Par
Franck Hermel
Publié le
11 décembre 2024 à 19h29
; mis à jour le 11 décembre 2024 à 19h33
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C’est une charmante maison individuelle comme il y en a tant en Vendée. Située à Talmont-Saint-Hilaire, à quelques kilomètres de la mer, elle a tout pour offrir confort et tranquillité.
Sauf qu’on a parfois l’impression le sol se déforme sous nos pieds.
La terrasse s’est effondrée environ quatre centimètres.
La fissure de cinq centimètres qui fissure le plafond de la chambre est spectaculaire.
Mais elle est loin d’être la seule. Beaucoup d’entre eux passent par la maison.
Un combat depuis 2017
En vérité, cette maison construite en 1994 est pour son propriétaire Paul Moyon, depuis 2017, l’objet d’une lutte acharnée. Parce que cette maison est, comme des milliers d’autres en France, marquée par fissures causées par la sécheresse. Ces maisons sont construites sur des sols argileux qui rétrécissent en période de sécheresse et gonflent au retour de l’humidité. Les maisons bougent et des fissures apparaissent. Les propriétaires sont le plus souvent démunis, car ils dépendent de la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, condition indispensable à toute indemnisation par l’assurance.
Mais le plus souvent, c’est une bataille difficile. L’exemple de Paul Moyon est particulièrement éloquent. Depuis l’apparition des fissures en 2017, il mène un combat qui est loin d’être terminé. La chronologie de son combat illustre bien la difficulté de la situation.
2017, les débuts de la lutte
« Les premières fissures sont apparues au cours du mois de juillet, dans la chambre. Nous nous étions interrogés, avec ma femme, décédée depuis”, raconte le propriétaire.
« Ensuite, des fissures sont apparues partout dans la maison. Les mois suivants, il y en avait dans la chambre, le salon, le pignon est… On s’est vite rendu compte que nous n’étions pas les seuls. »
Une réunion rassemble environ 80 personnes concernées. C’est ainsi qu’a été créée l’association des victimes de la sécheresse du bâti en Vendée (ASSPB85).
L’état de catastrophe naturelle est reconnu pour la commune de Talmont-Saint-Hilaire en octobre 2018. Le propriétaire, comme beaucoup, déclare immédiatement le sinistre à son assurance qui transmet le dossier au niveau national.
2019 à 2024 : le - des experts
Il faudra attendre mars 2019 pour qu’un premier expert arrive. « La rencontre s’est mal passée, regrette Paul Moyon.
« On sent que les experts cherchent la faille, l’élément qui permettra à l’assurance d’éviter toute indemnisation. »
Il faudra attendre juillet pour qu’un deuxième expert arrive. La crise du Covid retarde encore les choses et il faudra attendre juillet 2020 pour qu’une nouvelle réunion d’experts ait lieu. Sans progrès.
Paul Moyon utilise un expert juridique en 2021. Qui passe une première fois en juillet 2022, puis en décembre. Pour enfin remettre son rapport en avril 2023 ! La patience sera-t-elle récompensée ? L’assurance donne son accord pour les travaux de consolidation de la maison en juillet 2024.
« Le coût estimé des travaux, qui était de 70 000 euros en 2017, est néanmoins passé à 87 000 € entre-- ! »
Et le moment des travaux ?
Le bout du tunnel serait-il en vue ? Même pas.
« L’accord pour les travaux a été passé à une entreprise spécialisée qui travaille avec ma compagnie d’assurance. Elle m’a dit qu’elle était débordée et qu’elle ne pourrait pas intervenir avant le quatrième trimestre 2026 ! »
Et ce ne sera pas encore la fin du problème. Une fois le gros des travaux effectué, il faudra attendre pour vérifier que la maison ne bouge plus. En effet, Paul Moyon ne s’attend pas à une fin heureuse des événements avant 2027, dix ans après l’apparition des premières fissures. En attendant, « De nouvelles fissures apparaissent. La maison déménage. Pour preuve, parfois j’arrive à fermer mes placards, parfois non. »
Le propriétaire a rempli les fissures avec du silicone. Le ciment est catégoriquement exclu. Et il attend.
« Je ne peux absolument rien faire avec ma maison. En hiver, je ne peux pas dormir dans ma propre chambre. Il faut être fort. Heureusement, je ne suis pas seul. »
Paul Moyon pense notamment à ses enfants, ceux de sa défunte épouse, l’association. Et des merveilles. Combien de victimes de ces cracks ont abandonné ?
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