Seul joueur clermontois retenu dans la première liste de Fabien Galthié pour le Tournoi des 6 Nations, Killian Tixeront est devenu ces derniers mois un leader de l’ASM. Pur Auvergnat, le jeune flanker (23 ans) est amoureux de sa terre natale…
En sortant du tramway de Clermont à l’arrêt Stade Marcel-Michelin, les passants et les plus fidèles membres de l’Armée jaune n’ont qu’à lever les yeux pour apercevoir une fresque colossale de la troisième ligne, devant la tribune historique auvergnate. -Rhône-Alpes. «C’est un petit de l’ASM» a déclaré Christophe Urios. « Son attachement au club et à la région est évident. Depuis qu’il joue professionnellement, il n’a pas connu les meilleures saisons à Clermont et il a une forte envie de rendre fiers les Auvergnats. Il parle constamment de Michelin aussi… Je joue beaucoup là-dessus avec lui, c’est essentiel dans notre relation. Le manager clermontois vise juste. La simple évocation du nom de l’antre des Jaunard transcende l’enfant de Chadrat. « Chaque fois que j’ai la chance de jouer dans ce stade, je revis les mêmes émotions que lors de mon premier match là-bas (contre Perpignan, le 26 février 2022). Je ne m’en lasse pas et me dire que c’est normal je suis allé tellement de fois dans les tribunes Michelin que maintenant j’arrive plus tôt à l’échauffement pour simplement voir le stade se remplir petit à petit. Je ne pense à rien d’autre. .»
Il jouait au centre mais nous voulions le tester en troisième ligne. Sa mère était un peu réticente mais finalement…
Originaire d’Auvergne, « Tix » a les volcans dans les yeux et le caractère dans le sang. « Mes grands-parents étaient agriculteurs et puis ils ont travaillé chez Michelin, dans l’usine, un parcours que beaucoup de gens ici ont vécu. Quand j’étais en vacances, j’aidais mon grand-père à nourrir les animaux à Saint-Saturnin, village voisin de Chadrat, et je passais du temps avec mes cousins à la ferme de la Chapelle-sur-Usson. J’y allais principalement pour faire du quad et du tracteur (rires)… On s’est levé tôt. , nous avons dormi tard, donc cela met en perspective notre vie de joueur professionnel. se souvient du flanc. A 15 000 kilomètres du Puy-de-Dôme, à Tahiti, Tiphaine revient sur l’enfance de son frère en ouvrant quelques dossiers. « Quand il était petit, il était assez turbulent ! C’était le patron de la cour de récréation (rires). Mes parents étaient souvent appelés à l’école parce qu’il faisait des bêtises. Des souvenirs encore vifs dans l’esprit de Valérie, la mère d’un Killian loin d’être méchant mais branché au 10 000 volts. « Ce n’était pas un combattant, mais c’était probablement dû au fait qu’il était plus grand que les autres, ils ne sont pas venus le chercher ! Par contre, il bougeait toujours et après chaque vacances, nous allions toujours au bureau du proviseur avec son père ! Il avait besoin de quelques rappels.
De l’émotion d’une enfance passée au milieu d’une nature bienveillante, Killian Tixeront se transforme à quatorze ans, lorsqu’il intègre le centre de pré-formation de l’ASM. Patrick Cluzel, ancien éducateur du club des Martres-de-Veyre, se souvient exactement du jeune Killian, cheveux longs au vent et centre de naissance. « Je l’ai formé trois ans avant son départ à Clermont. Il était très grand, avec une bonne taille et nous l’avons joué au centre car il courait très vite. D’année en année, on sentait qu’il progressait très vite et qu’il faisait partie d’une génération dorée. Il était au dessus des autres mais il avait un très bon entourage. Il n’a jamais été prétentieux. Juste avant de partir à l’ASM, il jouait toujours au centre. mais on a voulu le tester « Sa mère était un peu réticente mais finalement ça a payé. Il a rapidement réalisé de gros tacles et je pense qu’il aimait ce poste. A Martres-de-Veyre, Killian Tixeront a forgé son style très offensif et aérien.
