Pour résoudre un problème, il faut d’abord reconnaître son existence.
Les juniors canadiens ont remporté l’or en 2023 (Nouvelle fenêtre) (difficile, en prolongation, encore une fois contre les Tchèques). Cependant, un collègue du site Athlétique
a rappelé ces dernières heures que si le gardien canadien Thomas Milic n’avait pas réalisé un arrêt époustouflant en prolongation contre les Slovaques cette année-là, Connor Bedard n’aurait pas eu la chance de sauver les meubles en inscrivant le but vainqueur et on parlerait de trois quarts-temps consécutifs. -éliminations finales pour le Canada.
En plus de l’élimination subie par les Tchèques cette semaine, les Canadiens ont baissé drapeau contre la Lettonie, un pays où l’on ne compte que 3 700 jeunes joueurs de hockey, lors de la ronde préliminaire. L’équipe dirigée par Dave Cameron a également eu besoin de toute sa monnaie pour vaincre l’Allemagne. Indisciplinée au possible, l’équipe canadienne a également été battue 4-1 par les États-Unis. Les Américains étaient censés être les seuls adversaires viables du Canada dans ce tournoi.
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Disons-le sans détour : en principe, il y a suffisamment de joueurs de hockey de haut niveau au Canada pour former quatre équipes nationales et assurer qu’elles soient toutes compétitives au Mondial junior. Cependant, pour diverses raisons, les matchs qui opposent le Canada à des nations beaucoup moins dotées en talents et en ressources financières prennent désormais des allures de duels épiques dont l’issue dépend du fil du rasoir.
Il convient également de noter que ce déclin survient à un moment où le calibre du jeu au Championnat du monde junior est considérablement réduit par l’absence de la Russie. Les Russes sont exclus des compétitions internationales de l’IIHF depuis 2022 en raison de l’invasion de l’Ukraine.
Bref, il y a clairement quelque chose qui cloche dans le programme canadien. Ce qui s’est passé au cours des deux dernières semaines s’ajoute à l’observation faite dans cette chronique il y a exactement un mois.
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Partout au pays, de nombreuses personnes tentent d’expliquer les difficultés du CJE en cherchant des coupables. Certains accusent les joueurs, ce qui est peu plausible. D’autres pointent du doigt l’entraîneur-chef Dave Cameron, les recruteurs ou les dirigeants de Hockey Canada.
L’équipe junior du Canada a été surprise par la Lettonie lors du match de qualification.
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Pourtant, tous ces gens ont remporté des médailles d’or dans le passé. Ce n’est donc pas en lapidant qui que ce soit sur les réseaux sociaux que l’on va identifier et résoudre le problème. Les raisons qui expliquent ce déclin et ces mauvaises performances sont probablement nombreuses et nécessitent une réflexion approfondie.
Il sera donc intéressant de voir si quelqu’un chez Hockey Canada finit par lever un indice lors d’une réunion et proposer qu’on revoie sérieusement la façon dont nous organisons le hockey et nos équipes nationales. En effet, depuis 50 ans, Hockey Canada se démarque davantage par son inertie que par sa propension à innover.
Par exemple :
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Serait-il approprié d’embaucher un entraîneur à temps plein pour les équipes nationales ? En 2021, Hockey Canada a créé un tel poste pour André Tourigny. La description de poste demandait à Tourigny de diriger l’équipe nationale junior ainsi que l’équipe nationale senior aux Championnats du monde et de faire partie du personnel d’entraîneurs de l’équipe olympique. L’entraîneur a toutefois été embauché par les Coyotes de l’Arizona quelques semaines après l’annonce de Hockey Canada et la fédération n’a pas jugé bon de le remplacer. Plusieurs pays comptent cependant sur des entraîneurs à temps plein pour superviser les progrès de leurs joueurs et établir une cohésion au sein des programmes nationaux.
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Faut-il envisager de créer un programme national permanent de développement pour les meilleurs joueurs âgés de 16 à 18 ans ? Les Américains, qui s’appuient sur un bassin d’acteurs semblable à celui du Canada, le font. Et ils connaissent beaucoup de succès sur la scène internationale, en plus de voir leur nombre de joueurs augmenter constamment dans la LNH.
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Est-il temps de penser à mettre en place un réseau de hockey universitaire digne de ce nom au Canada ? Vingt-deux des 25 joueurs de l’équipe des États-Unis au Mondial junior évoluent dans un programme universitaire et poursuivent leur développement en affrontant des joueurs âgés de 20, 21, 22 et 23 ans. En comparaison, 23 des 24 joueurs canadiens proviennent de Les trois ligues juniors majeures du Canada, où ils affrontent des joueurs âgés de 16 à 20 ans. Le 24e joueur canadien est issu de la Ligue américaine.
Une chose est sûre, il n’y a pas de mal à réfléchir, à être ouvert d’esprit et à être proactif lorsque les résultats ne sont plus satisfaisants sur la scène internationale. Au cours des dix ou quinze dernières années, les Suédois, les Finlandais, les Allemands et les Tchèques y sont parvenus avec succès.
Le hockey international est aujourd’hui beaucoup plus compétitif qu’il ne l’était. Et, évidemment, il n’y a plus beaucoup de pays qui se sentent intimidés à l’idée de fouler la même glace que les joueurs canadiens.
Le temps nous dira bientôt si les dirigeants de Hockey Canada choisissent le statu quo. Dans un tel cas, ils ne devraient pas être surpris de voir leurs équipes continuer de glisser dans les classements internationaux. Lorsque la concurrence est intense, l’inaction équivaut à un retour en arrière.