« Le sabot revient à la mode »

« Le sabot revient à la mode »
« Le sabot revient à la mode »

Par

Amélie Thomas

Publié le

20 janvier 2025 à 17h12

Il fait froid dans l’atelier de Mickaël Toudic, installé dans les anciens haras évêchés construits au centre-ville de Saint-Pol-de-Léon, petite ville touristique du Nord Finistère, à deux pas de Roscoff. Le sabotier est au travail, bonnet de laine vissé sur la tête et sabots aux pieds. « On est à l’aise dedans, ça isole du froid et de la chaleur », sourit l’artisan de 46 ans.

Mickaël Toudic est le dernier sabotier du Finistère. Le quadragénaire, mécanicien automobile depuis deux décennies, a repris la Saboterie de Léon en 2021. En , ils ne sont pas plus de dix d’exercer ce métier d’antan, reconnu comme patrimoine vivant. Il n’y a pas d’école, le savoir-faire se transmet « de main en main ». Mickaël Toudic a été formé par son prédécesseur, Michel Cousin.

Entre 1 000 et 1 200 couples par an

« J’aime le travail du bois, confie l’ancien mécanicien. Promu Responsable Garantie, il commençait à avoir mal aux jambes lorsqu’il vit l’annonce de Michel Cousin souhaitant passer le relais. Il a appris à ses côtés pendant six mois. « Partir d’un tronc d’arbre pour fabriquer une chaussure, c’est magnifique », s’émerveille Mickaël Toudic. L’artisan produit entre 1 000 et 1 200 paires par an, des tailles 35 à 46.

La demande est réelle. Le sabot fait fureur, même chez les jeunes. «Ça revient à la mode. Les gens recherchent de l’artisanat, produits sains et durables ». Et pour le Finistérien, le sabot est sans doute « la chaussure pour sortir, dans le jardin. Avec les Crocs, on a les pieds mouillés», souligne-t-il gentiment. Devons-nous encore vaincre les préjugés ?

Nous avons tous essayé le sabot de notre grand-père alors que nous portions du 35 et lui du 46. Évidemment, il était lourd et nous marchions mal.

Mickaël Toudic le répète sans cesse : « Le sabot est léger et confortable. Essayer, c’est l’adopter. » Ce qu’il nous encourage à faire. Permettant de lever une autre idée reçue : on ne glisse pas son pied délicat directement dans le sabot, on enfile d’abord des charentaises en laine et feutre. D’où le confort.

Le sabotier suit également les tendances. Aux classiques, réunis, s’ajoutent des modèles plus raffinés comme celle de la coccinelle ou du léopard (à partir de 74 euros). Il en coûte 85 euros pour une paire personnalisée.

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Des centaines de sabots sont séchés pendant au moins six mois. ©Amélie Thomas

Six mois de séchage

Dans l’antre de l’artisan, les sabots occupent des pans entiers des murs, posés sur différents établis, offrant un aspect différent selon l’étape de fabrication. Leur conception s’inscrit dans la durée.

Mickaël Toudic s’approvisionne en bois de hêtre auprès de l’Office National des Forêts. Ce matériau précieux est découpé pour obtenir des couloirs, des rondelles épaisses d’un diamètre équivalent à la taille du sabot souhaité. Ceux-ci deviendront des blocs carrés destinés à être creusés pour obtenir la forme du sabot. Le professionnel travaille avec machines anciennes datant de 1920 et 1940.

Les chaussures passent huit heures au fumoir, « un traitement naturel contre les vers et les champignons ». La chaleur chasse en même temps l’humidité. Les sabots sécheront ensuite pendant six mois. L’artisan entreprend ensuite les finitions : ponçage, vernissage, couture, etc.

Le sabotier suit les tendances. Les sabots léopard et coccinelle sont particulièrement appréciés. ©Amélie Thomas

Commandes dans toute la France

« C’est un métier très varié. Je suis un peu bûcheron, peintre, mécanicien, tailleur», raconte l’artisan, qui assume également le rôle de vendeur. Sa boutique jouxte son atelier. « Il y a toujours un passage. » Il réalise 60 % de ses ventes en magasin, 40 % en ligne. Elle expédie les commandes dans toute la France, un peu à l’étranger comme aux Etats-Unis.

Une cliente vient de franchir la porte pour récupérer une paire de chaussures charentaises pour son mari. « L’hiver, il porte toujours ses sabots pour bricoler. » Elle n’est franchement pas attirée. Il faudra un jour essayer Mickaël Toudic pour lui filer.

La Saboterie de Léon, Place de l’Évêque à Saint-Pol-de-Léon. www.sabot-breton.com/

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