Au plus bas des sondages et renié par certains au sein de son propre camp, Justin Trudeau entame une semaine décisive à Ottawa. Ce dernier a pris le temps, pendant la période des fêtes, de réfléchir à son avenir politique, comme son père l’avait fait une quarantaine d’années plus tôt. Qu’en sortira-t-il ?
Voici un rappel des épisodes précédents et des dates à marquer sur votre calendrier pour ne rien rater de cette saga politique dont plusieurs pourraient avoir lieu cette semaine.
lundi 6 Janvier. Comme vendredi dernier, le premier ministre participera virtuellement à une réunion du comité du Cabinet responsable des relations canado-américaines. Le comité a été réformé après la réélection de Donald Trump et l’un des principaux sujets de discussion lors des réunions jusqu’à présent a été la sécurité des frontières, après que le nouveau président a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens.
Aucune autre activité n’est à son agenda officiel lundi.
A partir du mardi 7 Janvierle Parti conservateur du Canada (PCC) compte présenter fin janvier une nouvelle motion de censure pour faire tomber le gouvernement de Justin Trudeau. La Commission des comptes publics se réunira à partir du 7 janvier pour examiner cette énième motion.
Si la motion est adoptée, le rapport du Comité sera déposé au Parlement le 27 janvier, premier jour où le Comité reprendra ses travaux après les six semaines de vacances. La motion de censure pourra ensuite être soumise au vote de la Chambre des communes à partir de jeudi 30 janvier.
Tous les partis d’opposition ont déjà indiqué qu’ils voteraient en faveur d’une telle motion.
Daniel Thibault fait le point.
mercredi 8 Janvier. Une réunion du caucus libéral fédéral est à l’ordre du jour alors que le Parti libéral du Canada traverse une tempête. La semaine dernière, deux nouveaux députés (l’Ontarien Peter Fragiskatos et le Manitobain Ben Carr) se sont ajoutés à la liste des députés et des caucus régionaux réclamant la démission de Justin Trudeau.
Le premier ministre est dans la tourmente depuis la démission surprise de Chrystia Freeland, ministre des Finances et numéro 2 du gouvernement, le jour même du dépôt de sa mise à jour économique. Celle qui a dirigé les Finances du gouvernement Trudeau pendant plus de quatre ans a confirmé par la même occasion les désaccords qui étaient apparus entre elle et le premier ministre.
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Chrystia Freeland n’est plus ministre des Finances et vice-première ministre du Canada depuis le 16 décembre 2024. (Photo d’archives).
Photo : Associated Press / Sait Serkan Gurbuz
M. Trudeau venait de lui demander de céder sa place aux Finances à l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, sur qui plusieurs libéraux comptent pour diriger le pays dans un avenir rapproché.
Pendant que Justin Trudeau est sur un siège éjectable, M. Carney et Mme Freeland s’affairent à mesurer leur soutien respectif au sein du parti. Selon un récent sondage Angus Reid, Chrystia Freeland serait la candidate qui attirerait le plus d’appuis (21 %) pour le APIen cas d’élection. Moins connu, Mark Carney récoltait 14% au moment du sondage en ligne réalisé du 27 au 31 décembre auprès de 2.406 sondés.
Jeudi 9 janvier. Les États-Unis feront leurs derniers adieux à l’ancien président américain Jimmy Carter, décédé le 29 décembre à l’âge de 100 ans. Signe de l’incertitude qui règne sur la Colline du Parlement à Ottawa, on ne sait pas si le premier ministre Trudeau assistera aux funérailles. .
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Justin Trudeau a signé un livre de condoléances en l’honneur de l’ancien président Jimmy Carter le 3 janvier 2025.
Photo : La Presse Canadienne / Justin Tang
De plus, une réunion du caucus libéral du Québec est prévue jeudi. On saura alors si, comme ceux de l’Ontario et de l’Atlantique, le caucus québécois exigera aussi la démission du premier ministre.
Deux scénarios sont possibles à la fin de cette semaine. S’il reste, c’est sa prérogative, le premier ministre Trudeau devra rallier ses troupes et commencer à préparer des élections ce printemps, alors que les partis d’opposition s’efforceront de le faire tomber.
S’il décide de partir, il faudra alors déclencher un processus accéléré au sein du parti pour lui trouver un successeur. Il devra probablement également s’adresser au Bureau du gouverneur général pour lui demander de suspendre les travaux parlementaires en attendant de trouver un remplaçant.
Avec les informations de Daniel Thibault et Alexandre Lepoutre