En Charente-Maritime, les sécheresses à répétition poussent le syndicat départemental de l’eau à repenser sa stratégie. S’appuyant sur une étude prospective indiquant un déficit hydrique à partir de 2035, Eau 17 cible notamment la surconsommation en période estivale et propose d’augmenter les tarifs en été. Une solution qui divise.
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Chaque année depuis quelque temps, les sécheresses estivales reviennent de plus en plus sévèrement. Face à cela, le syndicat de l’eau de Charente-Maritime, Eau 17, mène une « étude prospective pour analyser les besoins en eau et les ressources disponibles à l’horizon 2050 ». Ses premières conclusions viennent d’être rendues : si un certain équilibre est prévu jusqu’en 2035, le département serait en déficit jusqu’en 2050.
Avec le changement climatique entraînant un étalement de la saison touristique ainsi que de fortes canicules, la surconsommation se produit principalement pendant la période estivale. Afin d’inciter les touristes et la population à limiter leur consommation en été, Eau 17 envisage d’augmenter le prix de l’eau pendant cette période, comme le révèle Sud-Ouest. Une proposition à l’étude qui divise élus et habitants du littoral.
Sur le front de mer, à Royan, les réactions à cette éventuelle hausse des prix varient. “Je pense que c’est une approche intelligente qui met effectivement en avant la responsabilité des gens et la surconsommation, qu’il s’agisse d’eau ou d’électricité.», estime un habitant de Royan. “Est je pense honnêtement qu’il y a d’autres domaines à explorer avant de toujours taxer le consommateurréagit un habitant. Vous pouvez réduire votre consommation par des actions quotidiennes. C’est une éducation qui devrait être importante. Mais une taxe supplémentaire, je ne suis pas forcément d’accord.“
Il faut avant tout réduire la consommation d’eau.
François Richaud, mayor of Saint-Georges-de-Didonne
Le surcoût estival pourrait notamment être absorbé par le tourisme et un surcoût d’une centaine d’euros par an, pour une résidence secondaire. Pour le maire de Saint-Georges-de-Didonne, François Richaud, cette proposition arrive au mauvais moment. “Cela tombe mal puisque nous avons dû augmenter la taxe d’habitation pour les résidences secondaires. Pour nous, c’est une manière d’augmenter la proportion de résidences principales. C’est un peu gênant d’avoir en même temps une augmentation d’eau qui va s’ajouter», regrette l’édile.
“Je suis pour l’égalité des consommateurs. Il y a un prix pour l’eau, il est le même pour tout le monde, qu’ils soient résidents à l’année ou vacanciers.» préconise cet habitant. On sait déjà que l’eau est une denrée rare et qu’il faut y prêter attention, mais je ne suis pas sûr que cela réduise significativement la consommation. Il existe déjà d’autres moyens de récupérer de l’argent avec la taxe de séjour qui est prévue à cet effet.« Derrière cela, il y a aussi la crainte d’un déclin du tourisme.
On a attendu que la facture d’électricité soit plus chère pour faire des économies, pour l’eau, c’est pareil.
Patrice Brouhard, maire de Gua
Mais pas pour tout le monde. “Les vacanciers doivent payer leurs vacances, ils ne sont pas d’ici, donc ils doivent payer la régiondit un habitant. Je n’ai pas peur que cela ralentisse le tourisme.» Si lui aussi ne craint pas une baisse de la fréquentation estivale, en raison de la différence de pouvoir d’achat entre vacanciers et locaux, François Richaud, le maire de Saint-Georges-de-Didonne, préfère envisager d’autres solutions.Il faut avant tout réduire la consommation d’eau.assure-t-il. Par exemple, depuis l’année dernière, la mairie récupère l’eau de pluie sur ses toits et maintenant, on arrose ainsi les plantations municipales.“
Une position que ne soutient pas le maire de Gua, Patrice Brouhard. L’élu pense qu’il faut toucher au porte-monnaie pour réellement sensibiliser la population. “On a attendu que la facture d’électricité soit plus chère pour faire des économies, pour l’eau, c’est pareil. Parfois, l’enseignement ne suffit pas. Chaque année, nous sommes de plus en plus touchés par la sécheresse. Il faut vraiment réagir, parce qu’on va être en pénurie», prévient le maire. Il prend l’exemple de la consommation d’eau liée aux piscines ou au lavage des voitures. “L’eau n’est malheureusement pas assez chère, car du coup, on fait tout et n’importe quoi avec.», regrette-t-il.
François Richaud expects more justification from Eau 17. “Il faudrait que le syndicat de l’eau nous montre que ses coûts de purification de l’eau ont réellement augmenté et que c’est important. Sinon, je ne vois pas vraiment de raison d’augmenter l’eau.», estime le maire de Saint-Georges-de-Didonne.
Contacté, le syndicat de l’eau de Charente-Maritime n’a pas souhaité répondre aux questions de France 3. Mais dans les colonnes de Sud-Ouest, son président, Christophe Sueur, souligne la nécessité d’établir des plans de préservation de l’eau pour les années à venir. « Ce scénario n’est qu’un parmi tant d’autresil se souvient. Nous ne décidons pas seuls dans notre région, mais nous impliquons les communautés dans le processus.
Le syndicat Eau 17 organise des consultations locales avant de prendre une décision le 4 avril.