Par
Sébastien Lucot
Publié le
9 décembre 2024 à 7h04
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Huit. C’est le nombre de passages à niveau répertorié entre la gare et le port de Cherbourg (Manche). Autant de lieux que les piétons, cyclistes, automobilistes et autres usagers fréquentent au quotidien. Et autant d’endroits où les Cherbourgeois ont perdu l’habitude de voir circuler le trafic les trains depuis une vingtaine d’années et l’avènement du fret ferroviaire lié au transit de voitures neuves de la firme japonaise Toyota. « Cela va rappeler beaucoup de souvenirs », sourit Patrice Martin, adjoint au maire de Cherbourg-en-Cotentin chargé de la voirie.
En 2019, le Syndicat mixte des Ports de Normandie a lancé un appel à manifestation d’intérêt afin de désigner l’opérateur ferroviaire de la terminal multimodal sur le port de Cherbourg dont la construction a débuté à l’été 2023 et qui est en passe de s’achever.
Entre 10h45 et 11h30
Gagnant, la compagnie maritime Brittany Ferries a investi près de 40 millions d’euros dans ce projet – dont 19 millions d’aides d’État – pour créer un nouvelle ligne de ferroutage entre Cherbourg et Mouguerre, près de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). Pour rappel, l’objectif étant de retirer 25 000 remorques des routes françaisesreprésentant près de 10 % du trafic de fret de la compagnie maritime bretonne vers l’Angleterre et l’Irlande.
Au port de Cherbourg, Ports de Normandie a engagé 13 millions d’euros, notamment dans la création du terminal multimodal, 4 millions d’euros pour l’opérateur SPL Cherbourg Port.
En attendant le mise en service effective le 31 mars 2025 de cette ligne de chemin de fer reliant le Cotentin à l’Espagnedes tests sont nécessaires pour s’assurer du bon fonctionnement de la voie, récemment reclassée par SNCF Réseau entre le port et la gare, une section qui n’a pas été utilisée depuis 20 ans.
Mise en service prévue le 31 mars
Pour cela, mardi 10 décembre 2024un premier train test traversera la ville de Cherbourg pendant une trentaine de minutes. « Nous avons prévu 45 minutes, entre 10h45 et 11h30, en cas de problème », explique David Bonhomme, directeur de la maîtrise d’ouvrage Normandie à SNCF Réseau.
De quoi perturber facilement le trafic routierdéjà souvent critiqué. Pour éviter cela, des moyens importants (police, pompiers, sous-préfecture, une trentaine d’agents SNCF, etc.) vont tenter de tout mettre en œuvre pour sécuriser au maximum les passages à niveau de Cherbourg, qui verront un train de 550 mètres de long circuler à vue, c’est-à-dire à un vitesse inférieure à 5 km/h. « Cette faible vitesse est réservée à ce test. Lors de sa mise en service, il traversera la ville à 20 km/h, explique Jean Rampon, sous-préfet de Cherbourg. L’idée est d’avoir un impact le plus mesuré possible. »
Tous appellent leurs concitoyens à vigilance au moment de cet essai. Et rappelez-vous les bases du Code de la route : « Quand les feux rouges clignotent, vous vous arrêtez. Même si le train n’arrive que 30 secondes plus tard », insiste David Bonhomme, de SNCF Réseau. « Si malheureusement un véhicule est bloqué sur une voie, il faut accélérer et briser les barrières, pas l’abandonner. »
Retour à 14h30
Le train d’essai, venu tout droit d’Île-de-France, partira en début d’après-midi, vers 14h30. Il ne paralysera cependant pas la ville entière puisque seule la locomotive partira, sans ses wagons, sa longueur donc passant de 550 mètres à 25 mètres. Une certaine vigilance sera toutefois nécessaire car les passages à niveau ne seront plus surveillés par l’important dispositif déployé plus tôt dans la matinée.
Une autre campagne de tests en mars
Une autre campagne de testopéré par Brittany Ferries, aura lieu entre le 19 et le 25 mars 2025cette fois pour tester le système Lohr, de la société alsacienne éponyme, installé sur le port. Cet outil de mise à la terre pneumatique et hydraulique doit permettre d’orienter les remorques depuis les wagons et de les décharger. Pour rappel, 47 wagons ont été commandés par l’opérateur ferroviaire pour un montant de 22 millions d’euros.
Ces derniers, au nombre de 15 mardi, seront 18 à l’ouverture de la ligne, portant la longueur des trains à un peu plus de 600 mètres. « Au démarrage, il y aura trois allers-retours par semaine l’heure de la montée en puissance. Il faudra en attendre cinq, puis six, si le marché se porte bien », confie Philippe Norindr, chef de projet autoroute ferroviaire Cherbourg Mouguerre (AFCM) chez Brittany Ferries.
Chaque train partira le soir vers 19 heures de Cherbourg et Mouguerre pour arriver à destination le lendemain, vers 11 heures.
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