La justice en Moselle. Mauvais permis de conduire

La justice en Moselle. Mauvais permis de conduire
La justice en Moselle. Mauvais permis de conduire

C’est vraiment pas de chance pour Rachid ! L’accusé de l’affaire précédente n’imaginait pas cette montée de mauvais karma. Placés sous surveillance téléphonique dans le cadre de l’aide aux migrants, les enquêteurs ont également découvert un trafic de permis de conduire entre la Lorraine et Melun. Rachid y joue son rôle. Quand ça ne marche pas… L’essentiel est toujours cette foutue théorie des retombées : fournir quelques services un peu troubles pour de l’argent sonnant et trébuchant.

Quatre prévenus font face au tribunal, mais deux d’entre eux sont les chefs d’orchestre de ce ballet bien huilé. Rachid à Metz et Francine à Melun. C’est dans son kebab que notre homme recrute les candidats au permis de conduire. Un sésame que beaucoup ne parviennent pas à obtenir malgré leurs efforts et leur ténacité. Maudite barrière de la langue qui vous alourdit à chaque fois. Qu’à cela ne tienne, Rachid fait des miracles, ça marche avec lui. En tout cas pour le code, il envoie ses clients dans une auto-école de Metz, toujours la même, et les plus chanceux arrivent presque toujours à leurs fins. «Je n’étais qu’un intermédiaire», se défend-il d’emblée.

« Pour l’argent facile, l’appât du gain. Je pourrais acheter des croquettes pour le chien”

L’astuce, c’est le président Gautier Archambaud qui en parle le mieux. « Comment une personne étrangère peut-elle obtenir un code sans parler français et sans le réussir ? Quelqu’un d’autre le passe à sa place », explique-t-il. Une marionnette sosie fera l’affaire. Et cela coûtera au candidat 2 000, 3 000, 3 500 euros, voire plus, les sommes flottent au gré du vent, Rachid remet les attestations de code, pas vues, pas prises. L’écoute est bouleversante et ça sent le roussi pour Rachid qui affirme son personnage de mamaillou. Il a beau expliquer qu’il a des dépenses, qu’en réalité il ne gagne que 200, 300 euros, ou rien, le mal est fait.

A côté de lui, Francine ne fait pas grand chose non plus. A Melun, c’est elle qui s’occupe des permis quand le candidat ne peut pas en obtenir à Metz. A l’époque, elle était directrice d’auto-école. « Comment se fait-il que des gens qui échouent cinq ou six fois à Metz réussissent d’un coup à Melun ? », s’étonne le président. «Je les entraînais une heure ou deux auparavant. A Melun, le parcours est assez facile », répond Francine. Elle recevra à chaque fois 1 000 euros, évidemment non déclarés. Par ces --là, ça fait peur… Elle nie farouchement toute corruption de la part d’un inspecteur. Qu’est-ce qui l’arrêtait ? «Mon honnêteté, ici. » Il nous reste deux tours de flan. Et pourquoi se livrer à ce petit jeu frauduleux ? « L’argent facile, l’attrait du profit. Je pourrais acheter des croquettes pour le chien », répond le sexagénaire avec une assurance à couper le souffle.

Il n’en reste pas moins que les quatre prévenus sont présentés pour escroquerie en bande organisée. Et là, ça coince avec les avocats. « C’est un réseau communautaire et rien d’autre », corrige M. Zouaoui, quand son collègue M. Duchet dit : « Regardez-les, ces gens-là ont les pieds nickelés. Ils sont trop bêtes pour créer un réseau, une bande organisée», affirme-t-il. En voici un qui ne mâche pas ses mots.

Délibéré le 14 janvier 2025.

 
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