Avec son bras armé, la SPL Pays de Grasse Développement, la Ville de Grasse (Alpes-Maritimes) pousse plus loin la revitalisation de son centre. Elle s’attaque cette fois à un ensemble d’immeubles construits entre les années 1960 et 1980, au sein de la ZAC Martelly. Après l’abandon en 2023 d’un nouveau projet de programme immobilier en commun accord avec le promoteur Bouygues Immobilier, le promoteur et la Ville ont pris un nouveau tournant. Plutôt que de démolir, ils ont choisi de restructurer le bâtiment existant et de l’adapter à de nouveaux usages avec l’aide du Wasteland Fund qui lui consacre 5,6 millions d’euros. « Ainsi, nous minimisons l’impact environnemental des chantiers et évitons de pénaliser le fonctionnement urbain d’un site très contraint, à la topographie complexe », explique Nicolas Tcherniatine, directeur général de la SPL.
Pour ce faire, l’aménageur et son urbaniste coordonnateur, Antoine Petitjean de l’Atelier Philippe Madec, ont divisé la ZAC en six îlots. Deux seront développés par la SPL avec une équipe de maîtrise d’œuvre composée des agences PNG et Aïno. Les architectes, choisis sur croquis, suite à un concours, s’attacheront à révéler les qualités intrinsèques du garage Rolland (1) et du parking Notre-Dame-des-Fleurs (2) (voir photo ci-dessus).
Bassin de rétention. La première sera transformée pour accueillir, au rez-de-chaussée, un bassin de rétention de 2 000 m3 destiné à gérer les eaux pluviales et le ruissellement dans cette zone à forte pente, mais aussi à réguler les crues dans la vallée. Un parking et des cellules commerciales livrées brutes occuperont les cinq niveaux supérieurs. « Nous ferons attention à ne pas toucher à la structure poteaux-poutres en béton. Dans le bâtiment, très charpenté, construit en pente, nous allons supprimer tous les remplissages. Nous créerons également des circulations verticales, sous forme d’escaliers et d’ascenseurs urbains, pour relier le bas et le haut de la ville », explique Maxime Kehayan, architecte chez Aïno. « Seront ajoutés des éléments grillagés métalliques et de grands vitrages colorés ouverts sur le paysage, qui caractériseront les nouveaux usages », poursuit Nicolas Debicki, architecte chez PNG.
Les architectes d’Aïno mettront en œuvre leur savoir-faire en matière de réemploi. Les éléments déconstruits serviront par exemple de granulats pour créer la structure mixte béton-bois des futures cellules commerciales prévues sur le toit du garage Rolland, ainsi que l’extension avant du parking Notre-Dame-des-Fleurs. qui accueillera les bureaux de la régie des transports. Des façades vitrées fermeront cette dernière, dont l’escalier à vis se veut un élément d’identité pour le quartier.
Un cinéma et un hôtel. Cet automne, le SPL a achevé la déconstruction d’un ensemble de bâtiments sur l’îlot Kalin (3), à l’extrémité nord du périmètre. Il est l’un des quatre attribués ce printemps par la SPL, après appel à promoteurs, à Eiffage Immobilier, Promofar et Primosud associés aux Ateliers Lorin Architectes et DP Architecture. Attenant à la place de la Buanderie (4) qui se prolongera sur le toit du parking Notre-Dame-des-Fleurs, l’îlot Kalin laissera place à un cinéma de trois à cinq salles. A proximité, la gare routière sera déplacée pour créer un espace public.
Autre enjeu de la revitalisation : donner plus d’espace aux piétons dans ce secteur en bordure du centre historique.
Les mêmes principes de valorisation et d’adaptation de l’existant prévalent. Ainsi, le bâtiment abritant actuellement un magasin Monoprix (5), où seront construits un hôtel Ibis 3 étoiles et une surface commerciale, sera démonté et creusé pour faire entrer la lumière naturelle via des patios. Juste à côté, la frange nord-est du parking Martelly (6), qui conservera sa capacité de stationnement de 330 places, sera transformée pour accueillir des entreprises et, dans l’augmentation sur deux niveaux, 40 logements.
Premières livraisons fin 2026. Les promoteurs, qui s’appuieront sur une société de projet, envisagent de déposer un permis de construire en mars 2025. De son côté, la SPL en a déjà déposé un pour l’agrandissement de la façade du parking Notre-Dame-des-parkings. Fleurs. Elle vise à livrer les premières opérations fin 2026 et à réaliser les derniers aménagements en 2029. Il lui reste à lancer la consultation de maîtrise d’ouvrage urbaine pour l’aménagement des espaces publics en vue d’une attribution en avril 2025.
Car l’autre enjeu de cette revitalisation : donner plus d’espace aux piétons dans ce secteur en bordure du centre historique. La collectivité pourra alors approfondir sa démarche écoquartier et le volet environnemental. Pour cela, il sera soutenu par le Cerema car la ZAC Martelly fait partie des 12 projets urbains sélectionnés suite à un appel à projets national sur les EcoProjets.
Informations techniques
Gestion de projet : SPL Pays de Grasse Développement, Eiffage Immobilier, Promofar, Primosud.
Gestion de projet : PNG, Aïno, Ateliers Lorin Architectes, DP Architecture.
Surfaces : 2,2 ha dont 1,6 ha correspondant à la superficie du projet urbain. Espaces publics réhabilités : 7 000 m2. Programme : 6 000 m2 de commerces, services et loisirs ; 4 000 m2 de logements ; 1 650 m2 pour le cinéma ; 185 m2 de bureaux et stocks ; 177 places de stationnement supplémentaires créées ; bassin de rétention de 2 000 m2.
Coût de l’opération : environ 80 millions d’euros, soutenus à parts égales par la SPL et les promoteurs.