En 2017, les sacs plastiques à usage unique ont été interdits. Huit ans plus tard, où en sommes-nous ? Ces emballages jetables ont-ils vraiment disparu ? En parcourant les marchés de Tours, le constat est sans appel : la grande majorité des commerçants vendent des sacs. Dans les rayons, on en trouve des compostables domestiquement ou industriellement, des biodégradables ou des vierges. Certains sont contraires à la loi, d’autres non, mais tous sont nocifs pour l’environnement.
Le mardi, sur le marché de la place Saint-Paul, les sacs plastiques vivent belle vie. Normalement interdits depuis 2017, certains commerçants les proposent néanmoins. « Nous avons gardé l’habitude des sacs en plastique. » explique Monsour, un détaillant de fruits et légumes qui, lorsqu’il s’adresse à un client, lui propose immédiatement un sac « réutilisable ». Pour bénéficier de cette mention, il doit mesurer au moins 50 microns.
Logos trompeurs
Autres sacs “biodégradable” à la disposition des clients, accrochés bien en évidence aux poteaux du stand, ont retenu notre attention. De couleur bleue, ils paraissent très épais et dans les mains ils ont la même texture que le plastique. “Celui-ci n’est pas bon.” Le logo est OK Compost, pour le compostage industriel, et non le logo OK Compost Home, qui est pour le compostage domestique.certifie David Violleau, chercheur à l’université de Tours, spécialiste des questions environnementales. “Il y a un tas de logos dessus”poursuit celui qui est également vice-président de l’association Zéro Déchet Touraine.
Les commerçants en première ligne
Un autre vendeur de Saint-Paul, qui a souhaité rester anonyme, explique : « Un fournisseur vient au marché et nous lui achetons les sacs. Les clients les réclament. » De nombreux sacs semblent encore conformes. Sur le marché de la place de Strasbourg, les clients emballent leurs légumes avec les sacsAlain Bresson. “On n’a pas le choix, il faut utiliser ces sacs”confie le maraîcher de 65 ans. “Biodégradable”nous pouvons lire. Jacques, client, n’avait jamais remarqué cette spécificité : “Je les mets dans la poubelle jaune, dans la poubelle recyclable” dit-il.
Des sacs pas vraiment écologiques
« Ces sacs se dégradent sauf qu’ils doivent contenir 60 % de matières biosourcées. Et quand j’entends ça, je vois surtout le contraire, c’est-à-dire 40 % de matières issues du pétrole », insiste le professeur chimiste de formation.
Selon un décret de 2016, en janvier de cette année 2025, le taux minimum passe de 50 % à 60 %. Cette réglementation ne prévoit pas de continuer à intégrer davantage de matériaux biosourcés. Pour David Violleau, le problème c’est que ces sacs « sont fragmentés et on ne les voit plus. Pourtant, il reste encore 40 % de microplastiques dans le sol. »
« J’aurais du mal à les mettre dans mon compost, surtout s’il y a des plantes avec. Je crains que ces sacs ne servent d’alibi à la poursuite de pratiques qui devraient être éliminées. La question fondamentale est avant tout pourquoi continuons-nous avec des produits jetables ? »s’inquiète Alain Blanchet, vice-président de Sepant (1), qui milite pour la réduction des déchets.
(1) Sepant est une association loi 1901 dont l’objectif est de préserver les milieux naturels de Touraine et d’agir contre les atteintes à l’environnement.