La commission d’enquête parlementaire (CEP) a rendu son verdict sur le cas du Credit Suisse ce vendredi à Berne.Clé de voûte
La chute du Crédit Suisse en mars 2023 est le résultat de nombreuses années de mauvaise gestion, selon les conclusions de la commission d’enquête parlementaire (CEP) révélées vendredi. Si les autorités fédérales n’ont pas commis de faute directe, elles ont accumulé des défaillances à plusieurs niveaux, ce qui met en lumière des failles importantes dans la gestion de la crise.
20.12.2024, 13:0920.12.2024, 13:12
«Après des années de mauvaise gestion, il a suffi d’un seul élément déclencheur pour déstabiliser le Crédit Suisse», a déclaré Matthias Michel, sénateur (PLR/ZG).
Selon le CEP, la principale responsabilité incombe au conseil d’administration et à la direction de la banque, qui ont ignoré à plusieurs reprises les avertissements de la Finma, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers. Isabelle Chassot (Centre/FR), présidente de la commission, a rappelé que ces avertissements n’ont pas entraîné de changements significatifs.
Retards et hésitations du Conseil fédéral
Le rapport critique également le Conseil fédéral et le Parlement pour leur gestion trop lente des adaptations réglementaires nécessaires après 2015. Thomas Matter (UDC/ZH) souligne un relâchement dans la mise en œuvre des outils indispensables à la prévention des crises, notamment dans le cadre de la réglementation « trop gros pour échouer ». La création d’un mécanisme de garantie de liquidité, demandée en 2018 par la Finma et la Banque nationale suisse (BNS), n’a été initiée qu’en 2022, obligeant les autorités à agir dans l’urgence lorsque la crise a éclaté.
Malgré une surveillance accrue à partir de 2022, la Finma n’a pas pu empêcher la débâcle. La commission critique le fait qu’aucune sanction n’ait été prise contre la banque malgré les scandales successifs. Pire encore, les allègements réglementaires ont permis au Crédit Suisse de masquer ses faiblesses financières à partir de 2021.
« Le filtre réglementaire accordé masquait la situation financière réelle de la banque »
Thomas Matter (UDC/ZH)
Une gestion de crise efficace mais contrainte
La coordination entre les différentes autorités laisse également à désirer. Le Conseil fédéral ne recevait que des informations fragmentaires et souvent tardives, ce qui ralentissait sa réactivité. Le député Roger Nordmann (PS/VD) a souligné que l’ancien chef du Département fédéral des finances, Ueli Maurer, avait tardé à alerter le gouvernement par crainte de fuites, limitant ainsi la capacité d’anticipation.
Le CEP salue cependant le travail réalisé durant la phase critique de mars 2023. Les autorités, réunies en cellule de crise, ont réussi à éviter une crise financière mondiale en maintenant la solvabilité du Crédit Suisse jusqu’à son rachat par l’UBS. Cette solution, bien qu’imparfaite, a permis de préserver la stabilité du système financier. Le CEP prévient toutefois qu’il faut tirer les leçons de cet épisode pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. (mbr avec ats)
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