Cette mission s’inscrit dans l’objectif principal de la délégation : veiller à ce que les droits des enfants soient pris en compte dans l’élaboration des politiques publiques. Cependant, les constats dressés sur place soulèvent des questions majeures quant à l’application de ces politiques sur le territoire d’outre-mer.
Les politiques nationales absentes sur le terrain
Selon Perrine Goulet, députée de la Nièvre et présidente de la délégation, certaines mesures votées à l’Assemblée nationale peinent à être mises en œuvre en Guyane. Elle cite en exemple : « Généralement, les petits déjeuners gratuits ou la cantine à un euro, cela fait partie d’un budget dans lequel je suis particulièrement impliqué en tant que commissaire aux Finances, et généralement cela n’arrive pas du tout ici. C’est l’une des choses que je vais approfondir dans les mois à venir, pour comprendre pourquoi personne ici ne connaît les petits-déjeuners gratuits et la cantine à un euro, alors que le petit-déjeuner gratuit est normalement destiné à l’étranger..
Ce manque de mise en œuvre s’étend à d’autres initiatives telles que la pauvreté menstruelle : « On pourrait parler de pauvreté menstruelle pour les jeunes filles : il y a une loi qui a été votée qui dit que les pharmacies doivent fournir des protections réutilisables pour les enfants, mais c’est pour les enfants qui ont la sécurité sociale, alors comment fait-on pour les autres ? « . Le parlementaire met en avant un problème récurrent : « On a l’impression que ça marche et que c’est bien, et quand on arrive, ça ne marche pas. Donc c’est intéressant aussi, et qui va nous permettre d’approfondir et de demander certaines choses aux différents ministères pour comprendre pourquoi ce dernier kilomètre n’est pas fait ».
Une situation alarmante pour les enfants
Le constat sur les droits des enfants en Guyane rejoint les conclusions d’un rapport de l’UNICEF publié l’année dernière : la situation est préoccupante sur plusieurs fronts. Perrine Goulet précise : « Vous avez encore des particularités dans ce département qui concernent par exemple la protection de l’enfance et l’aide sociale à l’enfance, les enfants placés sous protection, mais pas assez de place, les familles d’accueil qui accueillent entre 6 et 8 enfants, ce qui fait qu’on ne fait pas le même travail que quand la loi dit 3″. Elle met également en avant les freins à la scolarisation : “Des difficultés également concernant l’accès à l’école puisque nous avons pu nous rendre compte de l’éloignement de certains établissements avec des horaires de déplacements très longs pour les enfants.”
La situation particulière des lycéens, souvent contraints de quitter leur commune pour s’installer sur le littoral, représente une autre Source d’inquiétude : « Un coût de scolarité qui est important pour les enfants, même si la CTG apporte une aide financière importante à ces familles d’accueil, on voit bien qu’il y a un coût qui reste à la charge des parents, qu’il s’agisse de la cantine, du transport scolaire. , peut coûter plus de mille euros pour trois enfants, c’est impossible. Donc on a des décrocheurs qui ne sont pas bons ».
Une nécessaire sensibilisation des parlementaires français
Enfin, Perrine Goulet déplore le manque de sensibilisation des députés métropolitains aux réalités d’outre-mer : « Les deux premières années de la création de la délégation, nous avions trois collègues étrangers dans la délégation des droits de l’enfant. Cette année, je n’ai qu’un seul collègue à l’étranger, ce qui ne nous permet pas d’avancer sur un certain nombre de sujets.
Elle souligne la difficulté pour les élus en France de bien comprendre les enjeux locaux : « Nous, députés français, sommes peut-être moins conscients des enjeux extérieurs, surtout quand on voit tous les enjeux auxquels est confrontée la Guyane. Peut-être que pour nos collègues, les droits de l’enfant sont un sujet parmi d’autres, et c’est pourquoi je pense qu’il est également important que nous puissions envisager l’avenir avec ce que nous savons des droits. enfants, pour ensuite revoir nos collègues d’outre-mer et peut-être leur faire ressentir un certain nombre de points que nous avons vus pour attirer leur attention, pour tenter de faire avancer les droits des enfants en Guyane tout en tenant compte des cultures et aussi des difficultés de ce territoire ».
Ce déplacement met en lumière la nécessité d’un suivi renforcé pour que les politiques votées à l’Assemblée nationale trouvent un véritable écho en Guyane et répondent aux besoins spécifiques des enfants de ce territoire.
Damien Chaillot