« Ce travail devient chaque jour plus éprouvant en raison des attaques verbales et physiques. » Dix jours après son altercation avec un jeune fraudeur, M., chauffeur de bus à Toulouse, confie les difficultés qu’il rencontre, comme nombre de ses collègues, au travail. Ce 19 décembre, pour avoir maltraité un mineur qui refusait de payer son titre de transport, ce chauffeur de bus toulousain a été convoqué par sa direction pour un entretien préalable en vue d’un éventuel conseil disciplinaire. Le possible licenciement du chauffeur de bus émeut de nombreux internautes. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse (SE), a apporté son soutien au chauffeur qui, selon l’édile, « autorisé un retour à la commande « . Et son adjoint à la sécurité d’ajouter : « La peur doit être du côté de ceux qui commettent des fraudes. » Un soutien qui exaspère l’opposition écologiste de la ville, qui accuse le maire de « souffler sur les braises ».
Insultes et violences
« Par Allah, je vais baiser ta mère pute ! » La scène, filmée par un passager du bus, a été vue plus de 7 millions de fois, sur des amis montant dans un bus et semblant refuser de payer leur ticket. Le chauffeur du bus les remarque et leur demande de sortir. Les jeunes fraudeurs refusent et dévisagent le chauffeur. Lui, exaspéré, finit par perdre patience et attrape l’un d’eux pour le faire sortir du bus. Le mineur résiste, tombe à terre et insulte à plusieurs reprises le chauffeur du bus. ” Va te faire foutre, mère pute ! », « Fils de pute » « Baise ta mère putain », dit-il en faisant mine de lui donner un coup de pied. La scène continue pendant un peu plus de trois minutes. Le jeune garçon multiplie les insultes envers le conducteur qui a regagné son poste de conduite.
Le jeune fraudeur en question n’en est pas à son coup d’essai. Avec nos collègues de France 3le service Voyageurs de la société de transport toulousain explique : « Ces jeunes sont des récidivistes. Ils ont l’habitude de ne pas payer leur ticket de transport et ont déjà insulté les chauffeurs. Une enquête interne est en cours. » Ce week-end, encore, les mêmes jeunes auraient recommencé la même chose. ” Un collègue a eu affaire à eux. Ils ne semblent pas avoir changé », rapportait ainsi M. à La dépêche. A l’inverse, le chauffeur de bus a un « parcours impeccable » Au début du mois, il a reçu la médaille d’argent du travail et les félicitations de sa direction après 25 ans de bons et loyaux services. Mais suite à cette altercation, ce chauffeur de bus qui « regret » pour s’être mis en colère a reçu une convocation de sa direction. C’est ” la procédure », assure-t-on du côté de la direction. ” Je ne pense pas que je serai expulsé. Je suis bien soutenu par mon syndicat », espère le chauffeur de bus.
Incivilités quotidiennes
Les syndicats mettent en garde contre une augmentation des incivilités, voire des violences, à l’encontre des chauffeurs de bus. ” C’était très loin [le 6 décembre dernier, NDLR]mais cela montre l’usure de nos chauffeurs. Depuis le Covid-19, les incivilités des utilisateurs à leur encontre sont quasi quotidiennes », rapporte le responsable SUD chez Tisséo, une entreprise de transports publics de la région toulousaine. ” Chaque jour, il y a des altercations. Insultes, crachats. Hier, un conducteur s’est fait cracher dessus par un mineur sur Linéo 6. » Un sentiment partagé par leurs collègues CGT qui s’indignent : « Nos chauffeurs n’en peuvent plus, cette violence quotidienne a changé depuis le Covid. On est parfois surpris qu’il n’y ait pas plus de drame. »
Cette affaire qui se termine sans drame n’est pas sans rappeler l’attentat mortel subi par Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, en juillet 2020. A l’époque, le quinquagénaire avait été roué de coups pour avoir voulu contrôler des parts de transport et voulait faire respecter le port d’un masque. Il est décédé des suites de ses blessures, laissant derrière lui une femme et trois filles.
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