Les six stations de montagne de la Drôme, de moyenne altitude, doivent repenser leur offre pour que leur modèle économique ne repose plus uniquement sur un enneigement devenu très incertain. Cédric Frémond, directeur des Stations de la Drôme, fait le point sur la situation.
Chaque été, les stations de la Drôme connaissent un essor grâce à des activités de pleine nature qui attirent un large public, considérant la montagne comme un refuge climatique. Mais ces mêmes stations doivent repenser leur offre durant la période hivernale. Aujourd’hui, c’est le principe même de leur gouvernance qui leur permet de garder la tête hors de l’eau. ” Historiquement, dans la Drôme, les sites étaient gérés en gestion directe ou par des syndicats mixtes, la seule station « départementale » ayant longtemps été Font d’Urle. Dans les années 2000, le Conseil Départemental reprend l’ensemble des sites dans une logique de service public : éducation aux activités de plein air, avec notamment l’accueil de 25 000 collégiens chaque année, attractivité avec 200 000 entrées annuelles plaçant les stations au troisième rang des sites touristiques de la Drôme, et soutien à l’économie des territoires de montagnee,” explains Cédric Frémond.
Quel est le contenu du plan stratégique des stations ?
Cédric Frémond: Voté en 2022 par l’assemblée du Département de la Drôme, ce plan s’articule autour de trois axes : la consolidation des activités liées à la neige en haute altitude jusqu’en 2045-2050, avec des investissements dans les plus hautes altitudes ; la diversification des activités au fil des quatre saisons et l’ouverture à l’éducation à l’environnement, à la culture et au patrimoine ; enfin, l’amélioration du parcours client et la politique de responsabilité sociale et environnementale.
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
CF : Nous sommes confrontés à deux difficultés : des hivers avec peu ou pas de neige et une crise liée à l’inflation. Nous avons été fortement impactés par la flambée des prix de l’énergie. Une situation qui nous oblige à revoir nos perspectives budgétaires et stratégiques.
Comment pérenniser les gares ?
CF : En hiver, il faut s’adapter en alternant l’ouverture et la fermeture des remontées mécaniques en fonction des conditions d’enneigement. Pour la saison hiver 2022/2023, à la station de Lus-la-Jarjatte, nous avons même opté pour l’ouverture totale des activités estivales afin de compenser l’absence de neige. Ce test nous a permis de mesurer le comportement des utilisateurs. Résultat : nous avons enregistré un chiffre d’affaires en baisse de 30% par rapport à une saison enneigée. L’attractivité des activités estivales en hiver est donc nettement moindre.
Quelles sont vos pistes de diversification ?
CF : Nous réfléchissons au développement d’activités de loisirs liées à la culture et au patrimoine (musées, grottes, etc.). Les activités intérieures vous permettraient de vous échapper des conditions météorologiques. Les sentiers de randonnée ont aussi un potentiel intéressant : cet été, au col du Rousset, 18 000 piétons ont été transportés par le télésiège vers un espace panoramique. Nous nous appuyons également sur des produits multimédias sous la forme d’un jeu d’exploration mêlant patrimoine, histoire et agriculture.
Valdrôme, une station à vendre
Créée en 1985 sous l’impulsion du Plan Neige, située à 1 300 m d’altitude aux portes du Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales sur un site classé Natura 2000, la station de Valdrôme est à vendre. Faute d’enneigement suffisant, l’activité hivernale a été arrêtée en 2015. Face à la nécessité de repenser complètement l’offre sur ce site, le Conseil Départemental a lancé un appel à projets.
Cet article est issu de notre numéro spécial « Champions de la montagneà retrouver ici.