comment les Sybelles sont devenues le quatrième domaine skiable de

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comment les Sybelles sont devenues le quatrième domaine skiable de France

Les Sybelles. Un nom qui semble tout droit sorti d’un conte de fée. La vue est en effet enchanteresse lorsque l’on se rend aux « 3 Lacs », point culminant de ce domaine skiable des Alpes : 2620 mètres. A l’est, un vaste plateau, l’Ouillon, dévoile son manteau blanc. Puis des crêtes, celles de la Grande Casse et du massif de la Lauzière, dominent un paysage presque lunaire. Au loin, le regard rencontre aussi, inexorablement, l’imposant Mont Blanc… Vers le sud, la barrière de Belledonne déploie ses innombrables crêtes. Un sommet, l’Etendard, culminant à 3465 mètres dans le massif des Grandes Rousses, déchire le ciel comme pour mieux marquer la limite des vallées de l’Oisans et de la Meije, identifiables à ses crêtes et ses glaciers.

Point d’orgue de ce spectacle enneigé : trois « dents » émergent des sommets. Les aiguilles d’Arves, emblème du domaine Sybelles. Incontournable. Et en contrebas de ce paysage coule une rivière, l’Arvan, qui traverse deux stations indissociables, également dans le domaine des Sybelles : Saint-Jean d’Arves et Saint-Sorlin d’Arves. Voilà pour le panorama. Mais quittons un instant les sommets enneigés du domaine pour redescendre vers ces deux villages, et ainsi mieux comprendre l’histoire des Sybelles…

Quelles sont les meilleures stations de ski des Alpes ?

Depuis 1937, une volonté de relier ces villages isolés

Que sont exactement les Sybelles ? Le quatrième domaine skiable de , qui s’étend sur environ 400 hectares, situé dans le massif des Arves, en Maurienne. Géographiquement, nous sommes en Savoie, à la frontière de l’Isère et des Hautes-Alpes. Mais Les Sybelles, c’est avant tout une alliance de six villages et stations : Saint-Sorlin d’Arves, Saint-Jean d’Arves, La Toussuire, Le Corbier, Les Bottières et Saint-Colomban-des-Villards. Autant de portes d’entrée différentes pour pénétrer dans ce grand domaine comprenant 136 pistes de ski (310 kilomètres), et dont l’épicentre est le plateau de l’Ouillon, sorte de « plateforme » du domaine des Sybelles. Un paysage plein de vallons, de vallons et de sommets rocheux.

Relier les villages de villégiature est une idée qui n’est pas nouvelle. Si les remontées mécaniques sont apparues en 1937 sur l’alpage de La Toussuire (un parc de remontées mécaniques qui a cessé de s’agrandir de la fin des années 1930 aux années 1970, notamment avec la création de la station du Corbier en 1967), une première liaison partait de ces terres montagneuses. en 1975, où les premières ascensions mécaniques voient le jour entre les villages de Bottières et La Toussuire.

«On peut considérer que c’est le début du projet Sybelles»» précise Aurélie Guyomarch, responsable de la communication des Sybelles. Cinq ans plus tard, un téléski reliait deux autres villages du territoire : Saint-Jean d’Arves et Le Corbier. La toile commençait donc à prendre forme… Mais il n’était pas encore question d’une liaison inter-village via le plateau d’Ouillon. Pour cela, il a fallu convaincre la commune de Saint-Sorlin d’Arves, village historique de la vallée de l’Arves, à laquelle appartenait Ouillon. Mais la ville était initialement réticente à accepter cette idée… Pourquoi alors ? Il faut flâner dans ce village, situé à 1 550 mètres d’altitude, pour trouver les réponses… cachées dans son patrimoine.

Les premiers refuges des Sybelles. © Charles Brunet

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Saint-Sorlin d’Arves, fer de lance patrimonial du domaine

Saint-Sorlin, accessible en train jusqu’à Saint-Jean-de-Maurienne, puis en bus, est un village croquignolet traditionnel. Bien ancré dans les valeurs pastorales et la foi catholique. Rattaché depuis le VIe siècle au diocèse de Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Sorlin fut un jour français, un autre piémontais (comme la Maurienne, une des six provinces historiques de Savoie, qui, du XVIIIe au XIXe siècle , fut le jouet d’alliances et de conquêtes incessantes entre la France et le royaume de Piémont-Sardaigne).

Pendant longtemps, la ville vécut uniquement de l’agriculture et de l’élevage. En témoigne l’actuelle Fromagerie Coopérative de la Vallée des Arves, située dans le village, qui collecte et transforme le lait des agriculteurs des communes environnantes en un fromage local : le Beaufort (aujourd’hui classé AOP). Autre témoin de cette histoire pastorale, l’église du village, du nom de Saint-Saturnin, protecteur des brebis. Construite en 1658, elle est typique des églises et chapelles de Maurienne. Baroque à souhait, son exubérance s’inscrit dans la lignée de ces édifices religieux construits lors de la Contre-Réforme (fin XVIIe-XVIIe siècles) pour affirmer la supériorité du catholicisme sur la Réforme de Luther et Calvin. Posé sur une butte et entouré d’un cimetière, son intérieur baroque a été financé par les habitants du village grâce à la vente de leur Beaufort !

