Fin novembre 2024, le Maroc a détrôné l’Egypte pour devenir la première destination touristique d’Afrique. Selon les chiffres relayés par la presse, le Maroc a enregistré 15,9 millions d’arrivées touristiques à fin novembre, contre 15,7 millions pour l’Egypte sur l’ensemble des 11 premiers mois de 2024. Même si le Premier ministre égyptien prévoit 18 millions de touristes d’ici 2025, grâce au Ouverture du grand musée égyptien et développement des infrastructures, le Maroc semble désormais occuper la place de première destination touristique africaine.
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C’est dans ce contexte que nous revenons sur une récente étude publiée par l’IATA (International Air Transport Association) intitulée « La valeur du transport aérien dans 82 pays ». Cette étude porte sur la contribution du transport aérien au PIB de 82 pays à travers le monde, dont 10 des plus importants pays africains, notamment leaders en la matière.
Les 5 principales contributions au PIB
Selon ce classement, l’Egypte arrive en tête avec une contribution de 21,1 milliards de dollars américains. Cette performance s’explique probablement par le poids important du secteur touristique dans l’économie égyptienne et la présence d’infrastructures aéroportuaires développées.
Le Maroc arrive en deuxième position avec une contribution de 11,2 milliards de dollars. Bien que derrière l’Egypte, cette contribution significative démontre l’importance stratégique accordée au transport aérien dans le développement économique et touristique du Royaume.
L’Afrique du Sud, troisième avec 5,7 milliards de dollars, confirme son statut de destination touristique majeure du continent. La Tanzanie (3,8 milliards) et le Kenya (3,3 milliards) complètent le top 5, mettant en avant le potentiel économique du transport aérien dans ces pays à forte vocation touristique.
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Ce classement reflète les disparités entre les pays africains en termes de développement des infrastructures aéroportuaires, de connectivité aérienne et d’attractivité touristique. Il souligne également l’importance de disposer d’une stratégie cohérente visant à tirer pleinement parti des avantages économiques du transport aérien.
Ainsi, les 5 pays africains où la contribution du transport aérien au PIB est la plus élevée sont l’Egypte, le Maroc, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Kenya.
Opportunités et défis pour Royal Air Maroc
En devenant la première destination touristique d’Afrique en 2024, le Maroc franchit une étape symbolique importante. Ces progrès remarquables du marché touristique africain pourraient bien se traduire à l’avenir par une augmentation de la contribution du transport aérien à l’économie marocaine.
Il existe en effet un lien étroit entre le dynamisme du secteur touristique et celui du transport aérien. Plus un pays attire de visiteurs étrangers, plus la demande de services de transport aérien est forte, qu’il s’agisse du transport de touristes ou de fret lié à l’activité d’hôtellerie-restauration.
Ainsi, en consolidant son attractivité touristique, le Maroc devrait logiquement voir le trafic aérien à destination et en provenance de ses aéroports se renforcer dans les mois et années à venir. Cette augmentation du nombre de passagers et du fret aérien renforcera sans aucun doute les retombées économiques générées par le transport aérien national. Reste à savoir comment la compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM) va capitaliser sur cette dynamique touristique favorable. En tant que première compagnie aérienne du pays, elle est idéalement placée pour bénéficier de l’afflux croissant de visiteurs étrangers. Toutefois, elle devra surmonter plusieurs défis pour profiter pleinement de cette opportunité.
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En les satisfaisant, l’entreprise pourra non seulement renforcer ses performances économiques, mais aussi contribuer activement au rayonnement touristique du Maroc à l’échelle continentale et mondiale.
Au-delà des revenus directs, cette croissance du trafic aérien favorisera également la création d’emplois supplémentaires dans ce secteur stratégique, tout en stimulant les activités connexes telles que l’hôtellerie, la restauration et les services aériens.
«En Égypte, 56 100 personnes sont directement employées dans l’aviation, générant 3,5 milliards de dollars de production économique, soit 0,9 % du PIB total. Au Maroc, 38 000 personnes sont directement employées dans l’aviation, générant 1,1 milliard de dollars de production économique, soit 0,8 % du PIB total.», souligne l’étude de l’IATA.
La taille de l’économie est-elle importante ?
Disons qu’il n’existe pas de corrélation systématique entre la taille de l’économie d’un pays et l’importance de la contribution du transport aérien à son PIB. Des facteurs tels que le développement des infrastructures aéroportuaires, la connectivité aérienne, l’ouverture à la concurrence et l’attractivité touristique jouent un rôle déterminant.
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En effet, des pays comme le Maroc, la Tanzanie et le Kenya, malgré leur économie relativement plus petite que celle du Nigéria par exemple, ont une contribution plus élevée du transport aérien au PIB. Cela peut s’expliquer par une meilleure connectivité aérienne, des infrastructures aéroportuaires plus développées et une stratégie touristique ambitieuse favorisant les voyages. Rappelons que selon l’étude de l’IATA, la contribution du transport aérien au PIB du Nigeria s’élève à 2,5 milliards de dollars. Soit deux fois moins qu’en Afrique du Sud, quatre fois moins qu’au Maroc, voire huit fois moins qu’en Egypte.
La libéralisation du transport aérien en Afrique, en stimulant la concurrence et l’ouverture des marchés, pourrait accentuer l’impact économique de ce secteur. Toutefois, des investissements massifs dans les aéroports, la formation et les infrastructures de soutien seront nécessaires pour récolter tous les bénéfices, souligne l’IATA.
Pour maximiser les avantages économiques du transport aérien, les gouvernements africains devraient adopter des politiques visant à développer des plates-formes aéroportuaires compétitives, à attirer les compagnies aériennes, à promouvoir une saine concurrence et à stimuler la demande touristique. Une vision stratégique à long terme articulant les différents leviers de développement est essentielle.
La valeur du transport aérien dans les 5 principales destinations d’Afrique (en milliards de dollars américains)
Pays | Contributions du transport aérien au PIB | A sonné |
---|---|---|
Egypte | 21,1 | 1er |
Maroc | 11,2 | 2ème |
Afrique du Sud | 5,7 | 3ème |
Tanzanie | 3,8 | 4ème |
Kenya | 3,3 | 5ème |
Source : IATA.