Ottawa a très vite freiné l’immigration en dévoilant les détails de son projet de renforcement de la surveillance à la frontière canado-américaine, qui multiplie les refus « injustifiés » d’immigrants, selon un avocat.
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Que ce soit pour satisfaire les revendications de certains citoyens canadiens ou pour réagir aux menaces de Donald Trump, Ottawa a fait un « 180 degrés » en matière d’immigration et cela va certainement changer les choses sur le terrain.
«Ces dernières années, l’immigration au Canada était le buffet», explique M.e Maxime Lapointe en entrevue au bulletin de midi, mercredi. Et depuis six mois, nous sommes sur le frein. Nous sommes en mode rétrograde. Et maintenant, le Canada joue le rôle du méchant en matière d’immigration.
Photo Agence QMI, Joël Lemay
L’avocat estime également que ces nouvelles mesures en matière d’immigration ressemblent « étrangement » à celles du Québec.
« Les politiques québécoises, au cours des dernières années, nous ont donné, au niveau réglementaire, le pouvoir de suspendre la réception des demandes. Et il semble que, finalement, le Canada commence à s’en inspirer. Je suis assez surpris par tout ça», a-t-il réagi.
Des refus « injustifiés »
Plusieurs avocats spécialisés en droit de l’immigration ont constaté un nombre plus élevé de refus injustifiés ces dernières semaines. Me Lapointe en a effectivement eu trois cette semaine.
« Nous voulons attaquer, nous voulons […] mieux communiquer avec les États-Unis sur la drogue. C’est une chose, a-t-il mentionné. Mais pour l’immigration, il deviendra plus compliqué pour les gens, ne serait-ce que de se présenter à la frontière canadienne pour activer un permis de travail.»
Il faut au moins 170 jours à Immigration Canada pour prolonger un permis de travail à partir d’une demande en ligne, selon lui.
“Et là, on a des refus en 40 jours disant, il te manque un document, donc on te refuse”, a-t-il ajouté.
Me Lapointe déplore une injustice en comparant une autre situation. Par exemple, pour un permis de pêche, si la demande est incomplète, le gouvernement l’indiquera à la personne en lui donnant 30 jours pour fournir le document manquant.
« Là, ce qu’on dit aux immigrants étrangers, c’est que vous n’avez plus le droit de travailler depuis hier, on vous demande de quitter le Canada avec votre famille. Vous n’avez donc plus le droit de nourrir votre famille et de travailler. On ne ferait jamais ça à un Canadien», a-t-il dénoncé.
Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, veut réduire le nombre de permis de travail attribués à la frontière et selon Me Lapointe, cela rendra les demandes en ligne encore plus longues.
MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
« Nous voulons attaquer, nous voulons […] mieux communiquer avec les États-Unis sur la drogue. C’est une chose, dit-il. Mais pour l’immigration, il deviendra plus compliqué pour les gens, ne serait-ce que de se présenter à la frontière canadienne pour activer un permis de travail.»
L’avocat reconnaît néanmoins que le gouvernement a écouté ses citoyens, dont beaucoup réclamaient une baisse des pourcentages d’immigration.
« Alors, la population a demandé de baisser les volumes. Le gouvernement fédéral a écouté. Et pour Donald Trump, son […] attaque, le Canada a agi très rapidement. Et je pense que ce sera relativement satisfaisant pour les États-Unis », a-t-il déclaré.
Voir l’explication complète dans la première vidéo ci-dessus.