En vingt-cinq ans de carrière, Joël Garrigou a à son actif plusieurs dizaines de longs métrages en tant que directeur de casting. En 2024, le Bordelais participe au casting de « Comme un œuf », de Camille Delamarre avec Kev Adams et Michaël Youn ou encore « Ollie » d’Antoine Besse, avec Théo Christine. Focus sur un métier méconnu du cinéma.
Comment as-tu commencé ?
J’ai été étudiante aux Beaux-Arts, j’ai toujours travaillé en images et avec des modèles que je « fondais » déjà de manière un peu sauvage pour mon travail artistique. Ce qui m’a plu dans ce travail, ce sont les rencontres et les échanges. J’ai commencé à l’époque avec France Télévisions, car il y avait un gros centre de production. Et puis, après l’arrêt de la production, je suis revenu aux productions privées, qui sont de plus en plus nombreuses à Bordeaux.
Que faut-il pour faire un bon directeur de casting ?
Aimer les gens, rencontrer des gens, être curieux de tout, ne pas avoir d’a priori sur les gens que l’on rencontre. Il faut laisser les autres arriver avec ce qu’ils apportent en termes d’énergie et ensuite vous voyez par rapport à ce qu’ils vous proposent, ce que vous pouvez en tirer par rapport au tournage en préparation.
“Les productions savent qu’en faisant appel à moi les recherches iront beaucoup plus vite”
Comment ça marche en pratique ? Devons-nous vous appeler ?
On m’appelle parce que j’ai un portfolio, un annuaire de profils d’acteurs à Bordeaux et dans la région. Les productions savent qu’en faisant appel à moi les recherches iront beaucoup plus vite : selon le rôle, j’aurai tout de suite des personnes en tête, des profils. Cela permet de gagner du - plutôt que de faire des lancers sauvages, ce qui est beaucoup plus coûteux et dangereux. Techniquement, je suis intermittent, donc employé à chaque fois. Et côté comédien, les gens me contactent lorsque je fais des castings sur différents réseaux sociaux. Facebook est le plus gros relais, suivi ensuite par Instagram et TikTok.
Combien de personnes avez-vous dans votre annuaire ?
Si je me réfère à mon annuaire téléphonique, j’ai plus de 6 000 contacts. En mélangeant les acteurs et les figurants. Depuis le Covid-19, ça a augmenté parce que vous avez beaucoup d’artistes qui se sont installés ici. Il y a quand même des acteurs que je découvre car ils ne savent pas encore qu’il y a un directeur de casting dans la région.
Un souvenir mémorable d’un casting ?
Les meilleurs moments sont ceux où l’on remarque immédiatement qu’un acteur va aller loin, car il y a un soutien commun de toute l’équipe. Comme Théo Christine. Il y a quelques années, j’ai travaillé avec lui sur une série intitulée « The Last Wave ». C’était un jeune acteur qui avait fait quelques petits tournages et je l’avais recommandé pour un des rôles principaux. Depuis, il incarne Joey Starr dans « Suprémes » d’Audrey Estrougo. Et récemment, j’ai travaillé avec Michael Allio et Michael Adam pour un tournage à Bordeaux et dans les Landes. Et sur ce film, j’ai « casté » un jeune acteur, qui pour l’instant n’est pas connu, mais qui va monter, c’est sûr.