Visite discrète de Yaël Braun-Pivet, amputations en série ou encore mise à l’abri précipitée à l’annonce de la tempête Dikeli… étaient au programme du deuxième détachement sur l’île, dans le cadre du déploiement de l’hôpital de campagne d’Escrim, de 29 pompiers gardois. . On fait le point ce lundi 13 janvier avec le colonel Michel Cherbetian, 24 heures avant son retour en France métropolitaine.
A peine un mois après le passage du cyclone Chido, Mayotte a subi de plein fouet la tempête tropicale Dikeli ce week-end. Ce nouvel événement climatique a-t-il eu un impact sur le fonctionnement de l’Escrim, l’hôpital de campagne du Gard déployé à Mamoudzou depuis le 24 décembre ?
Assez. L’arrivée de cette tempête nous a obligé vendredi 10 janvier dans l’après-midi à procéder au démontage complet de l’hôpital mobile, pour abriter d’urgence notre personnel et notre matériel. Le jour de la visite chaleureuse et discrète de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, nous avons été contraints de suspendre les soins qui, jusque-là, étaient prodigués à plus de 200 patients chaque jour. En seulement 16 heures, 70 tonnes de matériel médical ont été abritées dans quatre conteneurs qui nous ont été livrés par voie aérienne par la sécurité civile, et dans une zone refuge contre les cyclones où notre personnel s’est également retiré. : les vestiaires situés sous les tribunes en construction au stade Cavani, sur les hauteurs de Mamoudzou.
Jusqu’à l’arrêt forcé de son activité vendredi dernier, quels étaient les soins prodigués dans l’hôpital de campagne ?
Sous la direction d’un médecin militaire de la sécurité civile, les professionnels de santé mobilisés depuis deux semaines ont dû dans un premier temps gérer les traumatismes résultant de la violence du cyclone (fracture, foulures, blessures de toutes sortes). Un psychologue du Sdis 30 a quant à lui assuré la poursuite de la prise en charge des personnes en état de choc. De nombreux enfants muets depuis le 14 décembre (date du passage du cyclone Chido sur l’île) ont retrouvé la parole suite à leur consultation.
Deuxièmement, les médecins, chirurgiens, anesthésistes, techniciens radio et autres infirmiers mobilisés sont responsables de toutes ces pathologies induites par la phase de reconstruction entamée après la catastrophe. Résiliente, la population mahoraise la plus précaire s’est très vite attachée à reconstruire son habitat précaire. Les ruptures du talon d’Achille, les coupures sévères et les plaies infectées, notamment dues à la très forte humidité, se sont alors produites en nombre. Jusqu’à l’interruption des soins vendredi dernier, quatorze opérations en bloc en moyenne étaient réalisées par les chirurgiens et anesthésistes d’Escrim.
Dernière, et peut-être la plus lourde : les amputations. Le diabète, certainement dû à une mauvaise alimentation, est un fléau sur cette île. Cependant, les plaies s’infectent plus rapidement et plus gravement chez les patients diabétiques. Dans ces conditions, le personnel médical a été contraint de procéder à pas moins d’amputations de quatre pieds en deux semaines.
Dès 15 heures, heure locale, le lundi 13 janvier, l’alerte rouge a été levée. Avec la tempête Dikeli derrière vous, quand espérez-vous reprendre les soins au profit de la population locale ?
Il y a encore quelques heures, nous espérions qu’Escrim serait de retour en action ce mercredi 15 janvier. Malheureusement, la force du vent, qui reste très intense, nous a obligé à reporter le remontage de l’hôpital de campagne. La déception est grande pour tous les pompiers et professionnels de ce deuxième détachement qui quitteront définitivement l’île ce mardi 14 janvier. Nous espérions rendre l’hôpital à nouveau opérationnel avant l’arrivée du troisième détachement qui, sous la direction du commandant Patrice Dusserre , prendra le relais à partir de mercredi. Mais en raison des conditions météorologiques, cela ne sera pas possible.