VDe l’extérieur, le garage de Michel Perpigna ressemble à celui de Monsieur Tout le monde. Mais lorsque cet homme de 83 ans nous ouvre les portes, nous nous retrouvons transportés au cœur de l’Egypte ancienne. Voici une saisissante réplique du tombeau de Néfertari, reine d’Egypte qui vécut au 13ème sièclee siècle avant JC. Une œuvre unique que ce peintre et restaurateur a réalisé seul, en prenant soin de reproduire chaque détail du site original.
La dernière demeure de la grande épouse royale de Ramsès II a été découverte en 1904 par l’archéologue italien Ernesto Schiaparelli. Cent ans plus tard, en 2004, Michel Perpigna entreprend de le reproduire à l’identique. Une œuvre pharaonique qui ne lui aura pris que quatre ans. Dans le garage de sa maison de Magescq, aujourd’hui galerie Thot, sont exposés les murs et le plafond des deux pièces principales du tombeau de la reine d’Égypte, aux deux tiers de leurs dimensions d’origine. L’été dernier, à l’occasion du 120e anniversaire de la découverte du tombeau de Néfertari, ce passionné d’égyptologie a eu la chance de voir son travail exposé à la médiathèque Mériadeck de Bordeaux. Plus de 2 000 visiteurs sont venus le voir.
“J’ai encore tout à apprendre”
Armé de son bâton en forme de sceptre antique qu’il a fabriqué lui-même, Michel Perpigna détaille un à un les secrets de chaque fresque et la signification de chaque hiéroglyphe. Aux yeux des visiteurs, l’expert semble n’avoir rien à envier à Jean-François Champollion, le linguiste français qui, au XIXee siècle, réussit à déchiffrer l’écriture des Égyptiens. Mais le Magescquois préfère rester humble : « J’ai encore tout à apprendre, même si j’ai déjà beaucoup appris. »
L’homme avait 42 ans lorsqu’il se rendit en Égypte pour la première fois. Fasciné par l’histoire des pharaons depuis l’enfance, il visite le tombeau de Néfertari, sans savoir qu’en entrant dans ce lieu, c’est tout le cours de son existence qu’il s’apprête à modifier. « En sortant de là, je me suis tout de suite dit qu’il fallait que je reproduise ce que je venais de voir, raconte l’octogénaire, c’était une évidence. » A son retour en France, il prend des cours pour apprendre à lire les hiéroglyphes et perfectionne son art pour réussir à reproduire au mieux « le trait parfait » des Égyptiens.
-Partagez vos connaissances
D’autres créations du restaurateur sont actuellement exposées à la médiathèque Magescq. Parmi eux se trouve un saisissant bas-relief de Cléopâtre VII, sculpté à la main dans des plaques de plâtre. Il s’agit de la première œuvre liée à l’Egypte ancienne réalisée par Michel Perpigna. Il est accompagné de peintures et reproductions de papyrus dont l’octogénaire prend soin d’expliquer lors d’ateliers organisés par les équipes de l’établissement municipal.
Jamais lassé de transmettre son savoir, le Magescquois souhaiterait que davantage de jeunes s’intéressent à l’histoire de l’Egypte ancienne. « Il y a certains enfants qui sont vraiment passionnés par cette civilisation, dit l’octogénaire, des étoiles dans les yeux, c’est fascinant de voir tout ce dont ils se souviennent, les noms des dieux, des pharaons, les scènes de la mythologie. »
L’œuvre de Michel Perpigna semble aussi vaste que les secrets des pharaons et l’homme ne compte pas s’arrêter. « Même si j’avais vécu jusqu’à 140 ans, je n’aurais pas accompli 10 % de ce que je voulais faire », dit-il. De la petite stèle à la lampe personnalisée avec prénoms inscrits en hiéroglyphes, des reproductions de bijoux des rois égyptiens aux peintures magistrales, le Magescquois passe ses journées à matérialiser sa fascination pour l’Egypte. Bien qu’il parle de sa passion avec le plus grand sérieux, il est difficile de ne pas voir en lui une âme d’enfant qui refuse de cesser de rêver de pyramides et de pharaons.