Les vingt-cinq témoignages ne suffisent toujours pas à faire réagir la direction de France Télévisions. “Le directeur de l’information Alexandre Kara les a écartés car ils sont anonymes”, » raconte l’un des membres de la Société des journalistes de la rédaction nationale de France 3 à l’origine de cette collection.
« Anonyme parce que les gens ont peur. Nous faisons déjà l’objet de harcèlement et de discrimination, les convocations se succèdent”assure encore le SDJ. Rendu public le 22 novembre 2024, ce texte intitulé « la rédaction témoigne » est pourtant accablant pour quiconque se soucie de la santé et du bien-être des salariés au travail.
Problème : “le service de l’information préfère prendre ces témoignages comme des cas individuels plutôt que d’admettre qu’il s’agit d’un problème systémique dû à l’organisation et à la répartition du travail qui ne profite qu’aux journalistes de France 2″, says Georges Pinol, union delegate of SNJ-CGT France Télévisions.
« En termes de perspectives de développement, les journalistes anciennement connus sous le nom de France 3 ne peuvent plus rien prétendre »
Parmi les témoignages déjà présentés, celui de Philippe (prénom modifié) qui fait un constat glaçant : « France Télévisions est devenue un abattoir. J’ai parcouru la planète, les théâtres de guerre, puis du coup, on m’a mis au placard, seulement bon à faire des micros de trottoir. C’est incroyablement violent..
Depuis la fusion des rédactions de France 3 national et de France 2, le mal-être des journalistes anciennement de 3 est palpable, mais ils ne sont pas entendus. Et pourtant “Il suffit de regarder les salaires, il y a un écart de 900 à 1 000 euros entre un ex-France 3 et un ex-France 2 qui ont la même ancienneté. Quand en plus des perspectives de développement, les journalistes anciennement de France 3 ne peuvent plus rien prétendre »dénonce le SDJ.
Côté direction, Alexandre Kara dément tout favoritisme envers les salariés de France 2. Il reconnaît cependant l’existence de la souffrance : “Ce mal-être existe depuis des années mais chez un petit nombre de salariés.” Ces situations qu’il marginalise, il les attribue a “la rupture culturelle qui s’est produite dans la maison lors de la fusion des deux rédactions de France 2 et France 3.” Selon lui, à cette époque, “un petit nombre de salariés se sont en effet sentis dépossédés et dépossédés d’une culture d’entreprise avec la disparition de la rédaction de France 3”.
Pour le directeur de l’information, se pose bien la question du sentiment de déclassement. Mais selon le cadre de France Télévisions, cela ne reflète pas la réalité. Il justifie ce sentiment par le fait que « Le métier de journaliste a beaucoup évolué ces dernières années et pour certains salariés, il a été plus difficile de trouver des adaptations. La conséquence pourrait en effet être un sentiment de dépossession de ses qualifications d’origine.» C’est là que réside le problème : selon la SDJ, Alexandre Kara n’a pas su bien orchestrer la fusion pour que tous les salariés soient pris en compte.
“Ce qu’on attend, ce sont des actes forts”
La sociologue du travail Danièle Linhart, ancienne membre de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom Orange, a étudié le dossier des témoignages du SDJ. Basée sur ses premières impressions, cette collection reflète « le mépris affiché à l’égard de la gestion et de l’engagement professionnel de ces journalistes qui se consacrent depuis des années à un certain type de journalisme. Mais du jour au lendemain, leurs missions ont été redéfinies sans qu’ils soient consultés ».
Selon le sociologue, « le temps nécessaire pour trouver collectivement des solutions n’a pas été pris ». Danièle Linhart n’hésite pas à comparer la brutalité du changement à la situation vécue à France Télécom : « Lorsqu’il s’agissait de mutations d’agents, la direction imposait des changements de carrière sans concertation et au mépris total des compétences et de l’utilité sociale des salariés. »
The current president of France Télévisions, Delphine Ernotte, experienced the situation at France Télécom and in fact “elle apparaît particulièrement attentive et préoccupée. Mais maintenant, ce que nous attendons, ce sont des actions fortes, lancer le SDJ, Si rien ne se passe, nous comptons faire remonter d’autres témoignages qui continuent d’affluer ».
Soutenu par les syndicats de France Télévision dans son entreprise pour défendre la santé des salariés, la demande d’un CSE extraordinaire a été formulée. Une date est attendue pour début février. Alexandre Kara s’engage à y participer. Objectif : faire voter un avis d’expert par un cabinet indépendant qui rencontrera chaque collaborateur individuellement afin de confronter le management à la réalité et à la nécessité d’un plan d’action. En revanche, Alexandre Kara affirme travailler déjà individuellement avec les salariés qu’il a identifiés en situation de détresse pour trouver des solutions d’orientation et de formation.
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