Entre souveraineté et enjeux d’attractivité touristique

Entre souveraineté et enjeux d’attractivité touristique
Entre souveraineté et enjeux d’attractivité touristique

« Après avoir écouté attentivement la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre, je tiens à saluer la vision et la détermination qu’elle incarne pour inscrire le Sénégal sur une trajectoire de développement ambitieuse et prometteuse. Bon nombre des points soulevés reflètent un engagement clair en faveur d’un avenir meilleur pour notre pays. Ceci dit, permettez-moi, Monsieur le Premier Ministre, ainsi qu’à tous les membres de votre gouvernement, de partager une réflexion critique sur la question du rétablissement de la réciprocité des visas.

Lors de sa mise en œuvre sous l’égide de notre illustre Ministre de la Culture, M. Youssou Ndour, cette mesure a montré plusieurs limites :

Les frais élevés et les formalités administratives ont dissuadé de nombreux visiteurs, notamment européens, impactant négativement le secteur touristique, essentiel à notre économie.

L’infrastructure logistique n’était pas suffisamment robuste, ce qui entraînait des retards et de la frustration parmi les voyageurs potentiels. Cette politique a été perçue comme un frein à l’hospitalité légendaire de notre pays, valeur centrale de notre identité culturelle. Ces défis ont conduit à un abandon rapide de la mesure, illustrant ses conséquences négatives sur l’attractivité du Sénégal. Avant toute réintroduction, il est impératif de tirer les leçons de cette expérience pour concilier souveraineté nationale et dynamisme touristique.

Impacts économiques potentiels de la réciprocité des visas

Les formalités administratives et les coûts pourraient dissuader les visiteurs des pays soumis à ces exigences, conduisant à :

Une baisse du taux d’occupation des hôtels, notamment dans les zones balnéaires comme Saly et Cap Skirring, ou les centres culturels comme Saint-Louis et Gorée.

Une baisse des revenus des restaurants, notamment ceux destinés à une clientèle internationale.

Le tourisme, source majeure de devises, serait affecté, mettant en péril la rentabilité des hôtels et des complexes touristiques. Les emplois dans les secteurs connexes (hôtellerie, restauration, guides, transports) pourraient diminuer, aggravant le chômage. Les petites entreprises et artisans, dépendants des taxes touristiques, subiraient également des pertes.

Impact sur les investissements et la compétitivité

Un climat touristique perçu comme moins accueillant pourrait dissuader les investisseurs étrangers, ralentissant ainsi le développement de nouveaux projets touristiques.

Le Sénégal risque de perdre de son attractivité face à des concurrents régionaux comme le Cap-Vert ou la Gambie, qui proposent des conditions d’entrée simplifiées.

L’agriculture, qui approvisionne la restauration, et les transports (guides touristiques, taxis), subirait une réduction de la demande, entraînant une perte de revenus pour les acteurs locaux et un affaiblissement de l’économie rurale et urbaine.

Propositions pour minimiser les impacts négatifs

Simplification des procédures de visa : Mise en place d’un visa électronique (e-visa) pour faciliter et accélérer le processus.

Accords bilatéraux spécifiques : Identification de partenariats stratégiques pour exempter certains pays ou simplifier leurs procédures.

Promotion et attractivité : Campagnes de communication pour renforcer l’image accueillante du Sénégal tout en valorisant les nouvelles politiques.

La réciprocité des visas peut répondre aux exigences de souveraineté, mais sa mise en œuvre doit être envisagée pour préserver la vitalité économique et le rôle stratégique du tourisme dans le développement national. »

M. Cheikh SENE,
Économiste
E-mail : [email protected]

 
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