Cette saison 2024 est aussi celle des invisibles. Derrière les favoris, de nombreux pilotes se battent pour des places mal rémunérées dont les efforts ne sont jamais récompensés par les performances internationales. Raul Fernández en fait partie. Pourtant, après sa saison Moto2 en 2021, beaucoup voyaient en lui l’avenir de notre sport compte tenu de sa précocité et de sa rapidité. Mais aujourd’hui, trois ans plus tard, personne ne parle de lui dans l’écosystème MotoGP. Le pire, c’est qu’il y a des raisons valables tant ses résultats sont décevants.
Un fait à peine croyable
Raul Fernandez n’a jamais brillé en MotoGP jusqu’à présent. Malgré ce que beaucoup ont tenté de nous vendre à l’époque, l’Espagnol a du mal à s’imposer, et même du mal. Alors qu’il bénéficie de la dernière version de l’Aprilia RS-GP depuis le Grand Prix de Grande-Bretagneil est le plus souvent absent et ne progresse donc pas du tout dans le classement.
Raul Fernandez fait partie de ces pilotes discrets, qui traversent les années en MotoGP. Photo : Michelin Motorsport
La Catalogne – que l’on retrouvera également en fin de semaine – s’est quelque peu trompécar à l’époque, il était le seul pilote de l’escadron de Noale à bénéficier des qualités de la RS-GP23 sur un circuit qui lui avait été favorable l’année précédente. Si on omet cette sixième place, c’est bien dommage. En plus de chuter assez souvent, il n’a pas réussi récemment à terminer dans le top 10. Sa dernière apparition à ces positions remonte au Grand Prix Sprint de Thaïlande, où il a encore terminé sixième – son meilleur résultat en format court.
Cet abonnement au ventre mou du peloton le fait continuellement reculer au classement général, car même ceux qui sont derrière lui parviennent à obtenir de brillants résultats. Cela conduit à une situation que je ne pensais pas crédible : Raul Fernandez a encore cinq points de moins que son coéquipier Miguel Oliveira… alors que le Portugais a déjà raté les cinq derniers Grands Prix pour cause de blessure. Cinq courses, cela représente un quart de la saison, et la cerise sur le gâteau, c’est que Miguel lui-même réalisait une saison très moyenne avant son absence.
Raul occupe la 16ème position du classement général, et pourrait, en cas de contre-performance à Barcelone, terminer derrière Oliveira malgré six GP supplémentaires courus. Il n’a que 13 points d’avance sur Johann Zarco, et 80 points de retard sur un Aleix Espargaro en déclin.
Pourquoi continuer avec lui ?
Certains me diront que je suis dur avec ce chauffeur, car c’est vrai que je ne l’ai guère épargné depuis trois ans. Mais personnellement, j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi Trackhouse Aprilia a prolongé son contrat de deux saisons supplémentaires. Si l’on revient sur son parcours en MotoGP, on se résume à cette année extrêmement difficile avec KTM Tech3 – terminé 22ème au général – où il ne voulait pas rouler pour les Français. Beaucoup dans le paddock avaient critiqué son comportement avant même le début de la saison en raison de sa volonté de passer chez Yamaha.
Puis, repris par RNF Aprilia en 2023, il a été allègrement dominé par Miguel Oliveira, ne terminant que 20e. En 2024, il est 16ème, peut-être 15ème s’il dépasse le Portugais à Barcelone. C’est une progression, ok, mais rien de flagrant. Surtout, rien ne laisse présager une amélioration drastique, tant dans ses déclarations que dans sa progression en piste.
Il a montré trop peu jusqu’à présent. Photo : Michelin Motorsport
Il a des faits… notables, dirons-nous, comme cette résilience à Sepang face à la chaleur, qu’il avait déjà affrontée en Thaïlande l’année dernière. D’ailleurs, à l’époque, il n’avait pas manqué de tacler l’officiel Maverick Vinales, qui avait abandonné tellement il était étouffé. Je ne sais pas s’il l’est
joueur d’équipe rêvé au sein d’une équipe de très haut niveau. Ces deux saisons promises lui offrent une certaine sérénité, qui se traduit indirectement par une satisfaction face à ces mauvais résultats.
À mon avis, c’est un risque, car le Moto2 regorge de talents incroyables. Trackhouse Aprilia ajoutera Ai Ogura, le champion de la catégorie intermédiaire, et il y a de fortes chances qu’il soit aussi bon ou meilleur que Raul Fernández lors de sa première saison.
Barcelone pour le sauver ?
Il reste un Grand Prix à disputer, et celui-ci se déroulera sur un circuit assez favorable, où il a été le meilleur cette année.
Attention à ne pas se laisser berner comme certains pseudo-analystescar un week-end ne suffit jamais pour juger de la dynamique d’un pilote. Même s’il obtient un top 5 (comme ce fut déjà le cas à Valence l’année dernière), cela ne veut pas dire que le génie enfoui sous quatre ans de profondeur se réveille enfin.
Je suis curieux de savoir ce que vous pensez de ce pilote et de son évolution. Dites-le-moi dans les commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et non de l’ensemble de la rédaction.
Cela dit, il est toujours plus visible que son homonyme Augusto Fernandez. Photo : Michelin Motorsport
Photo : Michelin Motorsport