S’il est passé du judo à l’escrime en passant par le football, le jeune Auvergnat est tombé amoureux du ballon ovale grâce à sa grand-mère.. « Elle était quasiment la seule à être abonnée à Canal+ dans le village, elle faisait tous les déplacements et elle assistait à de nombreuses finales perdues, elle était une fan inconditionnelle ! Pour Killian comme pour ses sœurs, la passion du rugby est venue de là » soulage la mère de la fratrie. Comme beaucoup d’enfants de la région, « Tix » a pu voir quelques grands noms de l’ASM venir transmettre leur savoir aux écoles de rugby. Sur la table blanche du salon, Valérie et Killian ouvrent les albums photos avec une certaine fierté. “En voilà un avec Morgan Parra, il avait des cheveux à l’époque (rires)” » rit le troisième ligne, qui a également posé avec Julien Pierre et Julien Bardy. « A cette époque, je jouais au rugby pour m’amuser avec mes amis, mais lorsque l’ASM m’a appelé, j’ai réalisé les efforts que je devais faire pour gravir les échelons. J’ai quitté mes amis à l’époque, même si je ne suis pas allé très loin, j’ai dû changer d’université etc. Mais ce club m’a fait rêver, j’ai tellement idolâtré Wesley Fofana que ma mère m’a acheté le même short que lui. (rires). »
-Quitter l’Auvergne : une tentation vite éteinte
Alimenté au biberon avec un pis jaune et bleu, Killian Tixeront a franchi les tranches d’âge sereinement, avec une mentalité bien éloignée de son enfance, comme le raconte sa sœur Tiphaine. « Quand il était au lycée, il ne sortait pas beaucoup, il ne faisait pas trop de fêtes. Quand les autres allaient manger un kebab, il restait dans sa chambre, tranquille. Il a changé d’état d’esprit quand il a compris qu’il pouvait faire quelque chose dans le rugby et quand les entraîneurs lui ont dit qu’il pouvait aller loin. Alamercery, Cadets, Gaudermen… « Tix » s’oriente tranquillement vers la catégorie Espoirs, dernière étape avant d’accéder aux portes du monde professionnel. « C’était déjà un autre monde pour moi, j’ai commencé en U21 à dix-sept ans mais je jouais contre des gars de vingt-trois ans ! Physiquement, c’était dur, surtout les mauls. Je me souviens de l’entraînement de mercredi où on répétait cette phase de jeu et mes côtes sifflaient souvent (rires). Il y avait un écart certain, mais ce n’était pas grand chose par rapport à l’écart entre Espoirs et professionnels. exaspérant!” Capitaine des Espoirs de Clermont, Killian Tixeront portait également le brassard des Bleuets, sous la direction de Sébastien Piqueronies.
Séduit par le flanker au casque rouge, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France a tenté de faire venir Tixeront à Pau en 2022. Enraciné comme jamais dans son pays natal, le principal intéressé affirme qu’il aurait pu faire ses valises pour le Béarn. « Est-ce que je me voyais à Pau ? Bien sûr! J’avais de très bonnes relations avec Sébastien Piqueronies et la Section m’a proposé un très beau contrat. J’étais encore jeune, je ne savais pas si l’ASM voulait que je le garde, et finalement tout s’est passé au dernier moment Jono (Gibbes) est venu me voir et m’a dit qu’il comptait sur moi. C’était la concrétisation de mon objectif : signer mon premier contrat professionnel dans mon club formateur. Je cherche cet endroit depuis tant d’années… ». Du gamin qui regardait Fofana voler sur le pré, « Tix » a donc enfilé le même maillot que ses idoles de jeunesse, s’installant dans la rotation au fil des mois. Mis en lumière par Franck Azéma et développé par Jono Gibbes, le jeune flanker fait rapidement face à un premier défi après le limogeage du Néo-Zélandais et l’arrivée en urgence de Christophe Urios. Un nouveau management à comprendre, un style différent à comprendre et une relation qui s’est construite au fil du temps, sans coup de foudre évident.
« Quand je suis arrivé on ne le voyait pas trop dans le groupe, c’était un gamin, mais il a vite développé sa personnalité et ses qualités de rugbyman. Il s’est montré courageux, s’est exprimé devant les dirigeants ou devant moi, et il n’a pas caché son ambition. La saison dernière, je ne l’ai pas sélectionné pour un match et je lui ai dit de jouer avec les Espoirs à Grenoble. « Il voulait jouer avec les professionnels, et à l’arrivée, il a fait un bon match avec les Espoirs. Notre relation de confiance a commencé ainsi, mais je n’étais pas sûr de vouloir la prolonger. Pau est revenu avec une très bonne offre et j’ai décidé. Je lui ai demandé s’il ne devait pas vivre autre chose… Et puis à partir de cette offre, Killian s’est montré davantage à l’entraînement, dans la vie de groupe et à mes yeux. Nous avons eu de longues discussions là-dessus ! son avenir et il m’a montré qu’il voulait compter à Clermont en me disant : « Je n’en fais pas une histoire d’argent, je veux faire partie du projet ». Depuis, il n’a fait que progresser et il apporte ce côté auvergnat à l’équipe. se souvient le manager clermontois.
Et après une saison bien remplie, les portes du XV de France se sont ouvertes avec une première sélection en Argentine et plusieurs convocations à Marcoussis lors de la tournée d’automne. Immense fierté pour la famille de Chadrat et son ancienne éducatrice. « Il me fait penser à Olivier Magne. Il est très fort en attaque et il marque beaucoup d’essais depuis une bonne position. Et si j’avais un conseil à lui donner pour la suite, ce serait qu’il est encore plus rude dans les rucks, mais il affiche tellement d’activité au jeu de course… » souffle Patrick Cluzel. A deux pas du Puy-de-Dôme, Killian Tixeront s’annonce comme une nouvelle montagne dans le paysage auvergnat…