Une plainte a été déposée suite à une annonce faite en français par un contrôleur. Certains passagers lui reprochent de ne pas l’avoir fait en néerlandais.
C’est une annonce qui a mis le feu aux poudres. UN « bonjour » lancé par l’un d’eux dans un train circulant en Flandre lui a valu une plainte d’un voyageur néerlandophone mécontent de l’entendre parler français, un incident qui a déclenché le débat politique jeudi.
Alors qu’il accueille les voyageurs qui montent dans une voiture avec un signal sonore (et bilingue) « bonjour/bonjour »ce contrôleur francophone est corrigé par l’un d’entre eux. « Nous ne sommes pas encore à Bruxelles, il suffit d’utiliser le néerlandais !raconte ce néerlandophone. Révélé mercredi par deux médias, le dépôt de plainte a été confirmé jeudi à l’AFP par l’organisme en charge, la Commission permanente de contrôle linguistique (CPCL), chargée de contrôler l’usage des langues dans l’administration. .
L’incident a pris une tournure politique
Dans une Belgique divisée entre Wallons, au sud francophone, et Flamands, au nord néerlandophone – et où Bruxelles est la seule région bilingue – l’incident a pris une tournure politique et a fait irruption dans les débats jeudi après-midi à l’hémicycle. Interrogé par deux députés flamands, le ministre de la Mobilité, l’écologiste francophone Georges Gilkinet, a défendu le contrôleur, Ilyass Alba, et appelé à « dépoussiérer la législation du siècle dernier ».
« Les agents des trains font de leur mieux pour être au service des voyageurs, qu’ils soient usagers quotidiens ou touristes, Flamands en Wallonie, francophones en Flandre ou étrangers. Utiliser plusieurs langues pour dire bonjour ne me choque pas”a lancé le ministre, qui a autorité sur la SNCB, l’opérateur public des chemins de fer belges. Il a souligné que dans un petit pays comme la Belgique, les frontières régionales étaient constamment franchies par les trains.
La règle relative à l’utilisation du français et du néerlandais à bord des trains belges est complexe. En théorie, les contrôleurs – appelés préposés en Belgique – ne doivent utiliser les deux langues que sur le territoire bruxellois et dans les quelques communes dites. “installations”où l’administration est également bilingue. Ailleurs, ils doivent toujours s’exprimer dans la langue de la région où ils se trouvent.
“Nous avons besoin de respect pour les Néerlandais”
Côté flamand, le président du Parti chrétien-démocrate (CD&V) Sammy Mahdi est monté au créneau. «En tant que puissance publique, nous ne pouvons pas jeter par-dessus bord notre législation linguistique. Nous avons besoin de respect pour les Néerlandais”dit-il. Cela lui a valu l’ironie du ministre pour ce chef de parti engagé depuis six mois dans de difficiles négociations pour former le futur gouvernement. “Je suis surpris que certains considèrent que c’est la priorité du jour alors qu’eux aussi ont un gouvernement à former”» a taclé Georges Gilkinet. « Vous courez derrière vos collègues nationalistes !
De son côté, la SNCB considère que « c’est l’intérêt du voyageur qui doit primer ». “Il faut un peu plus de flexibilité dans l’application de la réglementation”a déclaré à l’AFP l’un des porte-parole de l’entreprise. « Se dire bonjour en plusieurs langues, c’est juste sympa, on ne peut que remercier nos guides pour ça »il a continué. La CPCL, ayant reçu la plainte, « demander à la SNCB des informations complémentaires sur son application des règles »» a déclaré l’un des avocats de la commission. Elle dispose d’un délai de 180 jours pour émettre un avis, qui n’est pas contraignant.