L’ancien patron d’une boucherie vendéenne soupçonné d’avoir détourné 280 000 €

Par

Lucille Akrich

Publié le

8 décembre 2024 à 6h20

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Cheveux plaqués en arrière, tête haute et ventre prononcé.

L’homme de 43 ans à la barre a la réponse à toutes les questions posées par le président, lundi 2 décembre 2024.

Le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon a jugé un ancien patron boucher, soupçonné d’avoir a détourné plus de 280 000 € des caisses de son entreprisepour son bénéfice personnel.

Les événements se sont déroulés entre janvier 2020 et juin 2023.

Le prévenu, qui est à la tête de ce magasin, dans une petite commune du sud Vendée, a proposé en 2016 à l’un de ses collègues de prendre la codirection de l’entreprise.

Il doit alors faire face à des problèmes personnels.

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Non qualifié, l’employé, qui travaille dans cette entreprise depuis 36 ans, accepte de s’associer, à condition de l’aider dans la gestion.

Je n’ai qu’un CAP commercial. En termes de gestion, je n’ai pas étudié. Il m’a assuré qu’il s’en occuperait.

Le gérant, partie civile, lors de l’audience

Un gestionnaire de paille ?

Mais elle se rend vite compte qu’elle n’est queun gestionnaire de paille.

Son associé, qui ne détient que 49 % des actions, garde le contrôle des finances et de toutes les décisions importantes.

Tous les fournisseurs le considèrent comme le manager.

Il contrôle également les moyens de paiement de l’entreprise – carte bancaire et chéquier.

Il encaissait à plusieurs reprises des chèques de clients, bien que tamponnés au nom de l’entreprise, sur son compte personnel. « Erreur bancaire ! » clame son avocat. L’intéressé justifie ces collectes en expliquant qu’il a rendu des services, en achetant une boîte de chocolats pour quelqu’un, en dépannant un plein d’essence pour quelqu’un d’autre, etc.

« Tous les contrôles sont justifiés, un à un ! » tonne l’ex-patron avec aplomb.

Il garde le contrôle des salaires

Il garder le contrôle des salaires et se versa de généreuses émoluments alors même que l’entreprise commençait à être en difficulté.

« J’ai renfloué les caisses avec mon argent personnel lorsque l’entreprise a commencé à aller mal, en 2020 », s’indigne l’intéressé.

«Mais vous continuez à vous verser des salaires», répond la présidente du tribunal, Emilie Rayneau.

Même si la cogérante, qui travaillait « 67 heures » par semaine, mendiait son maigre salaire de 1 200 euros, qui n’était même pas versé chaque mois.

« Les mois ont passé et je n’avais rien », raconte-t-elle à la barre. «J’avais peur de lui. »

Vers une liquidation judiciaire

Il lui est toujours reproché d’avoir acheté au nom de l’entreprise, un 4×4 qui servait davantage à ses parties de chasse régulièresque de transporter les carcasses de la boucherie.

Il a également acheté du fioul pour le compte de l’entreprise, l’a livré à son domicile et a fait réaliser des travaux dans un restaurant dont il était propriétaire, aux frais de l’entreprise.

A ce rythme-là, les caisses se vidaient et le petit commerce s’effondre, au point d’être mis en liquidation.

« Il savait que l’entreprise était en état de cessation de paiements et pourtant, il a continué à détourner de l’argent à son profit personnel », souligne le liquidateur judiciaire qui le poursuit en faillite.

L’avocat du gérant estime son préjudice moral et financier à 25 000 €, plus 8 000 € de facture EDF qui lui sont attribués « alors qu’elle n’a rien signé ».

Abus de biens sociaux et détournements de fonds

Pour le procureur, Fiametta Esposito, il ne fait aucun doute que M. était le gérant de facto de l’entreprise.

Elle croit le montant de l’abus de biens sociaux à 140 000 € auquel elle ajoute le délit de faillite et les repas de son groupe de chasseurs, payés par l’entreprise : un détournement estimé « entre 30 000 et 37 000 € ». Totale : 280 000 €.

« Ce sont les niveaux de malversations orchestrées par Monsieur ! » tempête le procureur, avant de demander deux ans de prison dont un an avec sursisla confiscation de ses biens immobiliers et l’interdiction de gérer une société pendant cinq ans.

Une « condamnation à mort civile » ?

« C’est la peine de mort civile pour mon client que nous demandons ! » s’offusque de l’avocat de la défense, qui déplore les réquisitions « extrêmement sévères ».

Le conseil s’efforce de justifier tous les encaissements de chèques contestés et réfute catégoriquement la gestion de fait de son client.

Pour lui, le gérant était « parfaitement informé de toutes les décisions » et M. entretenait un lien de subordination. Et d’exiger la libération de l’ex-manager. « Il a déjà investi beaucoup d’argent là-dedans. On se moque du monde ! C’est sa vie professionnelle que l’on veut détruire. C’est scandaleux ! »

Le cas était mise en délibéré le 27 janvier 2025.

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