L’air est frais ce samedi 18 janvier à Quintin. Dans les locaux de Pica (Pompier international des Côtes-d’Armor), le café fume. Nadia Georges et Olivier Dallier ont perdu 40 degrés en quelques heures. Mobilisés à Mayotte depuis le 4 janvier, les deux secouristes sont rentrés mercredi 15 janvier au soir en France. Le premier, président de l’association, est médecin urgentiste à Guingamp. Le deuxième, volontaire, pompier volontaire à Lanvollon. C’était son premier départ avec l’ONG. Dix jours au chevet de l’archipel, dévasté mi-décembre par le cyclone Chido.
Parmi les missions de Pica sur place : le soutien médical. Un défi, alors que « toutes les structures de soins ont été balayées », rappelle Olivier Dallier. « La seule solution pour les Mahorais était d’aller à Mamoudzou. Mais tout le monde n’a pas de moyens de transport, ni de ressources financières », précise Nadia Georges. Ainsi, les sauveteurs ont installé leur camp de base à Dembéni, ville côtière située à l’est de l’île, dans une MJC transformée en dispensaire. Ils y ont accueilli 359 pensionnaires en un peu plus d’une semaine. « On ne peut pas voyager avec nos tables, etc. Donc pour les consultations, on a utilisé ce qu’on avait trouvé. Des blocs de béton par exemple », explique le pompier.
Confiné avec 200 personnes
Entre les 48°C de soleil, les fortes pluies et le manque d’eau potable, la situation sanitaire s’est « considérablement dégradée » suite au passage du cyclone. Et le couple raconte des infections digestives ou des bronchiolites causées par la poussière. Les nombreuses blessures surinfectées aussi. « De nombreuses personnes souffrant de blessures mineures n’ont pas pu être soignées après Chido. Pour certains, cela n’aurait nécessité que deux ou trois points de suture. Mais cela aurait pu avoir des conséquences dramatiques», relate le président de Pica, en faisant référence aux amputations pratiquées à l’hôpital de campagne ESCRIM, situé dans la capitale.
Le week-end dernier, la MJC de Dembéni a été transformée en centre d’hébergement pendant le confinement imposé par Dikeledi et ses pluies diluviennes. 200 personnes sont venues s’y réfugier. Le dispensaire a été transféré du rez-de-chaussée au premier étage de ce bâtiment « très impacté par le premier cyclone », « avec des trous dans la toiture partout ». « Les gens ont été traumatisés par Chido. Cette fois, ils se sont mis à l’abri très rapidement. Et puis, c’était rassurant pour eux de savoir qu’il y avait un poste médical sur place. »
-Des conditions « très très dégradées »
Assez rapidement, les sauveteurs se sont également organisés pour venir en aide aux nombreux Comoriens sans papiers, très impactés par la catastrophe. « Ils vivent dans des bidonvilles, sur les collines. Les arbres fruitiers qui leur permettaient de se nourrir sont tous tombés et leurs maisons sont très fragiles, en tôle », explique Nadia Georges. L’équipe de bénévoles monte des raids à destination des habitants de ces bangas. « Nous sommes montés avec notre sac pour faire quelques petits soins ambulatoires. Mais c’était très, très difficile à suivre. » Jusqu’à 140 patients y sont vus par jour.
« La mission de clôture a un rôle quelque peu ingrat. On se dit « Au revoir » alors que la situation sur place est loin d’être réglée, reconnaît le président de Pica. Nous devons partir car notre mission n’est pas d’assurer l’après-urgence. Mais Mayotte partait déjà de conditions très très dégradées. Nous pourrions y rester dix ans… »
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