la Confédération Paysanne bat les campagnes en Haute-Loire

Les députés et sympathisants de la liste de la Confédération Paysanne en lice aux élections de la Chambre d’Agriculture se sont réunis jeudi dernier, sur les hauteurs de la vallée de la Desges, dans le village de Madene, commune de Chazelles. Emmenés par la tête de liste, Marie-Lise Brice, ils ont découvert la bergerie de Guy Bremaud et Anna Ballais, tous deux candidats. Le premier s’est installé en 2018 dans l’ancienne ferme du maire, après avoir travaillé dix ans dans l’élevage en tant que salarié. Éleveur de races rustiques, brebis Basco-Béarnaise et chèvres du Rove, pour leur lait, il exploite une surface agricole utilisée de 30 ha. Il le traite à la main et transforme toute sa production en fromage. Il y a trois ans, Anna Ballais l’a rejoint en tant qu’associée collaboratrice. Ils sont en train de créer un Gaec.
Le lieu n’a pas été choisi par hasard.

« C’est typiquement le type de projet que nous défendons. Celui qui veut s’installer dans l’agriculture ne doit pas lâcher prise. »

Marie-Lise Brice

La tête de liste, basée depuis 12 ans à Saint-Jean-d’Aubrigoux, gère un élevage de bovins avec transformation. Établie seule dans une entreprise individuelle, avec l’aide d’un salarié, elle possède 11 vaches. Agée de 41 ans, elle milite depuis 8 ans au sein de la Confédération Paysanne. Elle y travaille sur des questions d’installation, de foncier, de chasse, etc.
Dans ce cadre, les candidats sont revenus sur les raisons de leur implication dans ces élections. A commencer par l’installation, dans un département où « l’exploitation moyenne fait 60 hectares. » Et la tête de liste de poursuivre : « Côté syndical, il y a un travail à faire avec les collectivités pour maintenir l’activité. Notre campagne est orientée vers l’installation et la transmission à tous les niveaux. Il faut favoriser l’installation quelle que soit la structure, tout en garantissant des revenus. Notre territoire se prête à l’installation de petites fermes. Nous souhaitons que les porteurs de ces projets soient aussi bien accueillis par la Chambre que les grands rachats. Cela nécessite des mesures locales. L’accueil est du ressort des chambres d’agriculture. Il reste encore beaucoup de petites exploitations agricoles à reprendre sur notre territoire et ça marche. Cela contribue à revitaliser le quartier. »
La question de la rémunération a été soulevée. « Nous avons besoin de prix véritablement rémunérateurs. La révolte qui gronde dans le monde agricole, c’est le manque de revenus. » Au niveau national, le syndicat milite pour « exiger au moins des prix couvrant les coûts de production en interdisant les surtaxes en aval (industriel et grande distribution) » et dénonce les accords de libre-échange de type Mercosur. «C’est une concurrence déloyale. En laissant cela se produire, nous laissons mourir le monde paysan ici et à l’autre bout de la planète », a déclaré un candidat. « La Confédération paysanne est liée aux mouvements paysans du monde entier », a ajouté un colistier.

Ouvrir la Chambre aux paysans

Autre champ de bataille : les normes. « Actuellement, ils conviennent aux secteurs industriels et non à la petite production agricole. Mais nous ne sommes pas contre tous. Nous sommes favorables aux normes sociales et environnementales. Celles-ci servent à préserver les communs », a souligné un candidat.
Plus localement, Marie-Lise Brice poursuit : « Il faut ouvrir davantage la Chambre aux agriculteurs. Environ les trois quarts des agriculteurs de Haute-Loire ne bénéficient pas de ses aides. Ils n’ont aucune idée de ce qui se passe là-bas, ils n’ont pas de conseils techniques. Par exemple, pour bénéficier d’une aide pour un investissement, vous devez atteindre un seuil de 10 000 €. Beaucoup de choses seraient possibles sans ce seuil… Il faudrait toujours pouvoir appeler la Chambre d’agriculture. Aujourd’hui, une association comme Haute-Loire Biologique propose des choses plus adaptées aux besoins des agriculteurs. »
Un sujet auquel elle a également ajouté celui de la protection sociale. « Il y a beaucoup de colère, à juste titre, sur ce point. Il y a un manque flagrant de protection sociale ; un agriculteur ne peut pas se permettre d’être malade… et pour l’accompagnement social, il y a des choses que la Chambre peut faire en lien avec la MSA. »

-

Pierre Hébrard

Calendrier. Les élections à la Chambre d’Agriculture ont lieu jusqu’au 31 janvier à minuit. Le vote a lieu par correspondance ou par ordinateur. Le dépouillement et la proclamation des résultats doivent avoir lieu jeudi 6 février.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV Killian Tixeront, le Massif vertical de Clermont
NEXT Écommoy. Ateliers découverte sur le chantier de Notre-Dame de Paris