vont-ils renverser la table ?

vont-ils renverser la table ?
vont-ils renverser la table ?

Par Internet ou par correspondance, le vote des élections à la Chambre d’agriculture a commencé et durera jusqu’au 31 janvier pour un décompte le 6 février. Chacun retient son souffle car la carte de pourrait changer de couleur. En Haute-Marne, certains syndicats ont des doutes et d’autres espèrent. La question est de savoir si la Coordination rurale et/ou la Confédération paysanne renverseront la situation.

Le système électoral qui prévoit l’élection des représentants agricoles au sein des Chambres d’agriculture est très particulier en accordant un grand nombre de sièges à la liste arrivée en tête. Il permet, à chaque fois, d’obtenir une large majorité et évite un mandat de six ans fragile, hésitant, sans pouvoir réellement gouverner. Tout le contraire de ce qui se passe actuellement à l’Assemblée nationale où aucune majorité ne se dégage.

Par exemple, en 2019 en Haute-Marne, pour le collège « opérateurs », 1 255 voix ont été exprimées sur les 2 520 votants, soit 51,35 % de participation. La liste FDSEA/Jeunes Agriculteurs a recueilli 64,86% des suffrages et remporté quinze sièges. Avec 20,24% des voix, la Confédération Paysanne disposait de deux sièges et la Coordination Rurale n’avait qu’un seul siège avec ses 14,9% des voix. Autrement dit, avec moins des deux tiers des voix, le syndicat majoritaire remporte plus de 80 % des sièges.

En 2019, au niveau français, seules trois Chambres d’agriculture étaient aux couleurs « jaunes » de la Coordination rurale (Lot-et-Garonne, Vienne et Haute-Vienne) et une à celles des Jeunes Agriculteurs (Haute-Garonne) qui ont été émancipés des FDSEA. Le reste des Chambres fut emporté par ces derniers. La question est désormais de savoir si le syndicat majoritaire rééditera cet exploit. Pourtant, le doute s’installe dans les campagnes.

Des ambitions importantes

La Coordination rurale a pour objectif de conquérir dix à quinze Chambres dans toute la France. Elle bénéficiera d’une dynamique amorcée il y a un an, lors du dernier Salon de l’Agriculture. Face au désespoir et au ras-le-bol des agriculteurs, la radicalité du syndicat a été efficace. Elle venait du sud-ouest de la France, qui combinait problèmes climatiques (arrachage des vignes) et problèmes sanitaires (grippe aviaire). La FDSEA n’a rien vu venir et se contente depuis de se placer derrière la Coordination rurale. Autrement dit, la FDSEA n’a plus le contrôle et ne fait que souffrir. Souvent positionnée à l’extrême droite, la Coordination rurale bénéficie également du vote de plus en plus à droite des agriculteurs.

Par ailleurs, les résultats des six dernières années sont souvent imputés aux FDSEA avec des situations qui se sont dégradées dans les exploitations agricoles, des élevages à la dérive, des Chambres qui ne sont plus au service des agriculteurs et une complexité administrative dans laquelle s’imprègnent largement les Chambres.

Quant à la Confédération paysanne, elle continue de déployer son programme au niveau national sans changer de position. Plutôt classée à gauche, elle a peu de chances de renverser la table. Mais sa situation en Haute-Marne est totalement différente.

-

Les dirigeants syndicaux sont ouverts d’esprit et ont le sens du dialogue. Moins radicales et plus ouvertes, elles séduisent de plus en plus en attirant toutes les productions, par exemple Philippe Collin, ancien FDSEA, agriculteur et producteur d’énergie à Colombey-les-Choiseul et septième du classement. Hippolyte Babouillard, tête de liste, croit beaucoup à son élection et à son accession à la présidence.

La FDSEA fragilisée

Toujours en Haute-Marne, la Coordination rurale espère surfer sur la tendance nationale. Les Casquettes jaunes ont marqué les esprits et s’il faut mesurer leur succès à l’aune des personnes présentes aux réunions publiques, ils peuvent effectivement avoir quelques espoirs. Le syndicat attire le plus grand nombre de personnes. Reste aux candidats de la liste à mieux se faire connaître.

Pour la FDSEA, les résultats sont qualifiés de « médiocres » par de nombreux agriculteurs et la liste est jugée non représentative de la véritable agriculture haut-marnaise. Mais surtout, la mise à l’écart de Marc Poulot, président sortant de la Chambre d’agriculture, pèse très lourd. Alors que ses anciens colistiers l’avaient poussé à accéder à la présidence, il n’a pas pu compter sur leur soutien lorsque le malaise est apparu au sein du personnel concernant les agissements du directeur (des plaintes ont été déposées) et de la place de l’Aube face à la Haute-Marne.

A terme, la FDSEA associée aux Jeunes Agriculteurs et à la Fédération des Producteurs de Lait devrait rester majoritaire mais perdre du poids. Le système électoral le protège d’importantes déconvenues mais les élus devront prendre en considération ce nouveau vote et la grogne qui se fait entendre dans les exploitations agricoles et au sein même de la Chambre d’agriculture.

Frédéric Thévenin

[email protected]

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV David Balland, co-fondateur de la société de cryptomonnaie Ledger, a été libéré après avoir été kidnappé par plusieurs ravisseurs.
NEXT à quoi s’attendre en Côte d’Or