« Ce qui se passe à Helora est très courant dans les hôpitaux belgesassure Stéphan Mercier, directeur général du groupe CHU Helora, sollicité par Le Libre. La dernière étude Maha (sur l’état des finances des hôpitaux, NDLR) a montré que 2023 n’était pas meilleure que 2022, avec deux tiers des hôpitaux aujourd’hui en dessous du seuil financier.
L’absentéisme dans les hôpitaux atteint un niveau record et aggrave la pénurie de soignants
Les difficultés sont connues : si les revenus des hôpitaux augmentent, les coûts augmentent encore plus (énergie, alimentation, salaires, cybersécurité et informatique, nouvelles technologies…). “Quand on additionne tout cela, on a un cocktail qui ne nous permet pas de continuer ce que nous faisions avant, comme nous le faisions avant.
Une double restructuration
Le plan de restructuration comprend deux volets principaux. Le premier concerne la réorganisation des hôpitaux de Mons-Constantinople et Mons-Kennedy, distants de 700 mètres, pour laquelle « one peut plus maintenir des fonctions en double »décide le réalisateur. Les services seront donc fusionnés et localisés d’un côté ou de l’autre, en attendant la construction d’un nouveau site à Jemappes (commune de Mons), d’ici 2030.
De nombreux hôpitaux sont en construction partout en Wallonie et à Bruxelles : « Les anciens sites arrivent en même - en fin de vie »
Le deuxième volet concerne les autres établissements du groupe, dont les structures administratives n’atteignent pas le niveau d’efficacité souhaité. En d’autres termes : ils coûtent trop cher.
Dans les deux cas, des emplois devraient être perdus. Peut-être du personnel soignant à Mons, plutôt du personnel de soutien ailleurs.
Adapter l’emploi au financement
« C’est quelque chose de compliqué à comprendre dans notre secteur (qui souffre d’une pénurie de personnel soignant, NDLR), mais aujourd’hui on n’arrive plus à maintenir le volume d’emplois. Il va falloir le réduiresays Stéphan Mercier. Pour pouvoir garantir ce volume d’emplois, il faudrait que notre financement soit garanti, ce qui n’est plus le cas. Toutefois, les frais de personnel représentent 70% de nos dépenses. Nous sommes obligés d’adapter l’emploi à notre financement. Cela ne veut pas dire que les réductions se feront principalement par des licenciements, mais nous ne pouvons pas exclure qu’il y en ait quand nous aurons épuisé les possibilités de reclassement interne.»
Selon le directeur général, la réduction du volume d’emplois envisagée par Helora n’est pas exceptionnelle par rapport aux autres groupes hospitaliers. Ce qui est important, dit-il, c’est peut-être la rapidité avec laquelle cette réduction aura lieu.
Le groupe Helora doit consentir un effort financier de 30 millions d’euros, comparable à celui réalisé par le CHU UCL Namur ces deux dernières années. “Ces chiffres ne tombent pas du ciel. Ce n’est pas un hasard si deux grands complexes hospitaliers doivent chacun faire un effort de 30 millions d’euros.»
« Il faudra avoir le courage de sortir de l’hôpital pour des activités qui n’y ont pas leur place »
Inertie politique
Pour M. Mercier, «deux phrases résument les attentes de l’industrie“. “La première : que l’indexation soit appliquée complètement. La majorité de nos dépenses sont indexées, mais pas toutes. Par exemple, les honoraires médicaux auraient dû être indexés de 4 % au 1er janvier 2025. Pour les médecins spécialistes, ils seront indexés de 3,34 %. Cela n’a l’air de rien, mais pour les masses concernées, cela rapporte de l’argent.»
mouetteNous avons un cocktail qui ne nous permet pas de continuer ce que nous faisions avant, comme nous le faisions avant.
« La deuxième chose que nous demandons, c’est la prévisibilité, avoir une trajectoire stable sur trois, cinq ou dix ans pour savoir de quelle manière nous allons être mangés. Quand vous devez discuter avec les banquiers de la construction d’hôpitaux, dont le financement s’étalera sur 25 ans, et que votre horizon de prévisibilité est d’un an, il y a quelque chose qui ne marche plus dans le système.»
La réforme du secteur hospitalier et de son financement est à l’ordre du jour du gouvernement depuis des années. “Aujourd’hui, la seule décision qui est prise concerne la masse budgétaire” avec lesquels la direction doit composer. “Il est - de faire des compromis au niveau politique.»