrière. Mais sa taille (il mesure deux mètres) met un frein à ses espoirs de devenir un grand attaquant. Il se retrouve en défense et se désintéresse du jeu. Donc le rap semble être un bon plan B. Il s’en va Jack Feu avec un autre rappeur montant de Clamart : PLK. Un titre qui lui offre son premier single d’or.

Sa trajectoire prend un tournant décisif lorsqu’il attire l’attention de Booba grâce à des connaissances communes qui lui font écouter sa musique. Ils se retrouvent quelques mois plus tard. Le grand n’est pas impressionné. “La discussion est assez fluide. Nous avons les mêmes codes, nous parlons le même langage. Il m’a simplement dit que j’avais tout pour être artiste et qu’il aimerait m’éclairer un peu plus. B2O voit en lui la nouvelle star de son label et comme le rappelle SDM, dont les disques de platine s’accumulent hit après hit, «il m’a donné une chance et j’étais d’accord avec lui. À lui et à bien d’autres.

Restez fidèle à vos principes

En 2024, le rappeur est nominé aux Victoires de la Musique dans la catégorie Chanson Originale de l’Année avec le tube Voiture de course allemande. Il annonce qu’il ne se produira pas à la cérémonie. L’année précédente, il avait critiqué le choix d’attribuer la Victoire de la Révélation de l’année à Pierre de Maere. Le Belge était nommé face au rappeur/chanteur Tiakola, très proche de SDM. La décision est définitive du côté des Victoires : sa sélection est rejetée. Mais SDM a des principes et y reste fidèle.

mouette

C’est fou que mon gars Tiako n’ait pas gagné. L’un des plus gros vendeurs de l’année 2022, son album “Mélo”, quasiment tous des singles d’or, mais il perd face à Pierro.

Rapper SMD removed from the Victoires de la Musique nominees

Le rap comme revanche sur la vie

ALVALM raconte la mélancolie du succès mais aussi de la vengeance sur ceux qui l’ont prédestiné à un avenir sombre. “Selon eux, j’étais voué à l’échec/Ils m’ont mis au bas de leur échelle, m’ont fait croire que ma ville, je ne peux pas y échapper”, rappe-t-il. Merci, premier single de l’album. « J’ai souvent été rabaissé par les enseignants, par les gens ordinaires. Un professeur m’a dit tout bas : « soit tu travailles à l’école, soit tu finiras par devenir un clochard ou comme les grands de chez toi ». Il avait des mots qu’on ne devrait pas dire à un enfant. Cela crée plus de haine qu’autre chose. Des mots qui l’ont profondément touché et qui ont aussi été un moteur dans sa quête de réussite. “J’ai encore beaucoup de choses à faire et à accomplir mais avec le peu que j’ai fait, je pense déjà à lui. Et j’espère qu’il me verra et se mordra les doigts.

Je suis content d’être ici, j’aurais pu être n’importe où pour vendre de la drogue. (« Rien de plus »)

SDM est un amateur de rap, comme on l’a vu dans le télécrochet Nouvelle école sur Netflix, où il défendait une certaine esthétique artistique avec bienveillance, arguments et savoir-faire. Si le Belge Youssef Swatt’s a gagné, c’est grâce à la force de conviction du rappeur français. “SDM y a beaucoup cru et ça m’a sauvé”nous confiait le rappeur tournaisien après la finale en juillet dernier. C’est aussi cette facette de son art qu’il expose : un rap technique, mélodique, qui parle des blessures de l’enfance, du monde qui l’entoure, de la réussite. Pour le meilleur ou pour le pire, de la vie à la mort.

ALVALM par SDM, disponible sur les plateformes de streaming, en CD et vinyle.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV « J’ai même entendu mon chat le dire l’autre jour »… Comment le mot « wesh » s’exporte à Londres et à l’international grâce à Centrale Cee
NEXT « Pourquoi n’obtenez-vous pas le poste ? »