S’émergeant très vite comme un phénomène précoce du football sénégalais, Bamba Dieng a connu un début de carrière brillant jusqu’à trouver une place au sein de l’équipe nationale qui a remporté la CAN 2021. Mais depuis son départ de l’Olympique de Marseille en 2023 et son transfert avorté vers Leeds, l’attaquant de 24 ans a du mal à rester droit au but.
Une ascension fulgurante puis une lente carrière. Révélé au public sénégalais lors de la saison 2019/2020 où il a inscrit 12 buts en 14 matches de Ligue 1 avec Diambars, à mi-parcours du championnat sénégalais, Bamba Dieng a progressé à la vitesse de la lumière. Transféré définitivement à l’Olympique de Marseille à l’été 2021, après avoir fait ses preuves avec l’équipe de Marseille B, l’attaquant, passé par les équipes de jeunes de la Sonacos, n’a pas tardé à confirmer son statut de nouvelle pépite du football sénégalais.
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Loin d’être tourmenté par les espoirs placés en lui et sa précocité, le natif de Pikine a gravi les échelons pour se faire une place au sein de l’attaque de l’équipe nationale. Résultat des courses : à 24 ans, il a un palmarès à envier à la plupart des joueurs de son âge. En 20 sélections avec les « Lions » (2 buts), il compte deux participations à la Coupe d’Afrique des nations (2021 et 2023) avec un titre de champion lors de sa première campagne, un autre en Coupe d’Afrique des nations. du monde (2022) avec, en plus, un but inscrit au Qatar où le Sénégal s’est arrêté en huitièmes de finale.
En club, son passage à l’Olympique de Marseille a également été fructueux avec 54 matches (11 buts et 4 passes décisives) et une demi-finale de Ligue Europa Conférence (2022) avec le club de la Canebière. Le parcours d’un champion. Ainsi, après moins de trois ans dans le monde professionnel, une voie royale semblait tracée pour la suite de sa carrière dans le football européen. Mais pour Bamba Dieng, la roue semble avoir tourné lors du mercato hivernal 2023.
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« Son transfert raté il y a deux ans pourrait être la source de ses problèmes »
Alors que son transfert à Leeds United semblait imminent, le Diourbellois a finalement choisi de prendre la route de Lorient où il s’engage pour une durée de quatre ans et demi. Un choix surprenant pour un club habitué à jouer pour se maintenir en Ligue 1 alors que la Premier League anglaise, championnat rêvé de nombreux footballeurs, lui a ouvert ses portes. Un tournant dans sa jeune carrière. Depuis son départ chez les Merlus, l’avant-centre international peine à retrouver son rythme de croisière. Avec seulement 8 buts inscrits en 35 matches toutes compétitions confondues, il a été prêté à Angers en début de saison jusqu’à la fin de l’exercice en cours.
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Depuis son arrivée au SCO, il totalise 11 matches pour 2 buts et une passe décisive en Ligue 1. Une petite bouffée d’air pour un joueur qui donne l’impression d’avoir raté le train à un moment décisif pour changer de dimension. « Son transfert raté il y a deux ans pourrait être à l’origine de ses problèmes », confie son ancien entraîneur à Diambars, Seydina Issa Aïdara, qui le décrit comme « un garçon émotif ». « L’échec peut avoir des conséquences néfastes sur votre esprit. Cela peut être l’un des facteurs de sa mauvaise forme. S’il était parti en Angleterre à ce moment-là, il aurait pu exploser car il était en pleine forme. Après, il y a eu le drame de son départ de l’OM. (…) Ses choix ne l’ont pas aidé. »
Responsable de formation à Diambars, le technicien tente d’expliquer les raisons qui ont pu pousser l’attaquant de 24 ans à rejoindre Lorient : « Chacun a ses objectifs personnels. Mais pour lui, la Ligue 1 avait bien plus de visibilité que la Ligue 2. Il était déjà en équipe nationale, donc il ne voulait pas perdre cette place. Il avait très envie de se retrouver à nouveau devant les affiches. Et donc, pour lui, seule la Ligue 1 pouvait lui offrir ce plateau. Malheureusement, il n’a pas vraiment obtenu tout ce qu’il espérait. On pourrait dire qu’il a fait un mauvais choix, mais étant donné la situation dans laquelle il se trouvait, c’était le meilleur choix. »
En plus de cette mauvaise passe, le champion d’Afrique a aussi connu des blessures qui l’ont alourdi “un peu” et “beaucoup de choses négatives qui l’ont affecté”, assure Aïdara. « Il y a eu sa non-sélection en équipe nationale, la descente (Ligue 2), le changement de club. Il ne joue pas en tant que titulaire avec son nouveau club et ne marque pas de but lors de son entrée en jeu. Après, il perd confiance. Le connaissant, il y a beaucoup de choses négatives qui l’ont affecté au cours des deux dernières années et qui font qu’aujourd’hui il n’est pas encore au meilleur de sa forme. Bamba est ce genre de joueur qui, lorsqu’il n’est pas épanoui, ne peut pas bien performer. »
« Il n’a pas su rebondir depuis son départ de l’OM »
Un « malaise » est peut-être l’explication des performances en baisse de l’ancien Marseillais qui « n’a pas su rebondir depuis son départ de l’OM », explique Khalifa Mohamed Traoré, préparateur mental sportif. « Par rapport aux situations qu’il a vécues ces dernières années, il faut prendre le temps de digérer, mais pas trop longtemps car c’est du sport de haut niveau. »
Selon le spécialiste, les difficultés de transfert ne devraient pas « durer plus d’un an ». « Parce que plus ça durera, plus ce sera difficile pour le joueur de revenir car il va vivre sa souffrance. (…) Au lieu d’utiliser beaucoup d’énergie pour sortir d’un traumatisme, ce sera une série de traumatismes successifs avec des épisodes dépressifs et souvent sans traitement. Il est dans sa bulle et essaie d’en sortir lui-même lorsqu’il a besoin d’aide. Dans de nombreux cas, cette aide n’existe pas, car nous disons seulement que le joueur ne va pas bien. (…) Et plus le temps passe, le joueur s’enfonce plus profondément et les blessures physiques vont se succéder à cause de son mal-être”, explique Khalifa Mohamed Traoré.
« Chaque fois qu’il veut se relever, il rechute. À un moment donné, outre sa confiance personnelle, sa confiance dans son identité sportive sera mise à mal. Il ne se reconnaît plus. Il peut poursuivre sa carrière, mais avec des difficultés croissantes. Il va perdre ses repères et n’a plus l’énergie pour redevenir le joueur qu’il était car le mal est très profond. Il lui faut beaucoup d’efforts pour revenir et souvent il n’y parvient pas. »
Décrivant le sport de haut niveau comme « une mare à caïmans où rien n’est pardonné, avec un jeu d’un intérêt très farouche où la carrière d’un joueur est parfois piétinée », il estime qu’il faut être « très fort mentalement pour y faire face ». A titre de comparaison, le préparateur mental évoque le cas de Kylian Mbappé en Espagne. “Dès qu’il a commencé à avoir des difficultés, nous avons réalisé que le Real Madrid, en tant qu’institution, le protégeait et que tout son clan était là. Le joueur était tout le temps en réaction et ne s’est pas laissé submerger par les choses. Maintenant, il a l’air un peu mieux. (Dans ce genre de situation), il ne faut pas souffrir. Dans le cas de Bamba, il a trop souffert. » Pour marcher sur les traces de l’attaquant merengue, l’ancien joueur de Diambars connaît donc le chemin à parcourir pour sortir la tête de l’eau et retrouver son élan.