« La naissance de mon enfant m’a fait me demander ce qu’il resterait de cette histoire iranienne »

« La naissance de mon enfant m’a fait me demander ce qu’il resterait de cette histoire iranienne »
Descriptive text here

En 1979, elle n’est pas encore née… Son père journaliste et sa mère professeur de philosophie n’ont pas encore fui l’Iran, sa nouvelle République islamique et son ayatollah Khomeini. Elle est née quatre ans plus tard à Paris, et a grandi dans un studio du 13ème arrondissement de Paris, où l’on parle farsi, et où l’exil est éternellement « transitoire »…

Si comme les enfants de son âge, elle regarde les dessins animés du Club Dorothée, à la maison on parle de politique 24h/24 ! Et lors des goûters d’anniversaire… elle a tendance à citer Karl Marx ! Plus tard, elle abandonne sa vocation de journaliste pour la célèbre « Business School » qui conteste la reproduction sociale et rassure ses parents. Jusqu’à ce premier clic…

Une pièce d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil, et un son de setar…

Il réveille son besoin de transmettre son histoire… Après avoir quitté son métier de consultant dans l’audiovisuel et fondé la Compagnie du nouveau jour, c’est la naissance de sa fille qui l’a précipitée dans l’écriture de ce spectacle fascinant !

Sa pièce « 4211 km », comme la distance qui sépare Paris de Téhéran, est une réussite, couverte de prix, l’histoire fragmentée d’une enfant d’exilés désireuse de revenir, là où elle n’était jamais allée…

La question du patrimoine culturel

La pièce commence avec le moment de l’inscription de sa fille à l’état civil. Elle a peur que son nom disparaisse. Aïla Navidi : « La naissance de mon enfant m’a amené à m’interroger sur l’héritage et sur ce qui restera. J’ai aussi réalisé que la mort de mes parents approchait. Je me demandais ce que j’allais laisser aux générations futures. Cette urgence, de raconter cette histoire pour laisser une trace, a été le déclic. »

L’exil, un temps « d’attente »

Aïla Navidi a grandi pendant 40 ans avec l’idée qu’elle allait « retourner », même si elle n’y était jamais allée, en Iran. « Je dis revenir, c’est instinctif, mais cela montre à quel point cela a été un héritage. J’ai grandi avec cette idée qu’on avait posé nos valises « pour le temps »… A aucun moment la génération de mes parents n’a pensé que Khomeini allait rester. Ils étaient encore dans cet élan révolutionnaire de 1979. Ils attendaient ce retour dans leur pays, et nous l’attendons toujours. »

Une démarche administrative compliquée

Si son père ne voulait pas prendre la nationalité française, elle l’a fait. Dans la pièce, on assiste à une scène incroyable avec l’administration française : « Nous vous aimons parce que vous êtes Iranien, vous n’êtes pas comme les autres Arabes. « . Et oIl ne peut pas prononcer son nom. D’où une identité complexe dans un monde binaire. Aïla Navidi : « C’était important pour moi de parler de cette partie administrative, ça fait partie du chemin. Avoir la nationalité française à 18 ans en dit long sur notre intégration. Jusqu’à cet âge à l’école publique française, on nous enseignait toutes les valeurs de la République. J’avais le statut de fille de réfugié politique. J’avais envie de raconter ce tournant de la nationalité car à l’époque, on m’avait demandé de changer de prénom. On m’a donné un livre de noms parmi lesquels choisir. Entre autres, quelqu’un m’a proposé de m’appeler Aline ! C’était extrêmement violent pour moi. »

Le reste est à écouter…

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT son coup de coeur pour la Loire