Mercredi 8 janvier, début d’une nouvelle saison de « Dans les yeux d’Olivier », pour six documentaires qui bouleversent l’humanité.
Olivier Delacroix commence par s’envoyer des fleurs à lui-même et à son équipe : «Je suis très fier de cette saison, je la trouve vraiment très réussie.
L’autosatisfaction venant d’un autre pourrait être considérée comme une vanité excessive et déplacée. Mais la nouvelle saison de Dans les yeux d’Olivier, qui débute mercredi 8 janvier sur France 2 (à 22h45 ou 22h35, pendant six semaines), est bel et bien à mettre du côté des pépites.
De sa voix calme, accueillante et bienveillante, l’intervieweur tend la main plus que le micro, et l’interviewé fait des confidences. « Ce programme nous fait réfléchir sur notre société, toujours avec la même délicatesse», poursuit Olivier Delacroix lors de la conférence de presse de présentation de la saison. Le quatorzième. “Je n’ai rien vu de tel Dans les yeux d’Olivier depuis 14 ans. J’en suis fier.“
Les sujets sont lourds : des victimes collatérales dans les familles de criminels, pour la première diffusion. Puis le suicide, la violence masculine et les crimes sexuels… »Nous y travaillons depuis un an et demi, avant l’affaire Pélicot, autour de la parole de femmes méconnues.»souligne la productrice Katia Maksym, louant «un mot brisé » et des films « empreinte de lumière quand même, la lumière au fond du tunnel« .
Des naissances en douceur
C’est aussi la signature Delacroix : des naissances en douceur. Il ne travaille qu’avec des femmes journalistes qui parlent pour la première fois, avant le tournage : «Les gens ont plus de confiance, les femmes ont une certaine sensibilité, elles sont capables de tout entendre et de convaincre, mes témoins se sentent rassurés.“
Mais que fait l’intrus Delacroix dans ce système ? “J’ai un ADN plutôt féminin et de la délicatesse.» Le mâle importun se trahit parfois : «Mes collègues font un travail fantastique pour les obtenir témoignages. Je dis souvent à Katia « On ne réussira jamais ! ». C’est mon côté enfantin. Et en fait, ils le trouvent. Quelle chance j’ai de faire ce programme ! Je n’aurais pas été l’homme que je suis si je ne l’avais pas fait.
S’il se met discrètement en scène dans les documentaires, le journaliste a accepté d’aller un peu plus loin sur la question du suicide : il partage avec le téléspectateur le suicide de son propre père. « Je ne vais pas vous dire que c’était un film facile à faire. Nous avons beaucoup pleuré. Pleurer est parfois nécessaire. On ne parle pas beaucoup de suicide. Ce film est vraiment magnifique.»
La nécessité, pour lui aussi, d’aller voir un psychologue
Dans les Yeux d’Olivier réserve l’un des témoignages de l’émission à une personnalité : l’actrice Firmine Richard évoque son fils en prison pour meurtre, Michèle Bernier évoque le suicide de sa mère, l’ex-Miss France Maëva Coucke évoque le cybersexisme dont elle a été victime…
Parce que les fusillades sont «dense et nourrissant» mais aussi “essai», Olivier Delacroix a aussi besoin d’être écouté : «Je pense que je vais certainement voir quelqu’un cette année, maintenant.« Il évoque le décès récent d’un proche. « J’ai besoin de me soulager en parlant de ces choses. C’est prévu. Nécessaire« .
D’autant plus nécessaire qu’elle ne se limite pas aux témoignages télévisés. Il travaille sur l’antenne Libre d’Europe 1, du lundi au jeudi de 22h45 à 1h du matin. “Je suis l’ami du soir, le confesseur, la personne avec qui on veut partager, qui donne des conseils.”
Comment vit-il le virage éditorial très à droite d’Europe 1 ? “Ce tour ne m’affecte en aucune façonil avance prudemment. Je ne suis pas là pour juger mes collègues. C’est comme la chanson de Heartache, Chacun fait ce qu’il veut…“
Son premier roman sortira en avril chez Fayard : Journal d’un imposteur.