Jugée en comparution immédiate mardi après-midi, la bande a demandé du - pour préparer sa défense. L’audience a donc été reportée au 14 février 2025.
La salle d’audience du tribunal correctionnel de Nice est pleine à craquer en ce mardi après-midi. Dans le public, de nombreux policiers sont venus soutenir leurs collègues très blessés. Le teint pâle, Benjamin C. et Lucas S., la trentaine, prennent place sur le banc de la partie civile. Les visages de ces deux policiers des secours témoignent de la violence de l’agression qu’ils ont subie quatre jours plus tôt, à deux pas du palais de justice, dans une artère très fréquentée du Vieux-Nice. Des ampoules, des cicatrices, des ampoules… L’un d’eux, vêtu d’un costume noir et d’une chemise bleue boutonnée jusqu’en haut, montre deux doigts enroulés sous un bandage. L’autre, vêtu d’une chemise en jean, porte une minerve autour du cou. “Ils ont failli ne pas venir, ils étaient encore chez le psychologue ce matin. confie un collègue.
L’ironie – s’il y en a une – est que les cinq prévenus, jugés dans le cadre de la comparution immédiate, sont assis au milieu du public, à une seule rangée derrière les fonctionnaires. Ces derniers apparaissent libres malgré la nature des faits qui leur sont reprochés, violences aggravées par trois circonstances (en réunion, contre personne dépositaire de l’autorité publique et sous l’emprise de l’alcool). Appelés à la barre, ils s’approchent sans descendre de cheval. Dans la nuit du 12 au 13 décembre, vers 2 heures du matin, rue de la Préfecture, ces hommes âgés de 27 à 34 ans ont tabassé les deux policiers – alors en congé. Les coups étaient concentrés au niveau de la tête.
Un ambulancier parmi les prévenus
Le gang a été immédiatement arrêté par les agents de la BAC et immédiatement placé en garde à vue. Le lot comprend un livreur de Chronopost, un père au foyer en recherche d’emploi, un technicien fibre optique, un installateur de panneaux photovoltaïques ou encore un ambulancier. C’est également ce dernier, dont le casier judiciaire comporte huit mentions et qui s’est présenté à l’audience vêtu de ses vêtements de travail, qui est soupçonné d’avoir tiré une balle dans la tête de l’une des deux victimes alors qu’elle gisait inerte au sol.
Pourquoi une telle violence, un tel acharnement ? Dans quelles circonstances ? Les policiers ont-ils été lynchés après avoir décliné leur qualité, comme certains l’attestent ? Dans ce cas, s’agit-il d’une attaque « anti-flic » ? Pour les réponses, il faudra attendre. Les cinq prévenus ont à leur tour demandé du - pour préparer leur défense. L’audience a donc été reportée et la réunion fixée au 14 février 2025.
Ces gens sont prêts à tout dans un contexte d’alcoolisme
Le procureur de la République
D’ici là, trois d’entre eux ont été placés en détention provisoire, suite aux réquisitions du procureur de la République. Cette dernière a dit craindre une reconduction du délit compte tenu du profil « inquiétant » des prévenus concernés. «L’argument du bon père de famille ne doit pas rassurer le tribunal (trois sur cinq ont des enfants, NDLR). C’est la preuve que les pères sont capables d’une telle violence. Ce n’est pas quelque chose de rassurant. Ces gens sont prêts à tout dans un contexte d’alcoolisme », » déclara le magistrat. L’avocat de la police n’a pas manqué de soutenir à son tour : « Tout le monde a un problème avec l’autorité ! Quant à mes clients, au-delà du problème physique, il y a le problème psychologique. Ces policiers sont gravement meurtris et traumatisés. L’un d’eux a cru qu’il allait mourir.a-t-elle plaidé, appelant à la justice “envoyer un message” lutter contre « banalisation » violence.
La défense a évoqué pour sa part un “problème d’alcool des deux côtés”un « confusion généralisée ». “Il faut déterminer la responsabilité de chacun et non caractériser une rencontre”» a déclaré l’un des avocats des prévenus. Et un autre contre lequel s’offusquer « battage médiatique » autour d’une affaire « assez courant ». A l’issue de l’audience, la police n’a pas caché son soulagement face à la décision prise. “La justice vient d’envoyer un bon signal, on peut s’en contenter”a commenté Laurent Alcaraz, délégué départemental du syndicat Alliance Police dans les Alpes-Maritimes. Et son homologue d’Unity, Jean-Luc Bragato, de poursuivre : “On ne peut pas frapper des policiers sans en subir les conséquences, c’est ce que vient ici de nous confirmer la Justice.” Toute la question du prochain procès sera, enfin, déterminer si les victimes ont été lynchées ou non en leur qualité de policiers.