Des retards importants dans le traitement de son dossier ont permis à un agresseur de négocier une peine plus clémente vendredi au palais de justice d’Amos. Coupable d’accusations sexuelles contre deux adolescents, Valdorien Jean-François Leduc, 44 ans, a été condamné à deux ans moins un jour de prison
Les actes reprochés à Jean-François Leduc ont eu lieu entre 2010 et 2017 à Matagami. L’une des victimes a subi des abus répétés entre 12 et 18 ans. L’agresseur était un proche de sa famille qui lui avait fait confiance. Il a joué un rôle d’autorité auprès de la victime lorsqu’elle est allée vivre avec lui pendant deux ans.
L’adolescent a porté plainte contre Leduc en 2019, mais celui-ci s’est suicidé en 2020. Sa mère a repris son combat devant les tribunaux et a livré un témoignage déchirant devant la juge Marie-Chantal Brassard de la Cour du Québec, vendredi.
Jean-François Leduc. (Photo d’archives)
Photo: Courtesy – Sûreté du Québec
Cinq ans, Madame la Juge, c’est long, c’est très long. Pendant cinq ans, nous avons mis notre vie entre parenthèses. Nous avons passé cinq ans à retenir notre souffle, à travers toutes les procédures judiciaires, toujours dans la crainte que l’agresseur ne s’en tire.
dit-elle.
La mère a également confronté Leduc, qui ne l’a jamais regardée tout au long de son témoignage.
De longs retards
La peine imposée à Jean-François Leduc fait l’objet d’une proposition conjointe des deux parties. Le délinquant qui a comparu pour la première fois en janvier 2023 a pu déposer une demande de suspension de la procédure pour des délais déraisonnables, ce que le ministère public voulait à tout prix éviter.
Ouvrir en mode plein écran
Me Andrée-Anne Gagnon, procureure du Directeur des poursuites criminelles et pénales. (Photo d’archives)
Photo : - / Gabriel Poirier
Pour diverses raisons, cette affaire n’a pas pu être jugée dans les délais raisonnables fixés par l’arrêt Jordan de la Cour suprême. Dans ces circonstances, plutôt que de nous retrouver face à un arrêt des procédures, nous avons préféré réussir à obtenir une certaine forme de sentence pour que monsieur reconnaisse une partie des torts qu’il a fait, qu’il reconnaisse sa culpabilité et qu’il soit condamné.
explique Me Andrée-Anne Gagnon, procureure aux poursuites criminelles et pénales.
En défense, Me Anne-Frédérique Girard a expliqué au tribunal que malgré la situation litigieuse en matière de délais raisonnables, Jean-François Leduc souhaitait régler ce dossier. Selon elle, il regrette ses actes et a honte de les avoir posés. Il a déclaré qu’il était prêt à rechercher toute l’aide possible pendant sa détention et sa probation surveillée de trois ans.
Une peine clémente
Après avoir délibéré un moment, la juge Marie-Chantal Brassard a finalement accepté la suggestion commune, même si selon elle, il s’agissait avec une phrase clémente
.
Lorsqu’il y a des suggestions communes, le critère que je dois appliquer n’est pas celui que j’aurais imposé, mais plutôt celui de savoir si la peine qui m’est proposée est susceptible de déconsidérer l’administration de la justice. justice ou si cela est contraire à l’intérêt public. Si l’on répond par la négative à ces deux questions, je dois suivre la recommandation commune
se souvient-elle.
Elle a reconnu que d’éventuelles violations des droits de l’accusé auraient pu entraîner un arrêt des procédures, ce qui réduirait sa peine.
Ce qu’on me dit, c’est que je dois considérer ces violations, et ignorer que normalement, si je devais imposer une peine, à la lumière des délits que vous avez commis, cela aurait clairement été une peine de plusieurs années de pénitencier.
a insisté Marie-Chantal Brassard.
En plus de sa peine d’emprisonnement, Jean-François Leduc sera inscrit à perpétuité au Registre national des délinquants sexuels. Plusieurs arrêtés ont également été émis pour limiter les contacts avec les personnes de moins de 16 ans.
Défauts du système
Pour Josée Bélisle, coordonnatrice administrative du CALACS-Abitibi, cette réduction de peine démontre les failles du système judiciaire.
Ouvrir en mode plein écran
Josée Bélisle from CALACS-Abitibi. (Archive photo)
Photo : - / Gabriel Poirier
Cela démontre une fois de plus à quel point le système judiciaire va mal. Nous convenons qu’une peine de 2 ans moins un jour ne représente pas du tout la gravité des actes qui ont été commis. Nous comprenons les circonstances. Malheureusement, il va passer à l’action. Il faut que quelqu’un prenne note de ce qui se passe.
says Ms. Bélisle.
Elle rappelle que ses défauts se font souvent au détriment des victimes d’agressions sexuelles.
Il y a plusieurs jugements Jordan, mais il y a aussi beaucoup de négociations pour un plaidoyer de culpabilité. Cela ne profite jamais aux victimes. Et dans cette affaire, je pense que nous avons manqué à notre devoir de restaurer la confiance des victimes dans le système judiciaire.
elle laisse tomber.