Sandrine Pissarra, la mère, et son compagnon, Jean-Michel Cros, comparaîtront à partir de ce lundi 20 janvier aux assises de Montpellier après la mort de la petite fille privée de soins et maltraitée.
Le 6 août 2020, les gendarmes de Pézenas doivent intervenir, rue Jean-Jacques-Rousseau, à Montblanc. Le médecin qui s’est rendu au chevet d’une jeune fille de 13 ans vient de délivrer un obstacle médico-légal. Une petite fille est morte d’un arrêt cardiaque, mais surtout elle est anormalement maigre et porte des traces de violences. C’est le début de l’affaire Amandine. Quelques mois d’enquête vont mettre en lumière le paroxysme de cruauté commis par une mère et son compagnon. La mère et le beau-père d’Amandine seront arrêtés et incarcérés après leur mise en examen le 27 mai 2021.
Sandrine Pissarra, 55 ans, la mère de l’adolescente et son compagnon, Jean-Michel Cros, 50 ans, doivent, dès lundi, répondre de leurs actes devant la cour d’assises de l’Hérault. La mère est accusée d’actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention, mais aussi d’actes de violences commis sur la jeune fille de 13 ans. Le beau-père, de la privation de soins et de nourriture entraînant la mort.
L’enquête va peu à peu révéler le calvaire d’Amandine. Un témoignage accablant. Privation de nourriture, de soins, violences, humiliations furent le quotidien des derniers mois de la vie de l’adolescente. Six mois avant son décès, le médecin d’Amandine n’a rien détecté d’anormal chez sa patiente. Lors d’une audience, la mère a assuré aux enquêteurs qu’elle n’avait pris conscience de la perte de poids de sa fille qu’« une semaine avant son décès ».
1,55 m pour 28 kg à 13 ans
Cependant Sandrine Pissarra insiste sur le fait « que sa fille se trouvait trop grosse et qu’elle refusait de manger. C’était une menteuse, une voleuse qui ne supportait pas l’autorité ». À l’opposé de ce que décrivaient ses camarades qui la trouvaient « radieuse, ensoleillée, proche des autres ».
Les conclusions du pathologiste seront définitives. “La personne décédée à l’âge de 13 ans a dû être victime d’une grave négligence de la part de son environnement familial pour atteindre un tel niveau de perte de poids et d’hygiène.”
Dans ce même rapport, on peut lire qu’Amandine « est décédée de mort naturelle, mais suite à un trouble du rythme cardiaque secondaire à un état d’émaciation (1,55 m pour 28 kg) associé à une septicémie et des escarres ». Un syndrome d’émaciation est le constat d’une maigreur alarmante, souvent liée à une pathologie grave comme le SIDA et le cancer ou encore, très souvent, l’anorexie.
-“Ma mère ne veut pas que je sois heureux”
La scolarité d’Amandine sera également étudiée par les enquêteurs. Une infirmière scolaire évoquera des blessures douteuses sur la petite fille. Un conseiller pédagogique expliquera que les camarades de classe d’Amandine l’avaient alertée sur d’éventuelles maltraitances. Elles avaient été démenties par l’adolescent. Une assistante sociale parlait de vol… de nourriture. Amandine lui aurait expliqué qu’en cas de punition, elle serait privée de nourriture.
Une amie d’internat a confié à la rédaction de Midi Libre qu’Amandine était une élève assidue mais turbulente. Pleine de vie et parfois renfermée sur elle-même. « Lorsqu’on lui a demandé des explications, Amandine a confié qu’elle avait vécu des actes de maltraitance de la part de sa mère et de son beau-père. Elle m’a dit que sa mère voulait qu’elle parte parce qu’elle ne voulait pas qu’elle soit heureuse… »
Amandine enverra, en plein confinement, un dernier message à une amie le 30 avril. Puis plus rien.
“Leur version offense Amandine”
Mon Florian Medico et Luc Abratckiewicz défendront les intérêts de Frédéric Florès, le père d’Amandine. S’ils n’ont pas à se prononcer sur la peine, ils attendent que l’accusé se rende enfin.
« Nous attendons que les gens arrêtent de contester l’incontestable. Soyons clairs, nous attendons une grande avancée pour la mémoire d’Amandine. Il faut qu’ils arrêtent de dire qu’ils n’ont rien vu. Cela suffit. Ils avaient des caméras pour surveiller le petit, des vidéos en main depuis juillet Non, stop ! Amandine est morte lentement dans d’atroces souffrances et ils en sont les seuls responsables. cet enfant. C’est une véritable torture qu’on ne souhaite même pas à un animal. Et dans tout ça, Cros vient nous dire qu’il aimait Amandine comme sa fille. Mais qui peut croire que tout allait bien. une aberration. Leur version est une ultime souffrance, une offense pour Amandine, pour son père aussi.