ENTRETIEN. Vanessa Bousardo à l’initiative du 1er Campus Outre-Mer des Avocats de Guadeloupe, une immersion stratégique au cœur des enjeux juridiques et économiques de l’outre-mer

ENTRETIEN. Vanessa Bousardo à l’initiative du 1er Campus Outre-Mer des Avocats de Guadeloupe, une immersion stratégique au cœur des enjeux juridiques et économiques de l’outre-mer
ENTRETIEN. Vanessa Bousardo à l’initiative du 1er Campus Outre-Mer des Avocats de Guadeloupe, une immersion stratégique au cœur des enjeux juridiques et économiques de l’outre-mer

Du 12 au 14 mars 2025 à la Gorge, en Guadeloupe, se tiendra Le premier campus dédié à l’outre-mer. En quoi cet événement est-il inédit dans le paysage juridique et économique ?

« Cet événement est nouveau pour le barreau de Paris, car c’est la première fois depuis 12 ans d’existence des campus juridiques, organisés par notre barreau, qu’un campus sera dédié aux territoires d’outre-mer. Jusqu’à présent, ces campus étaient exclusivement internationaux, organisés à travers le monde, dans le but de favoriser les échanges et les rencontres entre les avocats du Barreau de Paris et leurs homologues d’autres juridictions internationales. Pour la première fois, nous innovons avec un campus non pas international, mais spécifiquement dédié à l’outre-mer. Cette démarche reflète notre volonté de créer ou de renforcer les liens entre le barreau de Paris et les bars outremer. Nous souhaitons construire des ponts solides entre ces juridictions.

Nous espérons accueillir un grand nombre d’avocats, tant du barreau de Paris que des différents barreaux partenaires. Ce premier campus sera organisé les Barreaux de Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Nous souhaitons également la participation d’avocats d’autres juridictions ultramariennes, afin d’enrichir les échanges et de faire de cette rencontre une véritable réussite. »

Parmi les thématiques abordées, l’environnement et la réparation des dégâts occupent une place centrale. Quels défis spécifiques les territoires ultramariens rencontrent-ils dans ces domaines, et quelles opportunités de contentieux collectifs pourraient émerger ?

« Sur le volet environnemental, les territoires ultramarins sont confrontés à des enjeux qui peuvent être tragiques, d’une ampleur considérable pour les populations locales. Je pense par exemple au problème du chlordécone aux Antilles, qui est un drame environnemental et sanitaire majeur.. Sur la question de la réparation des préjudices, il s’agit aussi d’aborder les réparations corporelles et matérielles à la lumière de catastrophes environnementales ou d’enjeux historiques complexes. Enfin, de par leur positionnement géographique, les territoires ultramarins sont confrontés à des spécificités écologiques et environnementales qui nécessitent une attention particulière dans le cadre du droit de l’environnement. Ce sont des thèmes fondamentaux dans le système que nous proposons. »

En matière de développement des territoires ultramarins, quels leviers le campus souhaite-t-il mettre en avant ?

« Les territoires ultramarins bénéficient, par définition et du fait de leur positionnement géographique, d’une place stratégique sur la scène internationale. Je suis convaincu que le droit, qui est aussi un marché, s’inscrit naturellement dans une dimension internationale et peut jouer un rôle clé dans ce contexte. Il existe un réel potentiel international lié aux territoires ultramarins, notamment pour les praticiens du droit en Europe. Ce potentiel est un levier essentiel que nous souhaitons mettre en valeur lors du campus. Ce positionnement stratégique mérite d’être exploité et renforcé par des initiatives concrètes. Par exemple, en novembre dernier, la Guadeloupe a accueilli la 77ᵉ conférence annuelle de l’Institut des Juristes du Golfe du Mexique et des Caraïbes. Ce type d’événement peut constituer une plateforme exceptionnelle pour les avocats, leur offrant une résonance et un impact à l’échelle de tout un territoire. Nous nous inscrivons pleinement dans cette dynamique, car le droit est un levier fondamental qu’il est crucial de mettre en avant. »

L’arbitrage et la médiation sont de plus en plus privilégiés pour résoudre les litiges. Quels avantages ces moyens de paiement amiables peuvent-ils offrir spécifiquement dans un contexte transfrontalier entre métropole et outre-mer ?

« L’arbitrage et la médiation représentent des solutions alternatives précieuses face aux défis communs rencontrés en matière de justice, que ce soit en ou à l’étranger. L’un des principaux enjeux concerne l’allongement important des délais judiciaires. Ces dispositifs permettent non seulement de raccourcir ces délais, mais aussi de désengorger les tribunaux en proposant des alternatives efficaces. En Outre-mer, où le tissu économique est majoritairement composé de TPE et PME (plus de 90 %), les modes alternatifs de règlement des litiges, comme la médiation, sont particulièrement adaptés. Ils limitent les coûts, entretiennent un dialogue constructif entre les parties et transforment les acteurs en véritables acteurs de la résolution de leurs différends. Ces outils sont indispensables pour répondre aux besoins spécifiques de ces territoires et méritent d’être valorisés et développés davantage à l’étranger. »

Pouvez-vous nous dresser un aperçu des moments forts de cet événement ?

« Les moments forts de cet événement résident d’abord dans les rencontres et les échanges. C’est non seulement l’occasion pour les collègues avocats de se rencontrer, mais aussi d’établir un dialogue avec des acteurs économiques, des universitaires et d’autres parties prenantes. Cela pourrait aussi être l’occasion de réfléchir à la création de partenariats entre les bars d’outremer et le barreau de Paris, permettant, pourquoi pas, de mutualiser les bonnes pratiques si nécessaire. D’ailleurs, plusieurs initiatives académiques, comme la création d’une chaire outre-mer à Sciences Po ces dernières années, illustrent déjà cette volonté de collaboration. Comme nous l’avons mentionné, la médiation sera également au cœur des discussions. Cet événement pourrait offrir l’opportunité de former des médiateurs spécialisés dans les relations transfrontalières, renforçant ainsi les compétences dans ce domaine spécifique. Les moments forts passeront également par des conférences organisées. J’ai hâte que cet événement ait lieu et j’espère qu’il rassemblera de nombreux juristes, acteurs économiques et politiques. »

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Pour aller plus loin :

Regard sur l’Outre-mer avec Vanessa Bousardo, vice-bâtonnière du barreau de Paris, engagée pour l’égalité et la diversité, à l’initiative du Campus Outre-Mer en mars 2025 en Guadeloupe | Outremers360

Un programme stratégique pour façonner l’avenir du droit à l’étranger

Durant une journée et demie, le campus abordera des thématiques variées et stratégiques :

Les territoires comme opportunités de développement : Analyse des atouts géographiques et économiques de la Guadeloupe comme carrefour international, mettant en avant l’entrepreneuriat local, et exploration de secteurs porteurs comme le tourisme et la mer.

Aménagement du territoire et enjeux juridiques du secteur du tourisme : Décryptage des spécificités juridiques liées à l’insularité, au droit de l’urbanisme, aux contraintes environnementales et aux investissements touristiques à l’étranger.

Arbitrage et médiation : Discussion autour de solutions amiables et d’instruments juridiques adaptés aux particularités régionales et transfrontalières.

Environnement et réparation des dommages : Focus sur des sujets majeurs tels que la pollution au chlordécone, les dommages collectifs et les questions d’indemnisation dans un contexte environnemental.

Plus d’infos sur : https://www.avocatparis.org/agenda-des-formations/campus-outre-mer

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