Écrit par Margot Desmas et Ingrid Pernet-Duparc
Alexandre De Oliveira, infirmier responsable des urgences à l’Hôpital Privé des Pays de Savoie, fait partie des victimes de l’attentat survenu le 8 janvier. Il revient sur cette violente bagarre qui a fait une dizaine de blessés soignants.
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En blouse blanche devant le service des urgences, Alexandre De Oliveira porte toujours un pansement au poignet droit. Les séquelles de l’attentat survenu mercredi 8 janvier à l’Hôpital Privé des Pays de Savoie (HPPS) à Annemasse, en Haute-Savoie. Quatorze soignants des urgences ont été impliqués à des degrés divers, dont sept blessés physiquement qui ont été soumis à une ITT pendant 7 à 15 jours.
« Je ne suis que la face visible des agressions physiques. Tout le monde est concerné et c’est extrêmement compliqué pour nous en ce moment »assure l’infirmière responsable des urgences au HPPS. Ses souvenirs de l’attaque restent vagues tant la situation a dégénéré si soudainement, alors que les secours fêtaient Noël ce soir-là.
En un instant, l’un des patients « Devenu physiquement violent, le discours s’est complètement fermé et la violence a pris le dessus »il se souvient. Alexandre De Oliveira a alors tenté de le conduire hors de la zone sécurisée des urgences afin de mettre en sécurité l’équipe soignante et les autres patients. Mais l’un des agresseurs s’en est pris à une infirmière du service.
Dans le feu de l’action, en séparant l’accompagnateur du patient de mon collègue, je me suis retrouvé au milieu de tout cela. Ensuite, j’ai été jeté à terre et battu.
Alexandre De Oliveira, infirmier responsable des urgences à l’HPPS
« Cela a pris une tournure complètement disproportionnée avec le patient et son compagnon qui en sont venus aux mains »il se souvient. « Dans le feu de l’action, en séparant l’accompagnateur du patient de mon collègue, je me suis retrouvé au milieu de tout cela. Puis j’ai été jeté à terre, sévèrement battu. »raconte l’aide-soignante, victime d’un traumatisme au poignet et de multiples contusions, notamment à un œil.
Le patient a été classé en catégorie 3 par les secours, nécessitant une prise en charge dans les 15 minutes. « Nous étions parfaitement à l’heure et la prise en charge de ce patient a été optimale »assure Alexandre De Oliveira. Les suspects, deux frères âgés d’une trentaine d’années, ont pris la fuite à bord d’une voiture après l’attaque. Ils ont été interpellés jeudi midi et placés en garde à vue.
« Nous avons toujours été confrontés à des violences, au moins verbales, et toute l’équipe des secours sait la gérer au quotidien. Il faut savoir expliquer au patient pourquoi il attend et pourquoi une personne passe avant une autre. C’est quelque chose de pédagogique que l’équipe fait extrêmement bien et qui apaise les tensions en 95. % de cas. Les violences physiques restent rares.souligne-t-il.
Le ministre de la Santé Yannick Neuder s’est rendu ce samedi à l’hôpital privé des Pays de Savoie puis au Centre Hospitalier des Alpes-Léman, alors que les hôpitaux de Haute-Savoie font face à une sombre série d’attaques.
« On ne peut pas avoir un système de santé qui ne prend pas soin de ses soignants et qui ne protège pas ses soignants »a déclaré M. Neuder, montrant son désir que les victimes d’agression peuvent porter plainte “sous forme d’anonymat”au nom de leur établissement de santé, afin d’éviter “qu’il y ait des représailles contre les soignants eux-mêmes, leurs familles, leurs enfants, leurs parents.”