Entre amour et frustrations, Judith, 75 ans, et Moïse, 85 ans, parlent de leur sexualité dans un Ehpad

Judith, 75 ans, et Moïse, 85 ans, ont préféré témoigner sous couvert d’anonymat. Mais « nous n’avons rien à cacher » lorsqu’il s’agit de parler d’amour et de sexualité.

Ils se sont rencontrés il y a dix-sept mois « exactement en avril. Nous étions dehors, il faisait beau. Nous avons parlé. Le 17 juillet, nous avons commencé à nous voir », se souvient Judith, qui vit depuis cinq ans au centre de long séjour Le Panama à Saint-Pierre-le-Moûtier dans la Nièvre. Moïse y a posé ses valises il y a deux ans. Ils se sont immédiatement appréciés. « Nous avons des choses en commun, explique Moïse. Judith confirme : « Nous avons les mêmes idées sur tout ».

Verrouillez la porte avec des clés

Cet amour se développe à travers les mots et les caresses. Dans les couloirs, ils se tiennent la main, s’embrassent. Le couple aimerait aller plus loin. Il regrette de ne pas avoir « d’intimité ». Les soignants et les résidents entrent et sortent.

« Les résidents ne s’en soucient pas », regrette l’octogénaire qui raconte ce moment où sa compagne faisait sa lessive et où quelqu’un est entré. «Nous nous sommes déjà vus nus. Je me déshabille devant lui», explique Judith. Cela frustre Moïse qui a toujours peur que quelqu’un les surprenne.

Ce qu’il veut « c’est une serrure » sur la porte de la chambre de Judith, lieu de leurs ébats amoureux. « Elle est plus grande » que celle de Moïse située au bout du couloir.

« Il a demandé à se rapprocher d’elle car à son arrivée, il habitait au premier étage », intervient Séverine Papin, la neuropsychologue à l’établissement médico-social du groupe hospitalier territorial de la Nièvre. Rien qu’avec ce petit hic « nous pourrions aller au-delà de ce que nous n’avons pas pu faire jusqu’à présent ».

Même s’ils passent la plupart de leur temps ensemble parmi les objets et les souvenirs de Judith, ils ne dorment pas ensemble. « Nous ne pouvons pas, le lit est trop petit. Mais nous le voudrions. Ce qui nous manque, c’est un lit à côté », souligne Judith.

C’est un amour platonique dans un sens, mais nous souhaiterions que ce ne soit pas le cas.

Moïse, qui tient à souligner qu’ils forment un couple de « vieux mariés », plaisante Judith. « Un couple normal », sourit son compagnon qui a pensé à se pacser. Un couple normal qui s’amuse.

« Elle a des couches. C’est quelque chose que je ne connaissais pas mais que je respecte. » Judith est devenue incontinente suite à un cancer. Un cancer qui a emporté la femme de Moïse. « Ma femme m’a dit : ‘Tu dois trouver quelqu’un. Tu ne peux pas rester comme ça. »

Le veuf mettra treize ans pour retrouver l’amour avec Judith. « J’ai eu quelques histoires de pas grand-chose. » « Eh bien, je ne savais pas », répond Judith, elle-même « divorcée deux fois et veuve depuis près de neuf ans ».

Avec son deuxième mari, elle n’a pas eu de relations sexuelles, « il ne pouvait pas ».

 
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