Le Premier ministre François Bayrou est arrivé tôt lundi 30 décembre à Mayotte, accompagné notamment de Manuel Valls et Elisabeth Borne, ses ministres de l’Éducation nationale et des Outre-mer.
Plus de deux semaines après le cyclone qui a ravagé l’archipel, François Bayrou a prévu d’y passer un peu plus de 12 heures, mais de nombreux habitants pauvres ne voient pas ce qu’une telle visite pourrait changer à leur situation.
A Trévani, au nord de la Grande-Terre, Oumie, 17 ans, vit au sommet d’un bidonville qui tente de se relever depuis la catastrophe. Cette jeune fille vit aujourd’hui parmi les poules et la misère. Cependant, il reste encore deux semaines, “c’était bien” encore une fois, elle dit : « Nous avions de l’eau, de l’électricité, de la nourriture et maintenant nous n’avons plus rien. Le cyclone a tout emporté. Il y avait le salon, là, notre chambre et à côté la chambre de ma mère, la cuisine et la terrasse.
La moitié des meubles s’est envolée. « Je n’ai pas tout trouvé, par exemple le lit et la porte »elle témoigne. Depuis des jours, son père reconstruit le toit au-dessus de leurs têtes comme il peut.
Au ministre, Oumie voudrait demander “Aidez, comme tout le monde, de l’eau, un logement, une maison plus stable, en bon état, puis nous verrons plus tard pour les cahiers, les vêtements, car nos cahiers aussi ont été emportés.”Oumie n’a plus de matériel scolaire. “Ça m’inquiète parce que l’année prochaine c’est le bac, c’est un peu stressant”confie-t-elle.
La jeune fille sait que le président est déjà venu à Mayotte et que des vivres sont en cours de distribution. « Il semble qu’il y ait eu de l’aide. Mais pour nous, non, nous n’avons rien obtenu.assure-t-elle. Avant de glisser : « Nous voulons savoir pourquoi pas nous. Même personne pour savoir si nous allions bien, à part les journalistes. Ce n’est pas de la colère, c’est la vérité.
« Il y avait un hélicoptère qui filmait partout, il voyait tout. Alors pourquoi n’avons-nous rien reçu ?
Le programme des ministres de lundi est centré sur Mamoudzou, ils n’iront donc pas voir Oumie à Trevani. « Ils ont le temps, ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas, c’est qu’ils ne veulent pas venir ici parce qu’ils savent déjà ce qu’on va leur dire. S’ils viennent ici, je demande ce qui se passe, je leur répondrai : « Vous ne voyez pas ce qui se passe ici ? dit-elle, son sourire maintenant fané.
Oumie est née à Mayotte, mais ne sait pas où est son avenir. « Après, ils parlent de délinquants, mais c’est eux-mêmes qui nourrissent les délinquants. Un garçon de 17 ans qui n’a rien est obligé d’aller voler partout parce qu’il n’a rien. Moi, si j’étais un garçon je ferais la même chose, avoue-t-elle, avant de retourner dans les dédales du bidonville pour chercher de l’eau.
Mayotte : le témoignage d’Oumie, 17 ans, au micro franceinfo d’Agathe Mahuet et Gilles Gallinaro
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