Par
Nicolas Giorgi
Publié le
3 décembre 2024 à 18h18
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De chaque côté du pont Blaise-Pascal Beauvais (Oise), des croix funéraires rouges, faites de bric et de broc, sont là pour attirer l’attention des automobilistes de passage sur cet axe. Une manière de mieux comprendre l’ampleur du plan social qui s’annonce.
Ce mardi 3 décembre 2024, une cinquantaine de salariés du Constructeur américain de tracteurs ont exporté leur colère dans l’espace public, avec le soutien des syndicats Unsa, Force Ouvrière and CFE-CGC.
A l’image de ces silhouettes noires que l’on voit parfois au bord des routes dans les lieux où des accidents mortels se sont produits, chaque croix ou silhouette représentée sur ce pont financé par les pouvoirs publics matérialise l’un des 103 poteaux menacés par l’usine. AGCO Massey-Ferguson, qui représente environ 6 % effectifs.
« Tant de familles et d’humains en détresse derrière ces silhouettes »
Selon les syndicats, « neuf postes ont été supprimés au sein du PSE » depuis la semaine dernière.
Une goutte d’eau dans l’océan à l’échelle de ce mastodonte de 3 000 salariés, mais pour les syndicats, il n’y a pas de petites victoires : “Il y a tellement de familles et d’humains en détresse derrière ces silhouettes”.
Une réunion le 5 décembre entre la direction et les représentants du personnel
Ce collectif de salariés entendait à travers cette sortie faire pression sur leur direction, alors qu’une réunion de négociation sans doute décisive se tient ce jeudi 5 décembre.
« Initialement, ce plan social concernait 139 postes en France », rappelle une Source syndicale, qui précise que cette « suppression d’emplois » ne se limite pas au site de Beauvais du géant mondial du tracteur.
Au cours de l’année écoulée, plus de 70 prestataires de services avec lesquels nous travaillons depuis des années ont vu leur contrat se terminer brutalement. Sans compter tous les intérimaires qui ont été mis en fin de mission avec la baisse des cadences de production.
De son côté, la direction d’AGCO se dit « consciente de l’émotion légitime suscitée par l’annonce d’un projet de réorganisation » et indique poursuivre le dialogue avec les représentants du personnel.
Vers une convergence des luttes au niveau départemental ?
“D’après ce que nous comprenons, ils envisagent de transférer certaines gammes de tracteurs vers des pays à main d’œuvre bon marché”, estime ce délégué syndical de l’UNSA.
Le projet du siège est de disposer de plateformes communes entre tous ces sites. Cependant, nous sommes dans un flou total concernant cette réorganisation globale. Comment tous ces sites fonctionneront-ils et interagiront-ils les uns avec les autres ? Nous n’en savons rien.
Les barrières linguistiques associées à la distance géographique pourraient rendre la vie impossible à ces techniciens. « Si nous avons un problème sur une ligne de production en Inde ou au Brésil, comment allons-nous le résoudre ? On n’en sait rien», cite en exemple un salarié, qui fait le pont avec un autre plan social menaçant une usine de production de pointe dans l’Oise.
Celle de Forvia, à Méru. L’équipementier automobile envisage également de supprimer 20 % des effectifs de son département Recherche & Développement.
Les salariés des deux sites craignent les effets pervers de délocalisationterme qui désigne la délocalisation de tout ou partie de la production à l’étranger. Outre un recours massif à intelligence artificielle.
Une rencontre aura également lieu entre les salariés de ces deux sites à la Maison de l’Union demain à 18 heures. Le début d’une convergence des luttes fédérer plus largement dans l’Oise ?
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