“Le retable aurait coûté une centaine de vaches”dit Aurélie Guyomarch. A Saint-Sorlin, d’anciennes fermes, aujourd’hui habitations typiques de la Maurienne (façades en pierre habitées sur deux étages, grenier en bois couvert d’un toit en pente avec de grands auvents), témoignent également de ces activités agricoles dans ce village, qui, à l’origine, était fait composé de 14 hameaux. Les habitants étaient menuisiers, cordonniers, tisserands… Ils vivaient au rez-de-chaussée, avec les animaux, pour se chauffer. A l’étage, grâce à une ouverture sous la pente du toit, étaient stockés céréales, foin, paille… Lors des fêtes de village, les femmes portaient de splendides costumes colorés, tous brodés (certains sont exposés dans l’émouvant et poussiéreux musée de la Vie d’autrefois, situé dans l’ancien presbytère du village). Jusqu’au milieu du XIXème siècle, Saint-Sorlin connut, grâce à la vie agricole, une population importante, malgré des difficultés constantes : pillages, inondations, avalanches, coulées de boue, incendies (39 maisons furent incendiées en 1897, etc.) mais aussi épidémies, comme celle de la peste, en 1630, qui décima la population maurienne.

Entre 1984 et 2003, vingt ans d’embûches avant la naissance des Sybelles

Et le ski dans tout ça alors ? À Saint-Sorlin, nous avons commencé à fabriquer des planches de bois pour la glisse en 1905. Puis nous avons créé un club de ski en 1932. »Les remontées mécaniques n’existaient pas encore et on montait à la force des mollets. »explique Aurélie Guyomarch. Puis apparaissent les remontées mécaniques, de la fin des années 30 à la fin des années 70… « Une étape décisive fut franchie en 1984, lorsque Saint-Jean d’Arves, Le Corbier, La Toussuire et Les Bottières furent reliés, non pas par l’Ouillon, mais via une vallée environnante »» précise Samuel Leroux, directeur général adjoint du domaine. De quoi rassurer les plus sceptiques sur ce projet. Mais le plateau de l’Ouillon, situé à 2431 mètres, restait encore l’objectif premier de cette interconnexion. Le problème est que Saint-Sorlin était, à l’époque, plus réceptif à une liaison avec une autre station, située un peu plus loin : L’Alpe-d’Huez. Est-ce la crise qu’ont connue les stations de la vallée de l’Arves dans les années 1990 (effondrement de la valeur foncière, manque de neige) ? Est-ce la popularité des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992 ou la construction d’une autoroute en Maurienne ? Saint-Sorlin comprend néanmoins qu’un projet lié à Ouillon est stratégique pour la Maurienne. En 1994, la commune s’associe donc à la création d’une Nouvelle Unité Touristique (UTN), procédure obligatoire pour tout nouveau projet de tourisme de montagne. Il a fallu près de dix ans de combats et de négociations politiques pour parvenir à un accord. Le nom du domaine a été trouvé en 1998 : Sybelles, reflet de six belles stations. En 2003, Saint-Sorlin d’Arves est relié à l’ensemble du domaine par Ouillon.

Depuis plus de 20 ans, Les Sybelles, dont la clientèle est majoritairement française et familiale (le forfait Sybelles représente 90 % des forfaits vendus pour un séjour d’une semaine), renouvelle constamment son équipement de 68 remontées mécaniques. (remontées mécaniques, télésièges, téléphériques…) afin de réduire les temps de trajet pour atteindre les hauteurs du domaine. Aujourd’hui, l’écologie impose que les décisions écoresponsables soient prises en priorité. « Nous voulons atteindre la neutralité carbone d’ici 2037 »affirme Samuel Leroux. Comment faire ? « Depuis 2019, 100 % de l’énergie utilisée par les remontées mécaniques est produite par énergies renouvelables et nous avons réduit la consommation de matériel de toilettage de 20% grâce aux nouvelles technologies », ajoute-t-il. Le défi de demain ? Réduire drastiquement la production de neige artificielle, que le grand public appelle neige artificielle. « Car sous la neige il y a des pâturages et nous les conservons »conclut Samuel Leroux. « Nous souhaitons que le territoire des Sybelles reste un lieu aussi apprécié des skieurs en hiver que de biodiversité en été. » Un message qui ne peut que séduire Saint-Sorlin d’Arves, où l’église Saint-Saturnin, du nom du protecteur du mouton, semble assurer plus que jamais cet équilibre entre tourisme et tradition.

 
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