l’essentiel
Dans le village de Bordes-sur-Arize, en Ariège, Malika transforme des bâches inutilisées en bijoux uniques sous sa marque Aelika Création. Inspirée par ses voyages et la nature, cette artisane de 38 ans valorise le recyclage avec créativité et souci du détail, attirant ainsi une clientèle intergénérationnelle…
L’histoire créative de Malika trouve ses racines au plus profond de son jardin, dans le charmant village de Carla-Bayle. C’était il y a presque dix ans. « Avec mon partenaire, nous souhaitions créer un étang naturel. Pour ce faire, nous avons utilisé une bâche habituellement utilisée pour les toitures végétalisées. En voyant les chutes, j’ai eu envie de donner une seconde vie à ce caoutchouc resté inutilisé… »
Ce simple morceau de bâche a en effet suffi à réveiller l’esprit créatif de cette jeune maman, qui a ensuite quitté l’hôtellerie-restauration pour se consacrer pleinement à sa marque Aelika Création, fondée en 2018. Désormais installée dans sa nouvelle maison au bord de À l’Arize, à Bordes-sur-Arize, l’artisane de 38 ans façonne, avec « ses petites mains », des modèles uniques ou de très petites séries de boucles d’oreilles, des colliers, des bracelets, et même des sacs à partir de bâches. Une démarche d’éco-création où elle aime mélanger les matières.
Après avoir nettoyé le caoutchouc, elle ajoute des chaînes et des charms en bronze, dans un style à la fois ethnique et éthique. “Certaines clientes préfèrent les créations sobres et minimalistes, tandis que d’autres recherchent des pièces plus originales et visuelles”, explique Malika, qui ajoute : “Avec le noir, on peut jouer sur tous les styles, aussi bien l’élégance, le côté bohème ou le côté plus minimaliste.”
Ses sources d’inspiration ? Ses nombreux voyages, la nature et, il faut l’avouer, un certain goût pour la liberté. « Je souhaite garder cet esprit libre, avec toujours la bâche comme fil conducteur. Mon objectif est de travailler exclusivement à partir de cette matière récupérée, transformée manuellement. J’ai essayé la découpe laser, mais cela ne correspondait ni à mes besoins, ni à mon éthique.”
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« Une élasticité impressionnante »
En plus d’être « super résistante » et dotée d’une « élasticité impressionnante », cette bâche noire présente des reflets naturellement pailletés ou légèrement grisés, apportant une touche de magie supplémentaire à ses créations. « J’aime l’idée de partir d’une matière première et de réaliser un travail minutieux, presque à la manière d’une dentelle, qui consiste à affiner la bâche », confie-t-elle. Et en effet, l’artisane coupe le caoutchouc de telle manière qu’une fine dentelle noire apparaît au fur et à mesure qu’elle travaille. Pour ajouter une touche de couleur, Malika intègre également ses propres coutures.
Bien qu’elle ait un revendeur à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), la plupart de ses matières premières proviennent de ses voisins et clients, qui lui apportent volontiers leurs restes. “Quand je vais sur un marché à Foix ou à Saint-Girons et qu’une dame tombe sous le charme de mes boucles, souvent son compagnon m’écoute et est tout aussi intéressé, surtout pour m’apporter plus tard un peu de matériel !”, plaisante-t-elle.
Même si le projet n’est pas encore tout à fait sur les rails, Malika envisage de diversifier son art. « J’aimerais développer la poterie et travailler l’argile. Créer une collection alliant la robustesse de la bâche et la douceur naturelle de la porcelaine serait un grand défi.
Avec sa démarche, l’artisane prouve que dans un « monde où tout va très vite, où surconsommation, obsolescence programmée et gaspillage sont à l’honneur », on peut sublimer le quotidien à partir de… presque rien.
Et grâce à sa démarche d’éco-création, elle a su séduire une clientèle de tous âges. « Mes créations séduisent aussi bien les jeunes de 18 ans que les plus de 65 ans ! se réjouit-elle avec un grand sourire.