paquebots au port de la Lune, entre enjeux économiques à plusieurs millions d’euros et préoccupations écologiques

paquebots au port de la Lune, entre enjeux économiques à plusieurs millions d’euros et préoccupations écologiques
paquebots au port de la Lune, entre enjeux économiques à plusieurs millions d’euros et préoccupations écologiques

On les voit arriver au son de leur sirène, passer au-dessus du tablier surélevé du pont Chaban-Delmas, accoster au creux du port de la Lune, cachant pendant deux jours la vue sur la place des Quinconces. Chaque année, revient la saison touristique, l’éternel débat sur les paquebots ancrés dans le centre-ville de la capitale girondine, les braises rallument à chaque manifestation ou déclaration. Comme celle de Pierre Hurmic, maire de la ville, annonçant, l’été dernier, un éventuel déplacement de ces arrêts en aval du pont levant.

Les quelque 60 000 personnes qui arrivent chaque année directement place des Quinconces peuvent sembler noyées dans la masse des quatre millions de touristes qui viennent visiter Bordeaux. Pourtant, pour de nombreuses associations et militants écologistes, ces véritables géants des mers relèvent plutôt d’un tourisme de masse d’une autre époque, à mille lieues des enjeux actuels de sobriété énergétique et environnementale.

« On nous dit que les bateaux qui viennent à Bordeaux sont des petits paquebots [le plus grand étant le “Spirit of Discovery”, long de 236 mètres et accueillant jusqu’à 1 000 passagers, NDLR]mais ils restent gigantesques. Je ne pense pas que nous accepterions de voir des centaines de camping-cars s’installer en centre-ville », déclare Daniel Delestré, président de Sepanso Gironde, une association de protection de l’environnement.

Image d’Épinal

Visites de la ville à pied ou en petit train, des dizaines d’autocars attendent tranquillement ces visiteurs sur les quais avant de se diriger vers les vignobles de Saint-Émilion… Pour ces touristes venus principalement des Etats-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays germanophones. personnes, tout est fait pour que Bordeaux conserve son image d’Epinal de capitale du vin et de la gastronomie.

« Il n’y a pas d’improvisation », affirmait en août dernier Christophe Tissinier, directeur général de Bordeaux Excellence, le premier « voyagiste » de la ville. « Nous ne démarchons personne à bord du navire. Nous sommes exclusivement en contact avec les compagnies de croisières qui leur proposent à l’avance plusieurs de nos excursions. [en supplément, NLDR]. Le but est bien sûr de voir les touristes dépenser leur argent dans les commerces locaux », précise-t-il.

Ainsi, selon la CCI Bordeaux-Gironde – qui s’est prononcée contre cette délocalisation – les retombées économiques des croisières pour les commerçants de la ville seraient « considérables ». « On a calculé récemment que chaque bateau de croisière accostant à Bordeaux génère en moyenne 330 000 euros de retombées économiques pour la ville. Multipliez cela par une soixantaine de bateaux [en réalité, entre quarante et cinquante par an, NDLR] et voyez ce que ça donne», expliquait Patrick Seguin, président de la CCI, à «Sud Ouest» en juillet 2024. Soit un chiffre d’affaires annuel de plus de dix millions d’euros.

Individuellement, selon Victor Piganiol, doctorant en géographie du tourisme et auteur de l’étude « Les escales des croisières maritimes à Bordeaux, entre répercussions et nuisances », le panier moyen de ces touristes – et ce, hors coût des excursions payantes facultatives – s’élève à 150 euros par jour à Bordeaux, bien plus que des villes étapes comme Le Havre (85 euros) et Marseille (44 euros). Les dépenses se sont principalement concentrées sur les produits phares de la ville : bouteilles de vin, restaurants gastronomiques, boutiques de luxe, etc.

Un impact environnemental ?

Paradoxalement, malgré la fumée grise qui s’échappe des cheminées des paquebots, l’impact écologique de ces monstres marins apparaît « faible ». Atmo Nouvelle-Aquitaine, à la demande de Bordeaux Métropole, a ainsi réalisé une campagne (février 2022-février 2023) de mesures de différents polluants émis par ces derniers lors de leurs escales dans le port (dioxyde de carbone, « carbone noir », oxyde de soufre). , oxyde d’azote, etc.). Selon l’observatoire, « globalement, l’impact des paquebots maritimes et fluviaux est faible sur la qualité de l’air dans les quartiers autour du port. Les émissions urbaines, notamment le trafic routier et le chauffage au bois, sont les principales sources de pollution auxquelles les populations sont exposées. »

Afin de réguler cette pollution de l’air, une charte environnementale du Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB) a également été signée par les compagnies de croisière ; ces derniers doivent s’engager à utiliser à quai du carburant émettant au maximum 0,1% de soufre. La prochaine grande évolution pour les paquebots maritimes à Bordeaux devrait être l’électrification des quais, actuellement disponibles pour les navettes fluviales. Il permet de fournir suffisamment d’énergie aux bateaux, sans que ceux-ci fassent tourner leur moteur thermique. Ce raccordement – ​​une opération de « plusieurs millions d’euros » selon Jean-Frédéric Laurent, président du GPMB – devrait intervenir avant 2030.

 
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